Littérature

Blake & Mortimer

Blake et Mortimer est une série emblématique de la bande dessinée franco-belge. Une de ses particularités est qu’elle a été reprise à la mort de son auteur, Edgar P. Jacobs. Son savant mélange d’enquête et de science-fiction crédible en fait un incontournable.

Huit aventures (qui correspondent à douze tomes) sont nées de la plume de Jacobs, cinq (six tomes) de la plume d’autres auteurs. Les personnages, bien que tout britanniques dans leur comportement et leur apparence, ont tous les attributs des personnages de bande dessinée de cette époque. Ils sont en cela parfaitement comparables à ceux de Tintin ou Spirou, par exemple. Une caractéristique principale est qu’ils sont quasiment « asexués ». En effet, très peu de femmes apparaissent dans les aventures signées Jacobs et les personnages principaux n’ont une vie privée que des plus limitées, comme le prouve l’appartement qu’ils partagent. Sente et Juillard changent les choses avec leur flashback « subversif » qui apparaît au début des Sarcophages du 6° continent. La capitaine Blake, tout comme le professeur Mortimer ou bien même leur ennemi acharné le colonel Olrik sont donc avant tout des pions mis en avant pour huiler le déroulement d’un scénario souvent complexe.

Tout commence avec la troisième guerre mondiale, relatée dans les trois tomes de Le Secret de l’Espadon. La science-fiction y a encore peu de place mais les bases sont jetées, avec notamment le caractère des trois personnages principaux. Blake, en capitaine distingué, Mortimer, physicien de génie qui n’hésite pas à prendre des risques et Olrik, l’aventurier sans scrupules pour qui sauvegarde avant tout sa propre personne. Des aventures qui gravitent avant tout autour de ces trois personnages, auxquels sont adjoints selon les épisodes, des alliés de chaque camp.

Mais ce qui fait avant tout l’extraordinaire de cette série est donc le scénario. Un des plus connus est sans conteste celui de la Marque Jaune. Et pour cause, il reprend tous les ingrédients qui font le sel de ces histoires : un lieu mythique (la tour de Londres), une invention diabolique et révolutionnaire (le télécéphaloscope, un appareil qui permet de contrôler le cerveau humain à l’aide de l’onde Méga), un savant aussi fou que génial (le docteur Jonathan Septimus), un repaire souterrain et des enquêteurs qui s’arrachent les cheveux. C’est toutefois un des rares albums où le rôle d’Olrik est si réduit (il n’y est qu’un homme de main). Des aventures aussi fouillées, basées sur des légendes, il y en a d’autres : Le Piège Diabolique et sa machine à remonter le temps, S.O.S. Météores avec la maîtrise du climat, L’Affaire du Collier et le collier de Marie-Antoinette… Autant d’enquêtes qui ravissent par leur précision, la qualité d’un dessin assez rigide (qui colle assez bien à la personnalité des héros) et une stylisation extrême de toute technologie.

Autant, le dire, reprendre le flambeau était une gageure. Deux tandems de dessinateurs s’y sont essayés : Ted Benoît et Jean Van Hamme (ce dernier étant notamment scénariste de Largo Winch) d’une part et Yves Sente et André Juillard d’autre part. Cela a commencé avec L’Affaire Francis Blake (signée Benoît et Van Hamme), une enquête assez classique mais très bien réalisée, manquant simplement d’un peu de science-fiction et de repaire souterrain. Puis Sente et Juillard ont frôlé la perfection avec la Machination Voronov, aux phylactères très bavards, comme le veut l’usage. Ont suivi quatre albums plus fantaisistes, ayant chacun leur charme, notamment celui de faire parcourir l’Amérique aux deux compères dans L’Etrange Rendez-vous. Le morceau de bravoure de ces dernières années reste toutefois les trente premières planches de Les Sarcophages du 6° continent, relatant la jeunesse et la rencontres de Blake et Mortimer.

Un prochain album à paraître pour 2009 ou 2010 sera intitulé La Malediction des trente deniers. Pas de date précise mais deux dessinateurs René Sterne, relayé par sa compagne Chantal de Spiegeleer après son décès. Le scénariste est Ted Benoît. On a hâte de l’avoir en main… Pour voir s’il est digne de Jacobs ? Meuh non, on n’est pas comme ça ! Enfin, une peu quand même…

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