Après vingt-cinq ans de fermeture, la piscine Molitor vient de rouvrir ses portes sous la forme d’un hôtel cinq étoiles. Visite guidée.
Construite en 1929, la Piscine Molitor est un symbole de l’architecture art-déco. Inaugurée par Johnny Weissmuller, champion olympique de natation qui incarna Tarzan au cinéma, elle constitua jusqu’à la fin des années 1980 un lieu de baignade populaire pour les parisiens. Sa fermeture en 1989 a failli lui coûter la vie, avec une destruction prévue pour l’érection d’un complexe immobilier. Les riverains, opposés, ont obtenu gain de cause. Pendant un abandons de vingt-cinq ans, les graffeurs se sont données à cœurs joie dans les vestiges de ce lieu.
Aujourd’hui, la piscine Molitor repart pour une seconde vie, loin de son côté populaire d’antan. C’est en effet un hôtel cinq étoiles, réhabilité par les architectes Alain Derbesse, Alain-Charles Perrot et Jacques Rougerie, qui y trouve maintenant place. A l’image de l’opéra de Lyon revampé par Jean Nouvel, le MGallery Molitor est construit sur les bases de l’ancien bâtiment signé Lucien Pollet. Les anciennes cabines, longées par des coursives sont devenus factices. Deux étages aux formes minimalistes, pour mieux mettre en valeur l’architecture art déco originelle, ont été ajoutés, renfermant les chambres.
Partout, les références à l’histoire du lieu sont présentes. Tout d’abord le motif art déco de l’œil de bœuf qui surmonte la piscine. Sa silhouette omniprésente est devenue l’effigie de l’hotel, sur les cartes d’entrée des chambres, la vaisselle et autres milliers de détails. Les moquettes des couloirs reprennent ce code esthétique, y ajoutant le nom de Johnny Weissmuller ou adjoignant la date de l’apparition du bikini, mode lancée à Molitor.
Le côté street art, lié à la période d’abandon n’est pas négligé pour autant. Le côté industriel en béton brut du halle et du sous-sol y fait clairement référence, de même que les chats peints en pochoir, dissimulés dans les recoins. La cage d’ascenseur est même ornée de photos du bâtiment juste avant sa reconstruction. Comme il serait déplacé dans un hôtel cinq étoiles de faire référence au côté artiste de rue sans ressource, la Rolls-Royce d’Eric Cantonna, taguée à son initiative, trône fièrement dans le hall.
Derrière la polémique concernant la réhabilitation de ce lieu qui perd son caractère populaire, force est de reconnaître que l’opération a été habilement menée. Il permet surtout de voir revivre un morceau d’architecture, depuis le toit duquel on peut en apercevoir un autre : le nouveau Stade Jean Bouin, mitoyen. L’hôtel en lui-même semble être en ligne avec le standing qu’il revendique : design simple mais soigné et service idoine. Les chambres standard peuvent paraître un peu petites. Elles sont heureusement plus vastes que les cabines de piscine originelles…
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