Cinéma

Kubo et l’armure magique : une aventure émouvante au cœur de l’animation

En ce début d’automne, le jeune studio Laika, expert en animation en volume, dit en anglais « stop-motion », nous propose un voyage fantastique aux confins d’un Japon médiéval avec leur quatrième long-métrage Kubo et l’armure magique, sorti depuis mercredi 21 septembre.

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Ce studio d’animation essaie de remettre en avant l’animation image par image en déployant un travail minutieux sur le rendu fluide des expressions des personnages ainsi que sur la spatialisation des décors. Avec des films étonnants comme Coraline (2009), ParaNorman et Les Boxtrolls (2014), Laika prouve qu’avec peu de moyens, on peut aboutir à des histoires animées aussi prenantes qu’une même histoire animée toute en image de synthèse. Déjà en trois films, ces passionnés de l’effet pratique ont su manier avec talent la technique et l’écriture, ce qui a donné naissance à des longs-métrages s’adressant aux enfants avec pertinence grâce à des leçons de vie sur la tolérance, l’indépendance et l’importance du lien familial. Avec Kubo, leur tâche est plus ardue, car il s’agit de mettre en scène une odyssée épique d’un jeune garçon japonais dans un univers fantastique. Cet espiègle joueur de shamisen borgne se lance en quête de l’armure ancestrale de son défunt père, en compagnie d’une femelle singe protectrice et d’un samouraï métamorphosé en scarabée, tandis qu’il est poursuivi par des démons nocturnes.

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Réalisé pour la première fois par le directeur de Laika, Travis Knight, Kubo and the Two Strings en anglais est le projet le plus ambitieux du studio. Mélangeant plusieurs techniques d’animation différentes telles que le stop-motion, l’image de synthèse et même l’animation de papier, le long-métrage présente au final une maîtrise technique époustouflante, déployant tel un spectacle de marionnettes une multitude de paysages enchanteurs, qui raviront aussi bien les yeux des enfants que celui de leurs parents. L’équipe du film assume leur oeuvre cinématographique comme une grande épopée animée et, pour la rendre telle quelle, construisent des figurines à une hauteur monstrueuse. Que ce soit le géant squelettique, la plus grande figurine du studio (3 m 50) ou les « sirènes » dont les yeux immenses sont manipulables grâce à une boule de bowling, les animateurs de Laika ont mis tous leurs efforts pour mettre en scène plusieurs monstres aussi créatifs que visuellement impressionnants. C’est cette dimension massive, mêlée à une poésie délicate par le mariage des différentes techniques d’animation, qui font bel et bien de Kubo un véritable spectacle immersif et prenant de bout en bout. A cette beauté graphique, s’ajoute un respect des mythes japonais, aussi bien dans l’esthétique générale que dans la narration filmique. Le film de Travis Knight gagne, par cet aspect, un profond mérite d’avoir une exigence artistique à la hauteur du voyage sensationnel du petit Kubo.

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Auréolé de la qualité visuelle de ses prédécesseurs, la force individuelle de ce nouveau long-métrage du studio est d’avoir su raconter un conte japonais à la portée grandiose et aux valeurs universelles. L’histoire de Kubo, intense et profonde, met en avant l’idée de l’animation « simple » comme source d’imagination, en rendant honneur à l’origine de l’animation, le papier devenant le motif de création comme Michel Ocelot mettait en scène ses Princes et Princesses (2000) en ombres chinoises pour rappeler Les Aventures du prince Ahmed (1926). La portée symbolique et émotionnelle atteint son apogée lorsque le voyage de Kubo, aux côtés d’une femelle singe autoritaire et d’un samouraï-scarabée facétieux, prend une direction inattendue en allant dans le drame familial. La quête de Kubo prend un autre sens beaucoup plus profond, car les thèmes qui en découlent, comme l’importance de la mémoire, l’héritage familial à honorer et l’acceptation de soi, sont profondément ancrés en chacun de nous et peuvent nous toucher par le pouvoir d’identification. L’importance de la fiction est au cœur du film, nourri déjà par une quête initiatique captivante, avec ses personnages fouillés et attachants, ses idées intéressantes autour du bien-être, du savoir et du partage avec les autres, et sa mythologie captivante. A ce stade, Kubo et l’armure magique peut être considéré comme le film le plus riche du studio Laika. Si la vie est constituée de déceptions amères, l’imagination, le pouvoir de création et l’envie de raconter une histoire sont des miracles éternels de l’âme humaine, capables de réchauffer le cœur de tous les êtres : voilà la morale sage et pertinente que nous enseigne le nouveau film du studio.

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Conte spirituel sur le besoin de l’imagination, Kubo and the Two Strings  rend justice à l’animation dans son principe même de raconter des histoires en mouvement et prône le besoin de partager l’envie de créer avec les autres. C’est également un somptueux voyage cinématographique de tous les instants, dévoilant autant de paysages resplendissants que d’inventions prodigieuses. Rien que pour tout cela, Kubo et l’armure magique, réalisé par Travis Knight, directeur du studio Laika, est à retenir comme une pépite d’animation destinée à toutes les générations, à voir impérativement !

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