Microbe et Gasoil : un voyage cinématographique plein de tendresse

C’est en cette saison chaleureuse que sort le dernier long-métrage du réalisateur Michel Gondry, Microbe et Gasoil. Connu avant tout pour son inventivité visuelle artisanale, le cinéaste, après avoir délivré un essor de trouvailles visuelles en pagaille avec L’Ecume des jours sorti en 2013, décide de tourner un film moins coûteux et formellement plus classique. Ayant lui-même écrit le scénario, Gondry se lance dans une production plus intimiste et plus risquée, en s’attaquant au road trip. Les deux personnages principaux se lançant dans cette expérience sont deux adolescents rêveurs et marginaux, Daniel et Théo surnommés « Microbe et Gasoil », qui veulent s’échapper de leur quotidien déplaisant. Tous les deux sont en quête de leur identité, l’un en posant des questions sur la vie, l’autre en jouant le rebelle. Et quoi de mieux pour découvrir l’immensité des mystères de la vie qu’en voyageant ensemble à bord de leur invention, une « maison avec des roues » ?

Sorti depuis le 8 juillet, Microbe et Gasoil est un film en apparence simple mais admirable pour la sincérité de son auteur. Directement influencé par ses souvenirs d’enfance, le réalisateur admirateur de trucages faits-mains livre avec ce long-métrage un portrait touchant de l’enfant en pleine crise existentielle. Microbe et Gasoil, ce sont deux adolescents prématurés qui gagnent leur indépendance en mettant à profit leur talent et en sortant pendant un temps d’un univers qui ne leur correspond pas. Leurs péripéties à la fois réalistes et fantasques se suivent avec plaisir notamment grâce aux performances remarquables des deux acteurs principaux. Ange Dargent et Théophile Baquet apportent au film leur énergie : à la fois enthousiastes et subtils, ces deux jeunes acteurs incarnent leurs personnages avec authenticité. C’est précisément leur connexion surprenante, capturée par la caméra de Michel Gondry, qui rend le long-métrage immédiatement attachant. La justesse psychologique des personnages, les principaux comme les secondaires, sert à merveille le propos du film. Là où Gondry mettait en scène des héros adultes à l’âme d’enfant, il met en scène ici l’aventure de véritables enfants exprimant librement leur créativité. Véritablement centré sur la relation entre Microbe, miroir adolescent du réalisateur, et Gasoil, imitation d’un des amis d’enfance du cinéaste, le long-métrage apparaît original et séduisant dans la mesure où ses moments réalistes et oniriques illustrent brillamment les émotions à fleur de peau du duo principal. Avec ce parti-pris intriguant, il en ressort un film très personnel, sensible et ingénieux, dans lequel deux adolescents imaginatifs et dissipés essaient de comprendre la réalité pour y glisser leur fantaisie.

Microbe et Gasoil est un voyage cinématographique à la fois poétique et dynamique, ce qui se fait rare dans le paysage cinématographique actuel. Le cinéaste nous invite à nous évader simplement dans une France remodelée par la vision de deux adolescents espiègles, artistes incompris dans leur monde. Porté par l’enthousiasme attachant de ses deux jeunes acteurs, le long-métrage tire son ingéniosité dans sa mise en image des états d’âme d’un duo d’enfants en quête de leur indépendance, tout en divertissant grâce à son ton léger et à sa forme simple et efficace. En s’inspirant de souvenirs d’enfance, Gondry réalise une jolie fable cinématographique douce-amère doublée d’un portrait autobiographique touchant. Tissant une toile poétique de l’adolescence, âge d’indignation rebelle mais aussi âge de créativité sans limite, Microbe et Gasoil s’inscrit à merveille dans la filmographie éclectique de Michel Gondry, un cinéma rendant grâce à l’imagination de chacun et encourageant noblement la capacité d’inventer. Microbe et Gasoil est cette lettre de noblesse qui est dédiée à l’adolescent vivant toujours en nous, nous invitant à prendre part de l’aventure insouciante de ces deux enfants talentueux et attachants.