Chroniques ordinaires Humeurs

La balance

Cette semaine vous réservera bien des surprises. Non, pas le signe astrologique. Le petit truc dans la cuisine pour éviter de faire des pâtes pour 17 personnes alors que vous vivez seule avec votre chat ? Non plus, mais on chauffe. Oui, le pèse-personne qui fait votre pluie et votre beau temps encore mieux qu’Evelyne Dheliat.

L’hiver, elle dort sous la pile de linge de bain, planquée avec la crème décolorante pour -ou plutôt contre- les poils disgracieux et les gélules aux fausses carottes qui sont censées vous donner un teint de miel d’Himalaya après quelques minutes au soleil. Pour être tout à fait honnête, elle fait une légère apparition lorsqu’on reçoit le catalogue La Redoute printemps-été -vers le 15 janvier- qui nous amène à nous demander si le maillot vert à pois bleus de la page 448 nous irait encore mieux que l’indémodable mais tristounet noir qui s’offre 358 jours de RTT par an. Y’a pas à dire, maillot de bain, c’est le bon plan en cas de reconversion professionnelle ou de croyance en une éventuelle réincarnation. En plus, lui au moins ne se culpabilise pas des quelques grammes qu’il affiche sur le cadran de la balance.

A vrai dire, ça ne devrait pas être notre cas non plus. Parce que la balance est un gadget, un bidule peu souvent utile dont on se doit de jouer au même titre que l’horoscope dont on se réserve le droit d’user et d’abuser de mille et un stratagème pour se rendre compte de la grande relativité de la chose. Par exemple, lorsque vous vous retrouvez chez le médecin -oui, il n’y a qu’un médecin qui peut se permettre ce genre d’indiscrétion- et qu’il vous demande le fameux nombre, vous hésitez entre lui donner votre poids sur les talons ou sur la pointe des pieds, épilée ou pas, ou sortant de chez le coiffeur après avoir coupé 5 centimètres de cheveux. Oui oui, on ne dirait pas comme ça, mais tous ces critères ont du poids. Et ce, sans aucune mauvaise foi !

En plus, la balance est une grande indécise qui a tendance à enfoncer des portes ouvertes. Oui, vous avez repris une part de lasagnes avec un douzième de tomates, le reste n’étant quasiment que du fromage. Mais vous êtes suffisamment grande pour gérer votre assiette sans qu’une mauvaise copine qui dort sur votre carrelage vienne vous faire transpirer d’inquiétude à la vue d’une hésitation entre 0.2 et 0.3 grammes. Pour finalement se décider pour le 0.3 qui mettra fin à votre envie de jupe pour la journée et vous fera doucement fantasmer sur une salade verte sans vinaigrette.

En réalité, ce n’est pas la balance le problème. Ce sont les gens qui passent des journées à faire des recherches sur leurs nouvelles options histoire de nous faire culpabiliser encore plus. Ca nous apporte quoi de savoir quel est le poids de notre masse musculaire ? Ça peut éventuellement nous rassurer sur l’utilité des 12 abdos bimestriels que l’on fait devant « Confessions Intimes » mais ça ne se met pas sur un CV, encore moins sur une carte d’identité et ça ne se place pas dans une conversation digne d’intérêt. Exit alors les considérations musculaires, le mieux reste de savoir si on rentre encore dans nos jeans. Lui au moins ne se pose pas la question de savoir -lorsque vous rentrez vos gambettes dedans- s’il va côtoyer vos muscles ou non.

Alors stop à la dictature des chiffres, on les laisse à Bloomberg Tv et non, 400 grammes ne se voient pas quand vous avez le sourire.

* Cahier de vacances 2010 – Article initialement publié le 16 mai 2008

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