C’est l’histoire d’un garçon transformé en un petit vampire. Sauvé avec sa mère par le Capitaine des morts, il erre entre la vie et la mort dans un sinistre château habité par des monstres. C’est aussi l’histoire de Michel, orphelin vivant avec ses grands-parents à Nice. En somme, il est question de l’amitié inattendue entre ces deux êtres solitaires à leurs manières dans ce long-métrage réalisé par Joann Sfar. En adaptant sa bande-dessinée créée en 1999 sur grand écran, l’auteur-illustrateur, célèbre pour Le Chat du Rabbin notamment, conçoit une intrigue condensée en 81 minutes qui lui permet de raconter avec simplicité les origines de son personnage de vampire amical.
L’attrait principal de Petit Vampire repose sur une constellation d’univers imaginaires stimulants, du château hanté aux accents gothiques jusqu’au bateau du Hollandais volant, en passant par le monde de l’enfance hérité des dessins de Sempé. Avec un tel croisement de fictions, Sfar met en scène un bestiaire tout à fait atypique, composé d’un bouledogue volant à l’accent marseillais, d’un crocodile mutant ou encore d’une créature à trois yeux répondant au nom du Docteur Ophtalmo. Ces monstres pittoresques prennent une toute autre dimension au cinéma. Ils sont à l’évidence les représentants de tout un pan du cinéma d’horreur. Le rapport à cet imaginaire spécifique se fait de manière particulièrement ludique dans le long-métrage. C’est presque un exutoire pour certains personnages. En effet, Petit Vampire et sa bande veulent oublier la morosité de leur quotidien en se rendant dans leur ciné-club privé pour regarder Le Masque de la mort rouge (1964) avec Vincent Prince ou La Revanche de Frankenstein (1969) avec Peter Cushing. Quoi de plus cocasse comme situation que de voir des monstres espérer la victoire de leurs pairs sur grand écran ! Parallèlement, les habitants du château forment une famille de substitution pour Petit Vampire et le jeune Michel. De cette manière, Joann Sfar traite la figure du monstre du point de vue de l’enfant, le considérant comme une créature intimidante et un ami réconfortant.
Proposant à la fois un univers haut en couleurs pour les enfants et une aventure cinéphile pour les adultes, le film Petit Vampire séduit grâce à la générosité de son créateur. Joann Sfar, fidèle à lui-même, met en scène avec humour et tendresse un rapport toujours décalé aux monstres, l’animation mettant en valeur son trait si particulier. Il réussit également à enrichir son univers en abordant l’apprentissage du deuil sous l’angle de la solidarité entre Petit Vampire et Michel. Quand bien même le rythme paraît expéditif sur l’enchaînement de certaines péripéties, comme des mésententes entre les personnages, le plaisir reste intact tout au long du métrage. A l’approche de la fête d’Halloween, croquez à pleines dents cette friandise animée en famille !
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