Cinéma

Etienne Chatiliez

Réalisateur, scénariste, interprète, dialoguiste, Etienne Chatiliez est né à Roubaix le 17 juin 1952. Après un baccalauréat de philosophie, il devient rédacteur à Europe 1, avant d’entrer comme concepteur-rédacteur à l’agence de publicité CLM&BBDO, agence de pub conçue par Philippe Michel.

Entre 1980 et 1987, et grâce à ses connaissances dans le milieu publicitaire, il réalise des spots publicitaires pour Lustucru, Free Time, BVP, Mérinos, Trèfle et Eram. Il sera alors récompensé plusieurs fois.

C’est à partir de 1987 que la carrière cinématographique d’Etienne Chatiliez démarre.

Dans ses films, Etienne Chatiliez aborde tous les tabous, à travers une originalité et un humour au vitriol qui en font son génie, accompagné de Florence Quentin, puis Laurent Chouchan, ses partenaires de plume, et de Charles Gassot, son fidèle financier.

Etienne Chatiliez est un réalisateur populaire et critique, qui signe des comédies satiriques au succès incontestable. Ses films sont des comédies qui s’attaquent à la famille, aux bourgeois, aux élites et se caractérisent par un humour qui fait mouche, des dialogues savoureux et un ton corrosif qui séduit le grand public. Dans ses films, il se sert des détails du quotidien pouvant sembler pour certains caricaturaux, alors qu’ils sont le réel de la vie, de même sachant manier l’absurde, tout a son importance, comme les décors, qui fourmillent de détails réalistes. Il a le sens du rythme, de la concision, de l’épure au montage se concentrant sur l’aspect satirique et l’efficacité humoristique.

Il aime briser les conventions bourgeoises, son sens de l’observation aigüe et acide régale ainsi des milliers de spectateurs, en se moquant des vieilles acariâtres, des épouses manipulatrices, des parents égoïstes, des profiteurs en tout genre, des nouveaux riches, des racistes… Ses dialogues sont de la dentelle, les comédiens jouissent ainsi de leur partition, et les mises en situation sont plus dramatiques que drôles, et pourtant, font rire. Le réalisateur construit un cinéma assez amer, acerbe et parfois amoral, transgressif et virulent en surface, humain et faillible en profondeur. Il co-écrit des dialogues désopilants et cruels où la vérité dénoncée devient une déflagration permettant aux masques de tomber et dénonce ainsi les hypocrisies et les mensonges.

Filmographie :

La vie est un long fleuve tranquille » sorti en 1988 est le tableau sans concession des familles bourgeoises et populaires françaises, fustigeant au passage le clergé, avec l’excellent acteur Patrick Bouchitey, interprètant le Père Aubergé, et sa fameuse chanson « Jésus reviens ». Etienne Chatiliez croque ainsi la bourgeoisie provinciale catholique qui se désagrège au contact d’une autre caste, raciste, pauvre et assistée. Cette comédie satirique sur les différents milieux sociaux obtient un succès populaire couronné par 4 césars (meilleure première oeuvre, meilleur scénario, meilleur second rôle féminin pour Hélène Vincent, meilleur espoir féminin pour Catherine Jacob), critique et public sont conquis. Cette comédie acerbe sur deux milieux sociaux opposés, amenés à se rencontrer à la suite d’un échange d’enfants, est un réel succès, et tout le monde retient les familles Le Quesnoy et Groseille. Le film devient un phénomène de société, « c’est lundi, c’est ravioli », fera d’ailleurs partie des innombrables citations populaires, entre autres.

« Tatie Danielle« , en 1989, fait également mouche et s’attaque au monde des anciens. « Vous ne la connaissez pas encore, mais elle vous déteste déjà », est le slogan qui démarre le film, comédie satirique sur la vieillesse et une vieille dame tyrannique. C’est l’histoire d’une vieille dame cynique et cruelle, bien loin de la traditionnelle grand-mère, interprétée magnifiquement par l’actrice de théatre Tsilla Chilton. Comme dans son premier film, Etienne Chatiliez utilise un élément perturbateur, en l’occurrence, cette vielle femme acariâtre, pour bousculer et se moquer de la petite bourgeoisie, et raconter la méchanceté d’une personne âgée recueillie parmi ses neveux. Là encore, grand succès résolument tourné vers l’humour sarcastique… qui n’a pas connu ou croisé une « tatie Danielle » dans son entourage ! Trois nominations aux césars, césar de la meilleure actrice pour Tsilla Chilton, meilleur second rôle féminin pour Catherine Jacob et meilleur espoir féminin pour Isabelle Nanty.

« Le bonheur est dans le pré« , sort six ans plus tard, sera le seul scénario que le réalisateur n’a pas écrit. Le film raconte la confrontation du monde de la ville et de la campagne. Etienne Chatiliez met la bourgeoisie à la campagne et lui fait découvrir les joies et les vertus du Sud-Ouest, avec un Michel Serrault, dans un rôle sur mesure et un duo d’acteurs génial avec Eddy Mitchell, qui obtiendra le césar du meilleur second rôle masculin. Succès garanti pour cette comédie franchouillarde de terroir, sorte d’étude de comportement.

En 1998, Etienne Chatiliez passe devant la caméra dans le film « Doggy bag » de Frédéric Comtet, et en 2000, Etienne Chatiliez réalise un court métrage percutant « la famille médicament » inclus dans le scénario sur la lutte contre la drogue.

« Tanguy » en 2001, comédie populaire, inspirée d’un phénomène de société, avec Sabine Azéma et André Dussolier, prend racine dans un milieu très parisien, gauche intello caviar, tirée d’une anecdote authentique. Tanguy, trentenaire, vit encore chez ses parents, qui feront tout pour le virer de chez eux. Le film dénonce les sentiments parentaux et l’égoïsme de parents sans scrupule vivant un enfer avec leur fils qui a du mal à quitter le cocon familial. Une comédie grincante comme sait si bien les tourner le réalisateur.

« La confiance règne » sorti en 2004, avec Cécile de France et Vincent Lindon, est une comédie acide, cinglante voire dérangeante, qui raconte l’histoire d’antihéros prolétaires peu recommandables. Le message du film était que « la société a le devoir de s’occuper des individus en général, et de ceux surtout qu’elle laisse au bord de la route en particulier », a eu un succès mitigé.

« Agathe Cléry« , comédie musicale sort en 2008, et dont le slogan est « elle est blanche, elle est raciste, elle va devenir noire ». Agathe Cléry, jouée par Valérie Lemercier, est directrice marketing dans une boite de cosmétiques, raciste, elle va devenir noire. C’est une comédie loufoque et piquante à la fois sur le thème du racisme.

Etienne Chatiliez, prince de la publicité, au physique d’éternel ado, s’est imposé cinéaste, acteur et pépite d’or pour les producteurs. Exigeant, fermé, très discret, ses films sont personnels. Il a l’art et la manière de mettre notre bonne conscience à l’épreuve en semant des grains de sables défiant ainsi notre égoïsme, notre arrivisme, notre conformisme, et où le cynisme est vaincu par la dérision. Etienne Chatiliez prend le temps de laisser murir ses projets, et raconte la vie en se servant de l’humour comme arme, en disant des choses graves de façon légère.

Féroce, provocateur, mais terriblement drôle et humain, Etienne Chatiliez est incontestablement un personnage majeur dans le cinéma français pour qui : « l’humour n’est pas juste une façon de faire des films, c’est un rapport à la vie et aux autres » (citation d’Etienne Chatiliez).

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