Chanteuse rock

Justine Frischmann

Justine qui ? Justine Frischmann pardi, l’ex-copine de Damon Albarn, charismatique leader de Blur, mais aussi et surtout la figure d’Elastica, ce groupe majoritairement féminin qui a permis à la britpop de traverser l’Océan Atlantique, côté Etats-Unis. Séquence flashback vers une époque où la réponse au grunge américain s’est traduit chez les cousins britanniques en une résistance musicale organisée et où la guerre faisait rage entre deux groupes rivaux : Oasis et Blur comme de leur temps, les Rolling Stones versus les Beatles ! Ok, on vient à peine d’entamer 2012 mais ce début d’année n’est-elle pas la meilleure des occasions pour dresser le bilan de celles passées ?

En partance de Suède

Rien à signaler d’anormal dans la jeunesse de Justine Elinor Frischmann, née le 16 septembre 1969 dans la ville anglaise de Twickenham, qui a pour père Wilem Frischmann, survivant d’Auschwitz et président du groupe Pell Frischmann, célèbre outre Atlantique pour son expertise en ingénierie dans différents domaines. Après des études à la cossue St Paul’s School, celle-ci souhaite se tourner vers des études artistiques mais vu l’opposition de son père, emprunte la voie de l’architecture en entrant à la Bartlett School of Architecture où elle y restera 6 ans. Dans ses rangs, elle y rencontre Brett Anderson, qu’elle commence à fréquenter en 1989.

Ses velléités artistiques, Justine les réalisera grâce à Brett car les deux amants s’accordent rapidement sur la création d’un groupe. Son nom : Suede. Malgré des débuts prometteurs et l’attention médiatique grandissante, Frischmann sent que sa place est dans une formation qu’elle pourrait entièrement maîtriser : 1991 sonne pour elle le glas de l’aventure Suede et Anderson… Seule ? Pas tout à fait, car son ex-collègue batteur Justin Welch la rejoint dans son aventure solo et côté amours, Brett est aussitôt remplacé par Damon Albarn, leader de Blur, un groupe qui commence à faire parler de lui !

Connexion établie

Suite au recrutement de la bassiste Annie Holland et de la guitariste Donna Matthews, et après avoir hésité entre différents noms (« Onk » ou « The Vaselines », lequel était déjà pris) le nouveau groupe fixe son nom en Elastica, fin 1992. Une année sera nécessaire à la sortie de « Stutter » en octobre 1993, mais quelle surprise pour ce premier single, abordant l’impuissance masculine de l’ivrogne ! Chanteuse et guitariste principale, Frischmann guide sa bande vers le succès avec « Line Up » et « Connection » qui se placent l’année suivante dans le Top 20 des singles au UK. D’autant qu’en mars 1995, l’album Elastica intègre les charts britanniques à la première place, précédé par la sortie de « Waking Up », rentrant alors dans l’histoire comme le premier album le plus rapidement vendu pour un groupe !

Mais plane déjà sur eux un sulfureux parfum de plagiat, faisant suite aux accusations du groupe post-punk Wire à propos des singles « Line Up », « Connection » et « Waking Up » présentant de grandes similarités avec respectivement leurs titres « « I Am the Fly », « Three Girl Rhumba » et « No More Heroes »… Différends qui se régleront à l’amiable. En dehors de cet épineux épisode, Elastica effectue une percée spectaculaire aux Etats-Unis où le premier opus devient disque d’or. A peine le temps d’enchaîner les scènes mythiques du Festival de Glatonsbury et de Lollapalooza que ceux-ci poursuivent sur une année de tournées harassantes qui mettront sérieusement à l’épreuve la cohésion du groupe, que l’on dit grand consommateur d’héroïne…

Ajouts au line-up (ndlr : David Bush et Sharon Mew aux claviers, Paul Jones à la guitare) et départs (celui temporaire de Annie Holland et le définitif de Donna Matthews) vont ainsi rythmer la vie du groupe entre fin 1995 et août 1999, date de la réalisation de Elastica 6 Track EP, maxi hommage à ces années perdues scellant leur retour à la composition. Elastica y croit toujours et reprend le chemin des studios pour s’atteler à l’enregistrement de leur seconde galette. Titre prémonitoire ? Tout juste The Menace sort le 3 avril 2000 que le groupe annonce déjà sa rupture, en laissant à son public le titre d’adieu « The Bitch Don’t Work ».

Bande élastique

A trop avoir voulu tirer sur la bande, l’élastique Elastica s’est rompu. Peut-être à cause de l’énorme pression dont ceux-ci ont fait les frais, ne serait-ce que par la couverture omniprésente du couple Frischmann-Albarn dans les tabloïds anglais, ou les soupçons de toxicomanie largement appuyés qui n’ont rien fait pour arranger les choses, feu le groupe n’a pas réussi à prouver qu’il était plus qu’un phénomène musical. Hypothèse plausible également, le vent de nouveauté que celui-ci avait apporté sur la scène britpop a pu se retourner contre des membres qui n’ont pas su faire face à un succès dévastateur et dont les sirènes peuvent être fatales quand on ne parvient pas à les gérer. Cette supposition peut en partie se vérifier dans la discographie erratique de la formation indie/britpop/rock indé qui avait pourtant toutes les cartes en main pour faire valoir plus qu’un album et continuer sur de beaux projets…

Sa reconversion, Justine a néanmoins su la négocier, apportant notamment son expertise en architecture, en présentant la série BBC « Dreamspaces » ou en siégeant en tant que juge pour le prix Stirling, récompense des plus prestigieuses dans ce domaine. En dehors de l’écriture de thèmes musicaux pour des émissions, celle-ci s’est également faite présentatrice pour « The South Bank Show », l’un des plus anciens programmes artistiques télévisuels (maintenant arrêté) et narratrice pour « The Madness Of Prince Charming », un documentaire biographique sur le musicien anglais Adam Ant. Sa relation avec Albarn n’aura pas non plus survécu la fin de son groupe et pour mieux tourner la page, Justine s’installe aux Etats-Unis, dans le Colorado, pour y étudier les arts visuels avant de poser ses valises en Californie, suite à son mariage en 2008 avec un universitaire américain en sciences atmosphériques.

Dorénavant artiste visuelle, ce qu’elle avait toujours voulu être, Frischmann savoure sa retraite musicale, comme celle-ci le confiait dans l’une de ses dernières interviews : « Je ne sais pas ce que me réserve le futur car ma vie a été tellement imprévisible jusqu’ici. Je n’ai jamais pensé atterrir ici, me marier et peindre. Ma vie a pris des tournants si surprenants que je ne voudrais pas prédire ce que je ferai ensuite, mais à l’heure actuelle, c’est vraiment quelque chose que j’aime faire : je ressens une sorte de paix que je ne trouvais pas dans la musique ». (http://www.bbcamerica.com/anglophenia/2010/10/justine-frischmann-finds-a-peaceful-connection-in-the-us/). Preuve que Justine nous réserve encore de belles surprises à venir !

(Les photos proviennent de http://sixcounting.blogspot.com et http://www.myspace.com/stutterconnection).

Sources

Sites internet

http://www.justinefrischmann.net/
http://www.stutter.demon.co.uk/elastica/
http://fr.wikipedia.org
http://en.wikipedia.org
http://www.myspace.com/stutterconnection

Articles

– Elastica in Le rock dictionnaire illustré, Larousse (1997)
Justine Frischmann Finds A Peaceful Connection In US  : http://www.bbcamerica.com/anglophenia/2010/10/justine-frischmann-finds-a-peaceful-connection-in-the-us/
Elastica Limits : http://www.guardian.co.uk/theobserver/2002/mar/10/life1.lifemagazine4

http://sixcounting.blogspot.com

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