Grâce à Paradis Retrouvé, on sait enfin ce que Christophe a fait pendant ses années de silence. Cet album qui reprend pour bonne part des bandes inédites des années 1980 est un grand moment de son 8 bit, annonciateur de ses productions à venir – c’est-à-dire celles qu’on entend aujourd’hui.
La discographie de Christophe comporte un trou béant. Ce trou béant sépare sa carrière en deux. Celle d’un chanteur à minette, du beau bizarre qui criait Aline ou se vantait d’avoir un Succès Fou. Et celle d’aujourd’hui, celle d’un musicien créatif et singulier, malgré son âge. Que s’est-il passé pendant les vingt-sept ans (entre deux Olympia en 1975 et 2002) où il ne s’est pas produit sur scène ? C’est presque un mystère… Le doucereux Cliché d’amour, suite de reprises de chansons d’amour publié en 1983 ne respirait pas la créativité, renforçant le côté « tarte » (ce sont les mots de Brigitte Fontaine) du début de carrière de Christophe. Le confidentiel Bevilacqua de 1996 nous donne plus d’indice, avec ses gimmicks au synthé, ses extraits sonores samplés et ses bribes d’interviews remixées. C’était l’annonce des albums suivants, Comm’si la terre penchait et Aimer ce que nous sommes.
Aujourd’hui, Paradis Retrouvé lève enfin le voile sur le mystère. Ce nouvel album, à paraître le 11 mars chez Motors est constitué pour grande partie de bandes enregistrées par Christophe lors de son silence scénique. L’artiste explorait alors les synthés. Tout part souvent de quelques touches samplées, répétées à l’infini et habillées d’une voix traînante à la respiration sonore. Par-ci par-là, on retrouve des extraits de dialogue de film, témoins de la passion de Christophe pour le cinéma. Nombre d’entre eux ne sont pas inconnus aux oreilles des fidèles. Le magistral Olympia de 2002 en fit largement usage.
Christophe qui découvre les synthés, qu’est-ce que ça donne ? Très souvent un son 8 bit délicieusement kitsch mais emprunt de créativité. Aujourd’hui, même si le timbre fleure bon les années 1980, le travail d’arrangement apparaît dans le coup, prémisse de la suite. Quant à l’Italie, pays de naissance de Christophe, elle se fait sentir dans une voix parfois éraillée à la caricature, pour singer les crooners ritals (l’Italiano). Merveilleux de ringardise et insupportable de créativité, Paradis retrouvé porte très bien son titre. A l’heure où l’on adore chiner les friperies vintage, on ne doit pas regretter sa sortie tardive !
A écouter : Silence on meurt, Take a night, Night welcome, Hommage à Jean-Michel Desjeunes, I sing for
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