Chroniques ordinaires Humeurs

La solidarité au quotidien

Ah les amis ! Face à toute cette misère dans ce bas et cruel monde, je culpabilise de ne rien faire. Haïti, Super Nanny, les tsunamis, c’en est trop pour moi. Alors, un matin, j’ai décidé d’aimer mon prochain et de faire le bien autour de moi, au moins pour une journée. Et cela n’a rien à voir avec le fait que je me sois une nouvelle fois endormie devant la rediff de Joséphine ange gardien.

07h00

Journée Joséphine: J’éteins mon réveil dès qu’il sonne. Ma moitié peut continuer sa nuit sans nuisance sonore et se réveillera avec l’odeur du café.

Option Cruella d’Enfer: En fait il est 07h34. Mon réveil a sonné quatorze fois, même mes voisins derrière le mur me détestent, sous la douche je suis pressée et fais tout tomber, et comme j’ai oublié mes chaussettes, je retourne dans la chambre pour les récupérer, toutes lumières allumées. Et pars en finissant la Ricorée.

08h02

Journée Joséphine: Mes autres voisins, c’est un peu la famille de 7 à la maison et en plus, je les aime bien. Je laisse l’ascenseur de bon cœur et cours dans l’escalier pour les retrouver à l’arrivée et porter la poussette sur les dernières marches.

Option Cruella: J’ai AC/DC dans les oreilles, entends de loin « la porte s’il vous plait », rho bah non, trop tard, tant pis, d’ailleurs, ce s’rait un bien un distributeur de stérilets dans l’immeuble.


08h54

Journée Joséphine: Dans le métro, les « places du cœur » sont occupées par des gens qui le méritent vraiment, j’ai laissé ma place à un enfant unijambiste atteint de la malaria et l’accordéoniste a beau jouer Mon amant de Saint Jean, c’est beau, émouvant, très enlevé, il repart avec de quoi nourrir sa famille et payer son adhésion à Action Contre la Faim.

Option Cruella: Ca sent un peu trop fort l’eau de Cologne à côté de moi, une place se libère, je bouscule mine de rien le septuagénaire, pardon monsieur, je tousse comme si j’avais la grippe A, m’assois et le regarde profiter d’un morceau de strapontin.

 

09h40

Journée Joséphine: Il y a des mini-viennoiseries dans mon sac et j’ai acheté de l’aspartame pour ma collègue au régime parce qu’il n’y en avait plus hier quand je suis partie.

Option Cruella: « Qui a mangé tous mes Tic Taaaaac ? ». Tant pis, aujourd’hui je mangerai des sucrettes.

12h15

Journée Joséphine: A la cantine je donne mon steak à ma collègue en plein régime hyper protéiné, mes légumes au nouveau, végétarien de son état, et me satisfait des carottes râpées. Du dernier bol de carottes râpées pour être, celui dont personne ne voulait. Ben oui, faudrait pas gâcher.

Option Cruella: « Ca te dérange si on partage tes frites ? Les miennes sont froides ».

16h28

Journée Joséphine: Des collègues sont sur le départ, oui je finirai ton travail, tu veux un café avant de partir ? Commerce équitable le café, hein.

Option Cruella: Je peste contre les parents qui vont chercher leurs enfants, ceux qui sont en RTT,  la formation de Mac Gyver qu’il faut pour utiliser la nouvelle machine à café et le CE qui ferait bien de nous envoyer à Punta Cana plutôt que d’investir dans les distributeurs Selecta.

17h44

Journée Joséphine: « A demain tout le monde, bonne soirée à vous, bonjour à ta femme, non, ne t’inquiète pas, oui j’arroserai tes plantes, d’ailleurs bonnes vacances à toi. »

Option Cruella: Je compte jusqu’à 5 et je me lève, passe à quatre pattes devant le bureau du tyran. Ca y’est je suis dehors, non monsieur le sans abri je n’ai pas de cigarettes, et toi, là-bas, le recruteur de donateur, compte pas sur moi.

18h30

Journée Joséphine: Oh un traiteur italien. Je prends des lasagnes et du vin si Chouchou rentre tôt ce soir et passe au Monoprix chercher bières et pizzas si jamais il y a foot à la télé.

Option Cruella: J’achète une bouteille de Coca Light et un pot de fromage blanc 0%, plus rien dans le frigo. Et passe aux caisses prioritaires, c’est bientôt l’heure du Grand Journal et je ne veux pas louper Yann Barthes.

19h38

Journée Joséphine: Pimpante, j’attends patiemment de savoir si l’homme rentre ce soir, ça sonne, les pompiers, les éboueurs et des prisonniers en réinsertion veulent me vendre calendriers et chocolats, je leur sers l’apéro.

Option Cruella: Je termine le tarama.

20h24

Journée Joséphine: J’appelle ma mère pour savoir comment elle va, il paraît que sa cousine est en plein divorce, j’appelle la cousine pour lui donner le numéro d’un bon avocat, apprends que ces enfants ne vont pas bien, j’en appelle deux pour leur remonter le moral.

Option Cruella: Pas de pitié ce soir, mon téléphone est éteint et j’ai planqué la télécommande dans mon soutien gorge, il y a Pékin Epress.

23h16

Journée Joséphine: J’envoie un dernier texto pour aider à la reconstruction d’une école en Haïti, et encore un peu pour sauver le thon rouge.

Option Cruella: Toutes les alarmes sont programmées sur mon téléphone pour le lendemain matin et je termine mon chapitre. Ben oui la lumière allumée.
Allons bon. Aimer son prochain c’est bien, une fois de temps en temps, le dimanche quand il pleut. Et pour les autres jours, vous pouvez toujours vous endormir devant Dr House.

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