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Sae, la petite luciole

Phuong est étudiante, mais pas seulement. Cette jeune demoiselle est également photographe et poète. Elle partage ses deux talents sur son blog, « la petite luciole », qu’elle tient depuis quelques années maintenant, sous le pseudo de Sae.

Qui se cache derrière le pseudonyme de Sae ?

Je suis étudiante en science, et c’est le paradoxe que j’adore. Actuellement je végète en première année, ça doit faire trois ans que je suis en première année de quelque chose. D’abord médecine et puis plus médecine, maintenant autre chose et un peu plus mature. En faisant le calcul ‘bac fac fac fac’ ça fait donc 21 ans d’existence ou presque.

Peux-tu nous présenter ton blog ?

J’ai créé mon blog en octobre 2003. C’était la première vague. Certains ont tenu et on tombe avec nostalgie sur leurs nouveaux sites, d’autres non, ils partent sans rien dire et on tombe sur une page ‘erreur’ en cliquant sur un vieux marque page. Autant dire que je suis un vieux dinosaure ! 20six était une jolie communauté. On a tous migré en même temps que leur serveur.

Mes premier lecteurs ont eu le droit à un florilège de ‘ma mère son coma et moi’ sur fond rouge bordeaux, c’est génial comme motivation pour l’ouverture d’un blog non ? Si le site existe encore aujourd’hui contrairement à ces textes, c’est parce que j’ai découvert le plaisir d’écrire et de créer. Ma première version a fait quelques buzz au niveau médiatique, mais le temps m’a redonné l’anonymat relatif dont j’avais besoin. De plus, l’absence de commentaires me donne l’impression que personne ne lit. C’est un écho de silence et de distance que je voudrais garder. C’est juste la peur de décevoir. De temps en temps, je reçois de très jolis mails, d’anciens, de nouveaux, d’habitués, de passagers. Ils m’écrivent souvent des choses incroyables, parfois je me dis que devrais écrire plus. – rires – Moi qui ne connaissais rien au code htlm, java et tout ce qui existe, le blog était la page la plus facile à créer, on clic clic clic et puis voilà ! Les interfaces sont simples, et même si on ne peut pas tout moduler, le résultat présent est en accord avec ce que je veux.

Depuis quand fais-tu de la photographie ? As-tu reçue une formation, ou tu t’es lancée en autodidacte ?

Un jour quelqu’un m’a dit que je voyais autre chose, différemment. C’est comme ça que j’ai vraiment commencé, ça a éveillé ma curiosité. Enfin commencé… Je n’ai suivi aucune formation, j’ai juste pris l’appareil entre mes mains, mais ça ressemble à une sorte de continuité. Je photographie avec mes yeux. Tout est source d’inspiration et j’adore observer. Je peux rester des heures assise à regarder quelque chose quelque part : autant dire que je suis de très bonne compagnie -rire- et puis je me disais : « c’est trop dommage de ne pas pouvoir garder ces moments un peu plus longtemps, j’ai beau emmagasiner toutes ces images, parfois il ne me reste plus qu’une sensation »… et là viennent les mots. La photographie est une manière de s’exprimer et de partager sa vision. Le visuel touche plus vite mais moins longtemps. Mettre des images me semble être une suite logique, les premières photos avaient donc un registre autobiographique, servant de support aux textes, avec le temps, certaines ont pris une toute autre tournure.

Es-tu plutôt numérique ou argentique ?

L’argentique est magnifique, j’ai toujours l’impression devoir quelque chose de vrai. Les argentiques ne mentent pas, et il faut avoir un certain talent pour le maîtriser. Pour l’instant je ne suis pas encore prête, mais le labo de développement m’attend ! Le polaroïd est l’alternative, il possède une connotation de vieux magnifique, l’âge et la spontanéité les rendent très beaux. Je dois avoir deux ou trois appareils chez moi, tous donnent des couleurs différentes ! Le numérique est ma matière première, il permet de repasser derrière et de créer des choses qui n’existent pas. Alors totalement numérique…

Comment travailles-tu tes photographies ? Quelle est ta technique?

Une photo postée est le résultat de tas de clichés pris. Le processus de création est parfois assez long entre la quarantaine de premières prises et le travail de retouche. Mais tout dépend de la série de photos que je fais, en ce qui concerne la série ‘tableau de vacances’, ce n’était pas photographier pour créer mais raconter. Par contre les paysages sont postés tel quel. Les ‘petites nouvelles impromptues’ restent une énigme pour moi, quant à leurs utilités. Plus qu’une jolie photo, il faudrait qu’elles aient des histoires que les mots ne peuvent raconter. Je voudrais créer quelque chose en suspend sans identité, mais fixe. La photo permet de fixer l’image pour compenser l’effet des textes parfois un peu hermétique. Aujourd’hui ils créent des pauses entre chaque épisode.

Concernant les poèmes que tu écris, comment travailles-tu ? Sont-ils spontanés ou bien sont-ils le résultat d’un travail de ré-écriture ?

Les « poèmes » sont un véritable travail d’écriture et de réécriture avec des milliers de ratures. Je fais tout en manuscrit avant de mettre en numérique. Plus textes que poèmes, j’ai le plaisir des mots. Mais c’est un véritable défaut : j’assemble des jolies perles une à une, mais il manque le fil… alors c’est un peu décousu. Je raconte sans raconter, parce que je voudrai juste faire ressentir et voir. Ensuite, vient la forme qui m’intéresse autant. Le fond, une fois mis en place, devient une base plus ou moins solide sur lequel dessiner. Les espaces et l’absence de ponctuation prennent alors une place aussi importante que la couleur d’un mot. Je n’aime pas beaucoup les majuscules, ils sont trop grandiloquents pour mes petits mots, ils ne leur vont pas.

Où puises-tu ton inspiration, que ce soit en photo ou en poésie ?

L’inspiration me vient un peu n’importe comment, et là il faut juste prier pour avoir un stylo : mon sac est une poubelle à idée, et mon tiroir inondé de morceaux de papier. Que cela soit pour les photos ou les textes, j’ai tendance à créer dans une certaine frénésie. La suite découle souvent de ce qui a existé dans l’instant d’avant. C’est la frénésie de la douleur et plus j’écris, plus je la triture, alors ça fait moins mal tellement je l’ai distendue.
Malheureusement je n’écris que dans cet état d’esprit. Mais ces moments sont souvent ponctués de passages à vide. Ce sont les moments de bonheur : ils ont tendance à me brider l’inspiration, mais ça ne dure jamais ! C’est plus simple d’écrire et de photographier la tristesse. Je pense que le talent réside dans les textes qui parlent de bonheur. Les plus beaux textes font sourire. Je fonctionne aussi souvent avec l’affection de la nostalgie, les images viennent souvent du vent, des nuages et du soleil : il s’y cache quelque chose d’immense, des souvenirs se bousculent, une source d’inspiration inépuisable.

Quel rapport entretiens-tu avec ton blog ? Il est personnel ou c’est une véritable vitrine pour mettre en avant tes créations ?

Je voudrai qu’il me ressemble alors je le dépouille comme je le peux. C’est une sorte de voix off. Plutôt une vitrine de création. Je penche pour un lieu où je voudrais amener celui qui me lit quelque part très, très loin d’ici, juste un moment de pause tout embrumé. Alors, ça serait un petit bout de quelque chose de bien.

Combien de temps y consacres-tu par jour ? A quelle fréquence postes-tu ?

Je poste lorsque j’ai quelque chose à poster. Je voudrai le faire un peu plus, et de manière moins discontinue, mais les études me prennent beaucoup de temps.

Quels sont les blogs que tu suis régulièrement ?

Je dois avoir des tas de marque page. Internet recèle de créations, et moi je suis à la recherche ‘du beau’. Mais je suis rarement, je suis nulle pour ça, j’ai besoin de changement.

J’ai le droit de faire de la pub ?

3girlsinparis (http://3girlsinparis.blogspot.com/), c’est l’annuaire du beau
MademoiselleC (http://www.blog-mademoisellec.net/) c’est une amie !

Une photographie pour Save My Brain ?

Quand on me dit « sauver son cerveau », je pense à… la télé, la télé. Je suis scotché au petit écran, et ça doit drôlement la ramollir.

Blog : http://saeto.blogspot.com/

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