Expositions

Journeys, la Turquie s’invite à l’Espace Vuitton

Régulièrement, l’Espace Vuitton pose ses valises dans un pays pour nous en faire découvrir sa scène artistique. Journeys s’attarde sur la Turquie.

Les artistes choisis ont tous pour point commun de ne pas afficher directement une revendication politique dans leur œuvre Leur lecture n’en est que plus fine. Le message est bel est bien présent en filigrane, charge au visiteur de le ressentir. Tour à tour, les artistes présents mettent en lumière des aspects méconnus de l’histoire turque. L’uniformisation culturelle sous le règne d’Atatürk en est un exemple frappant.

Quel que soit le medium, les artistes exposés à l’Espace Vuitton font référence à la Turquie. Parfois de manière fantastique. C’est en particulier le cas de Halil Alitindere qui place un astronaute tel un fier chevalier sur son destrier. Le paysage irréel de la Cappadoce (une des régions les plus touristiques de Turquie) ajoute à la singularité de la scène. Cette image, non retouchée, symbolise le tiraillement de la Turquie entre le futur et ses traditions.

Canan s’exprime quant à elle en vidéo. Elle aussi puise dans les traditions de la culture turque pour traiter d’un problème bien actuel : celui du droit des femmes. Sous une apparence de conte pour enfant, elle relate l’histoire d’une femme mariée de force, qui prend peu à peu sa liberté. Rattrapée par le poids des traditions, elle reproduit toutefois le même carcan avec ses enfants. Ou l’histoire d’un cercle vicieux malheureusement bien réel, qui semble perdurer avec l’islamisation de la Turquie…

L’installation de Hale Tenger compte parmi les plus spectaculaires de l’exposition. Dénommée Strange Fruit (en référence à la chanson de Billie Holliday à propos des violences vécues par les Afro-Américains), elle est aussi une des plus universelles puisqu’une des rares à ne pas être ancrée dans l’histoire turque. On y pénètre à travers un rideau de plumes pour un découvrir un globe terrestre recouvert de nuage. Soudain, un autre rideau de plumes s’ouvre comme pour dévoiler une scène, où un autre globe, sans nuage et la tête en bas, apparaît. Celui-ci est entouré d’une musique mystérieuse, qu’on imagine comme un accès à l’Eden, manière de signifier que le monde actuel (représenté par le premier globe) tourne à l’envers… Une autre preuve que les artistes turcs exposés à l’Espace Vuitton ne versent pas dans l’égocentrisme.

Du côté de Tokyo…

L’Espace Culturel Louis Vuitton de Paris a fait des petits. Il a ainsi son double à Tokyo, qui expose actuellement Madness is a part of Life, de l’artiste brésilien Ernesto Neto. Plus qu’une exposition, il s’agit d’une installation, qui investit la grande salle vitrée qu’est l’Espace Vuitton Tokyo. Le visiteur est invité à progresser au sein même de l’installation, métaphore de la rencontre entre ovule et spermatozoïde. On avance avec difficulté dans ce filet suspendu garni de balles de plastique, moyen de signifier que l’humain fait partie de la nature mais qu’il n’en est qu’une microscopique entité. L’effort n’est pas vain : arrivé dans la salle suspendue, la vue sur le quartier d’Omotesando est imprenable…

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