Femme de légende Jeunesse

La comtesse de Ségur

« A l’heure du sommeil le cortège des petites filles modèles et du bon petit diable me suivent dans ma chambre et peuplent mon sommeil.» François Mauriac

La comtesse de Ségur

Ah les contes de notre douce enfance… Ils nous ont bercés, fait rêver, nous ont fait rencontrer des personnages et des lieux incroyables qui aujourd’hui encore, à l’âge adulte, marquent profondément notre inconscient. A la fois oniriques et concrets, les contes, bien souvent moralisateurs, illustraient la dualité du juste et de l’injuste, du bien et du mal et bien d’autres notions qui ont compté dans notre éducation et notre façon de grandir et de voir les choses. Des voyages, voilà ce qu’étaient les contes dans lesquels on se plongeait avec joie et excitation, ou que l’on nous racontait tendrement, des voyages intérieurs…Voilà ce que sont les contes.

Aujourd’hui, nous allons plus particulièrement parler d’un auteur de littérature enfantine atemporelle qu’est la comtesse de Ségur . En effet, qui n’a pas lu dans son enfance les romans de la comtesse ?? Qui n’a pas suivi avec exaltation les aventures de la vilaine Sophie ? Ou au contraire celle des vertueuses petites filles modèles ? Qui n’a pas voulu avoir un âne prénommé Cadichon ?

Des Malheurs de Sophie au Général Dourakine, les écrits de cette aristocrate d’origine russe font partie depuis le XIXème siècle du patrimoine français de la littérature pour enfant.

Sophie Fédorovna Rostopchine est née à Saint-Pétersbourg le 1er août 1799 dans une puissante famille aristocratique au service du tsar et affiliée par ses ancêtres au clan de Gengis Khan. Elle est élevée par une mère impitoyable qui la maltraite, la délaisse au profit de ses autres enfants et la convertit très tôt au catholicisme pur et dur. Son père au contraire aime sa Sophie mais est peu présent. Gouverneur de Moscou, il doit faire face en 1812 à l’armée napoléonienne et aurait été le grand ordonnateur de l’incendie de la ville, destiné à provoquer la retraite de Napoléon. Tactique militaire peu appréciée, la famille tombe en disgrâce, doit s’exiler et s’installe en France en 1817. C’est là, à Paris, que Sophie rencontre le Compte Eugène de Ségur, qu’elle épouse le 14 juillet 1819.

Avec son mari, elle s’installe en Normandie, au château des Nouettes dans l’Orne. D’abord heureux, leur mariage se désagrège bien vite. Malheureuse en ménage, son mari très volage trouvera néanmoins le temps de lui faire huit enfants, mais la délaisse et préfère  la vie mondaine parisienne. La comtesse se morfond durant de longues années avant de trouver la vocation qui donnera un sens à sa vie : la littérature pour enfant. A une époque où la littérature enfantine était d’une platitude extrême, la comtesse va renouveler le genre grâce à ses Nouveaux contes de fées.

Malgré ses huit enfants, c’est véritablement pour ses petits enfants que Sophie se met à écrire et notamment quand ses petites filles, Camille et Madeleine, héroïnes des Petites filles modèles, partent pour Londres où leur père est muté.  Les Nouveaux contes de fées, qui rassemblent d’abord des histoires destinées à ses petits-enfants, sont publiés en 1857, l’année de ses cinquante-huit ans ! Suivront jusqu’en 1871 pas moins d’une vingtaine de romans et recueils de nouvelles, dont la plupart connaissent dès leur parution un succès fulgurant. Malgré sa vocation très tardive, le succès est au rendez-vous et les aventures de ses héros et héroïnes marqueront des générations entières.

La comtesse pourrait elle-même être héroïne de roman. Elle a élevé l’art d’être grand-mère jusqu’à un genre littéraire unique en son temps (cf. La Bible d’une grand-mère 1869). La comtesse de Ségur disait qu’elle parlait « enfant comme on parle français » (et elle parlait cinq langues).  Elle s’est adonnée à sa passion sans relâche, écrivant avec finesse, légèreté, joie et abondance les aventures de ses héros souvent tirés de sa propre vie, de son enfance. D’ailleurs le prénom de son héroïne la plus connue, Sophie, n’est pas sans rappeler une part autobiographique dans les Malheurs de Sophie. En effet, Sophie était une enfant assez turbulente, espiègle, curieuse comme son homologue de papier et craignait sa mère. Les malheurs de Sophie sont une véritable rupture avec le modèle de littérature enfantine de l’époque. L’héroïne est tout sauf une gentille petite fille mais on s’y attache malgré tout. Des analyses mettent souvent en opposition la Alice de Lewis Carol et la Sophie de la comtesse.

A la fin de sa vie, elle entre en religion en devenant une sœur franciscaine. Après sa mort, on a beaucoup glosé sur les obsessions de la comtesse, surtout depuis que la psychanalyse s’est  chargée d’interpréter ses œuvres : certains ont fait ainsi de la comtesse une adepte du sadomasochisme (les châtiments corporels étant fortement présents dans son œuvre). Si certains aspects de ses écrits ont quelque peu vieilli, reste le réalisme dans la représentation de la vie quotidienne de ses héros, qui a valu à la comtesse le surnom de Balzac des enfants.

A LIRE

Bibliographie de la Comtesse de Ségur :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Comtesse_de_S%C3%A9gur#.C3.89dition_des_.C5.93uvres

Hortense Dufour, La comtesse de Ségur, née Rostopchine, éd. Flammarion, Paris, 2000

Françoise Grard, La comtesse de Ségur, Bonheus et malheurs de Sophie Rostopchine, édition Gulf steam, 2010.

A VOIR

http://musee-comtessedesegur.com/

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