Littérature

Dino Buzzati

L’auteur

Dino Buzzati est un des auteurs italiens les plus renommés. Un retentissement dû à une œuvre aux accents très particuliers, mêlant une imagination débordante à une maîtrise poussée du suspens. Pourtant, Buzzati ne se considérait pas réellement comme un écrivain. En effet, son « vrai » métier est celui de journaliste, au Corriere della Sera. Il y est entré en 1928 en tant que stagiaire et y a effectué toute sa carrière. Ses nouvelles y paraissaient tous les quinze jours, expliquant leur longueur homogène. Buzzati s’inspirait visiblement de l’art dans certains de ses écrits. La vision surréaliste de certaines situations en est témoin, comme par exemple dans La Machine à arrêter le temps. De même, l’effet qu’a l’automobile sur son conducteur dans Voyage aux enfers du siècle, n’est pas sans rappeler l’attitude des futuristes face à la moderne mécanique. Ceci n’a rien d’étonnant pour un individu s’étant essayé à la peinture et à la gravure. Un état d’esprit qui l’a poussé à acheter une zone de sensibilité picturale immatérielle à Yves Klein (portion de l’espace sensible échangée contre quelques grammes d’or fin).

Le désert des Tartares

En tant qu’écrivain, Buzzati est surtout connu pour son roman Le Désert des Tartares. Une histoire typique du style de son auteur, où apparaissent les thèmes majeurs de ses sujets, à savoir l’attente, l’inexorabilité du scénario et la vanité de la vie humaine. L’histoire commence au moment où le jeune Drogo doit partir au service militaire. Il utilise ses relations pour obtenir une affectation sans risque, dans un fort reculé commandant l’entrée du désert des Tartares. Nul n’y a vu de combat de mémoire d’homme mais chacun sait et attend une attaque des Tartares. Cet environnement finit par influencer Drogo, qui se met à attendre les Tartares. Finalement, il y passe toute sa vie. Une vie gâchée…

Les nouvelles

Cette capacité à gâcher une vie en quelques pages est assez étonnante chez Buzzati. La raison en est toujours différente, toujours d’une simplicité déconcertante. Comme dans Sic Transit, qui raconte l’histoire d’un ministre que personne ne reconnaît un matin. Dans ce cas, le personnage voit sa chute (au sens propre dans Jeune Fille qui tombe…tombe) et s’agite vainement, ou en faisant les mauvais choix, pour tenter d’enrayer une machine infernale qui ne s’arrête jamais. Le dénominateur commun est l’impuissance du personnage principale. Que ce soit face à la foule hostile, comme dans Ils n’attendaient rien d’autre, à la concurrence d’un confrère dans Le Musicien jaloux ou encore à un comportement intrusif (Un Ver à la maison). Un des exemples les plus spectaculaires est Il était arrivé quelque chose, qui relate de manière époustouflante le voyage d’un train qui file vers un événement inconnu et à priori dramatique, sans que les passagers ne puissent l’arrêter.

Un cas intéressant

Buzzati a égaiement écrit des pièces de théâtre. La plus connue est Un cas intéressant, également vue sous forme de nouvelle (Sept Etages, in L’Ecroulement de la Baliverna). La mise en scène concerne un homme très important par son compte en banque, atteint d’une maladie rare et incurable. Il entre alors dans une clinique spécialisée, dont la particularité est que les patients sont répartis dans les étages selon leur état de gravité. Toute l’hypocrisie développée pour accompagner le souffrant à descendre les étages tout en lui laissant croire que son état ne décline pas est décrite de manière assez magistrale. Mais cette prévenance est-elle due à l’importance du patient ou est-elle l’effet d’une habituelle courtoisie envers les malades ?

Pourquoi on le conseille

Pour l’aspect haletant des nouvelles

Pour l’extraordinaire des situations

Parce que ces écrits permettent de s’interroger

Parce que ce monsieur est à lui seul tout un pan de la littérature du XXème siècle.

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