A la Une Séries TV

Homeland

Homeland

Vous n’êtes sans doute point passé au travers des mails de LA série américaine de la décennie, la dénommée Homeland. Plébiscitée par les médias américains, les stars d’Hollywood et Obama lui-même, Homeland ne s’est pas contentée de rafler toutes les récompenses sur son passage depuis trois ans mais s’est aussi imposée comme l’incontournable série américaine. Mais que vaut-elle réellement après le visionnage des trois saisons passées ?

Pour reprendre rapidement, l’histoire nous narre le retour du Marines Nicholas Brody après huit années de captivité aux mains d’Al-Quaïda. Si l’Amérique a trouvé son héros, le brillant agent (bipolaire, pour pimenter l’histoire) de la CIA Carrie Mathison (Claire Danes) ne peut s’empêcher d’être méfiante suite aux confidences d’un informateur sur le terrain révélant qu’un soldat américain serait « retourné » et attaquerait le pays. Obsédée par Brody, Carrie va désespéramment tenter de découvrir si cet homme est bien un martyre de guerre ou un dangereux terroriste.

Sur fond de politique internationale, de manipulation, de terrorisme et d’enquêtes au plus haut sommet de l’Etat, Homeland tente le grand écart entre divertissement et faits d’actualités. Surtout, elle surfe sur une peur constante des USA du terrorisme en proie au doute et à la recherche d’héros nationaux. Dire qu’Homeland est une série bien ficelée serait clairement se mentir. Les scénaristes offrent un divertissement honorable, des personnages tantôt à la hauteur tantôt pas dans un rythme qui alterne maladroitement une action effrénée, le temps long de l’analyse (le personnage de Carrie est un agent analyste de la CIA) et la banalité du quotidien. Homeland, c’est un mélange de beaucoup qui peut finir par faire du rien (ou du n’importe quoi). On salut l’ambivalence du personnage de Carrie qui aurait pu être fantastique avec son trouble bipolaire, mais voilà que trop de « crises » et « d’obsessions » finissent par user quand le jeu de Claires Danes finit par nous amuser voire nous gonfler (la Carrie crying face est devenue un phénomène sur le web). Notre Marines Brody n’en finit plus de nous interloquer avec son jeu franchement médiocre (on finit par ne plus savoir quelle émotion il tente de nous faire passer) et c’est sans regret – ATTENTION SPOILER – que nous le quittons au terme de la saison trois. De ma vie de serie-addict, je crois que cela ne m’étais jamais arrivée d’avoir à peine un pincement au cœur lors de la disparition d’un personnage central (j’accorde aux scénaristes que pour le coup, c’était plutôt spectaculaire). Bien entendu, quelques personnages tendent à être appréciable comme le mentor de Carrie, Saul, l’homme de terrain aux allures de grand sage avec sa grosse barbe et son ventre rond. On s’attache aussi à Quinn qui débarque dans la saison deux, un sniper sympathique qui prône une éthique dans l’assassinat. Enfin, et certains me tomberont peut être dessus pour cela, je tiens à saluer les acteurs de la famille Brody et notamment Jessica Brody ( Morena Baccarin) et Dana Brody (Morgan Saylor) pour parvenir à être crédibles avec des compositions aussi mièvres.

Alors pourquoi tant d’engouement devant cette série outre-Atlantique ? Les traces de 11 septembre sont toujours présentes et les USA ont besoin d’une série relatant la vie d’agents normaux devenant des héros par amour de la nation. La lutte contre le terrorisme est devenue le cheval de bataille des Etats-Unis et Homeland ne fait que refléter les angoisses d’un pays encore meurtris. Si nous étions encore coincés dans les années 90, ce serait la Russie à la place du Moyen-Orient : les « méchants » changent mais pas les histoires. On regrette alors des clichés et stéréotypes qui, si j’étais originaire de ce coin de la planète, m’offenserait grandement. La série ne cesse de présenter les hommes de l’Afrique du Nord comme des fanatiques religieux assoiffés de sang et peu dignes de confiance. Abordons aussi les rôles féminins d’Homeland qui, en dehors de Carrie (qui fout tout en l’air une fois sur deux et est officiellement malade), sont relégués au second plan sans aucun rôle majeur ou, si elles en ont un, sont présentées comme faibles et pleurnicheuses.

Finalement, Homeland s’apparente à une série de divertissement simplement un peu mieux organisée que d’autres actuellement sur le marché. Si de prime abord, elle semble fascinante et bien construite, on s’aperçoit vite de la pauvreté de la narration et du manque d’ambition des scénaristes. Quitte à faire une série d’espions combattant le terrorisme, autant y aller franchement et crûment. La saison 4 est actuellement en production et le final de la saison 3 a relancé les cartes de façon intéressante. Comme je reste bon public et fidèle aux séries commencées, j’irai jusqu’au bout car même si ce n’est pas la série de la décennie (du moins à mon sens), elle sait parfaitement rassasiée mon côté « manigances au sommet de l’Etat » et « super héros de l’ordinaire ».

You Might Also Like

No Comments

    Leave a Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.