Hommage à

Annie Girardot

Annie Girardot est née à Paris de père inconnu et d’une mère sage-femme. Tout comme maman, elle suit des études scientifiques pour être infirmière. Mais sa passion la rattrape. Elle cède aux appels de la comédie comme un marin à ceux d’une sirène. En 1949 elle rejoint le conservatoire tout en faisant des apparitions les nuits dans des cabarets (La Rose Rouge à Montmartre, sous le nom d’Annie Girard, ou au Lapin agile…) et participe à des revues telles Dugudu avec la troupe de Robert Dhéry.

En juillet 1954, c’est avec deux prix qu’elle sort du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. La Comédie-Française la remarque et l’engage. Jean Cocteau voit en elle par son interprétation de La Machine à écrire en 1956 au côté de Robert Hirsch « le plus beau tempérament dramatique de l’après-guerre ».

Ses premières apparitions au cinéma sont moins brillantes, bien qu’elle tient avec brio tête à Jean Gabin dans deux téléfilms.

Elle démissionne à son grand regret de la Comédie-Française pour se donner au cinema. Mais le théâtre n’est jamais loin. Sous la direction de Luchino Visconti pour Deux sur la balançoire aux côtés de Jean Marais, Madame Marguerite devient son rôle fétiche et préféré après avoir triomphé durant l’année 1974. Elle le reprendra régulièrement jusqu’en 2002.

Durant la décennie 70 elle est une actrice populaire et aimée du cinéma français. Elle tourne tout aussi bien dans des comédies que des mélodrames. Elle aide sans la moindre hésitation des jeunes cinéastes à tourner leur premier film. Avec son intervention accompagnée de Philippe Noiret, est produite l’une des comédies les plus insolites de l’époque, La Vieille Fille en 1971, signée Jean-Pierre Blanc. Par son interprétation de « femme normale et populaire » dans De Vivre pour vivre en 1967 à On a volé la cuisse de Jupiter en 1980, elle impose vingt films millionnaires au box-office. Il était courant de dire qu’on allait voir « la Girardot » au cinéma.

En 1977, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour Docteur Françoise Gailland. Son talent commence à la desservir. Elle qui a jouée avec les grands, Marcel Carné, Philippe Noiret et Jean Marais entre autre n’intéresse plus les cinéastes novateurs.

En 1979, elle est nommée l’artiste la plus appréciée par les Français devant Alain Delon, Jean-Paul Belmondo ainsi que Romy Schneider. Son tempérament lui fait incarner à merveille des rôles mettant en scène des femmes de caractère convenant au féminisme d’alors. Ses rôles sont donc décalés, on imagine mal une femme interpréter un médecin, un chauffeur de taxi, un reporter-photographe, un commissaire de police…

Un nouvel univers s’offre à elle, la chanson. Son ami, qui deviendra son compagnon, Bob Decout, est chargé de lui écrire les paroles des chansons. Elle montera avec lui deux comédies musicales aidée de Catherine Lara pour la musique et Jean-Paul Gautier pour les costumes au Casino de Paris. Mais les producteurs ne sont pas convaincus du succès de ces oeuvres. Pour en produire une elle ira jusqu’à hypothéquer son appartement de la place des Vosges. Le spectacle est un fiasco, elle perd beaucoup d’argent. Le film et la pièce qu’elle enchaînera seront également des flops. La rumeur court dans le tout Paris qu’elle se drogue. En 1985, c’est la profession qui lui tourne le dos.

Après une traversée du désert de quinze ans, elle est de nouveau récompensée. C’est le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Les Misérables de Claude Lelouch qui lui permet de regagner sa place parmi les acteurs de cinéma, de théâtre mais aussi de télévision. Elle y déclarera « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français, mais à moi, le cinéma français a manqué follement… éperdument… douloureusement. Et votre témoignage, votre amour, me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte. ». En 2002, c’est le même César qu’elle obtient dans La Pianiste.

Le 20 septembre 2006, Me Emmanuel Asmar, chargé de ses intérêts, annonce publiquement qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le lendemain Paris Match publie un papier dans lequel sa fille, Giulia Salvatori et sa petite-fille Lola Vogel, révèlent sa maladie.

En 2007, avec le journaliste Jean-Michel Caradec’h, elle publie une biographie intitulée La Mémoire de ma mère, où elle consigne les souvenirs de sa mère. Dans le film Je préfère qu’on reste amis…, elle joue une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer.

De 2008 à sa mort, elle réside dans une maison médicalisée de Paris. Le 21 septembre 2008, TF1 diffuse Annie Girardot, Ainsi va la vie, documentaire filmant huit mois de sa vie. On y découvre sa vision du passé et les effets de sa maladie.

En 2010, sa fille fait une déclaration surprenante de vérité. Lors de la journée mondiale contre la maladie d’Alzheimer, elle s’écrie qu’Annie Girardot n’a plus le souvenir d’avoir été actrice, et enchaîne : « Si j’ai un message à faire passer, c’est de ne plus essayer de rencontrer Annie Girardot, d’avoir une dernière photo… Si vous avez aimé maman, surtout, il faut lui foutre la paix, garder d’elle une belle image. »

Voici en quelque mots la vie d’Annie Girardot.

Note Personnelle : Je tiens à notifier aux lecteurs que cet article retrace en quelques lignes la vie d’une actrice française. Je ne tiens aucunement à céder à l’hypocrisie d’une certaine presse, qui pour faire du chiffre encense à qui mieux-mieux Annie Girardot, alors que cette même presse l’a auparavant descendue violemment, mise au placard, oubliée…

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2 Comments

  • Reply
    Adelyne
    3 mars 2011 at 13:13

    Merci Mei Ling!

    Je voulais par cet article parler de l’actrice pas de sa maladie. Comme le dit sa fille il faut garder une belle image d’elle. J’ai passé sous silence certains détails de sa vie que je trouvais bons pour un magazine poeple! Je n’en trouvais pas l’intérêt! En ce qui concerne sa maladie, je suis ok avec toi! On ne parle plus que de ça! Pas de ses innombrables films et pièces de théâtre! C’est vraiment dommage! La note perso ajoutée va ds ton sens je pense et résume mon détachement face à l’hypocrisie ambiante! Bien que je l’alimente un peu aussi vu que la décision d’ecrire cet article c’était l’annonce de son départ. Autrement je n’avais pas prévu d’article sur elle.

    Bonne journée!

  • Reply
    Mei Ling
    3 mars 2011 at 11:24

    Ce que je touve dommage c’est que la Presse évoque essentiellement sa maladie plutôt que de s’attacher à sa carrière!
    Tous ces hommages fleurent bon l’hypocrisie!
    PS : Je ne parle pas de cet article ;)

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