Je pense que cela n’a dû échapper à personne, nous sommes entrés dans l’ère de la tectonique… Nous avions déjà parlé de la ré-apparition horrifique du phénomène de la nuque longue, look totalement en adéquation avec celui de cette danse électro dans le vent… et bien pour couronner le tout, c’est l’attirail bling-bling qui fait aussi son grand retour !
Souvenez-vous « l’Agence tous risques », Barracuda et ses grosses chaînes en or « qui brillent », ses bagouses qui lui donnait un style qui n’appartenait qu’à lui, avec une crête de punk à la Cherokee sur le retour qui agrémentait son visage de « black angel » teigneux… Et oui, cela remonte au cœur des années 1980. Souvenez-vous encore : le petit blouson sans manche en jean de Barracuda… ajusté à ses « pecs » sur-gonflés… Cela aussi faisait partie du personnage qui, finalement, n’est pas si éloigné de ce que l’on peut croiser aujourd’hui dans la rue… quoiqu’en moins coloré peut-être ! Et oui, Barracuda était bien, semble-t-il, -bien que personne ne s’en revendique-, le premier ambassadeur du « bling bling » qui fait rage aujourd’hui !
Mais d’où nous vient cette expression très « sonore » ? Du rap des années 1990 pardi ! Et oui, le groupe « I am » l’exprimait d’ailleurs très bien dans « Je danse le mia » : « chemise ouverte, chaîne en or qui brille »… Mais ce look très clinquant très caractéristique des rappeurs (on donnera la palme à Joey Star pour sa magnificente dentition) et aux « quéqués » en général (entendons-nous bien : les adeptes du tunning et customizing en tout genre…) n’est plus l’apanage de ces grossiers personnages exhibant fric, meufs et bagnoles. Comme quoi, dès le XVIIIe siècle, le grand chimiste Antoine de Lavoisier avait tout compris : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (je n’entrerai pas dans les polémiques concernant l’attribution de cette maxime à Lavoisier !).
Le recyclage de tendance, c’est connu, et même acquis comme un phénomène de mode en soi. Ce qui était attribué au rap a en partie été récupéré par les tectoniqueurs/euses au grand dam de celles et ceux qui ont un temps soit peu de goût esthétique… Le bling-bling tectonique « c’est quoi ? Et bien que je vais vous le dire » comme dirait Sarko : c’est un mélange de look punk (coupe de cheveux dégradée, décomposée, destructurée, fringues serrées et déchirées, chaînes qui pendouillent de tous les côtés, des couleurs vives ou total obscur) et de « Véronique et Davina » (grosses chaussettes montant sur un slim qui vous emprisonne, couleurs fluos, rayures, bandeaux, ceintures compressant la taille, accessoires à la pelle et petites ballerines tirés à des millions d’exemplaires faites en Chine, tout cela assorti aux couleurs immondes qui vous font ressembler à un gars de la DDE)… L’Espagne avait déjà été gagnée par cette mode tape à l’œil et qui ne met pas vraiment en valeur toutes les silhouettes… La France est désormais touchée… Par pitié, ne vous laissez-pas entraîner !!!
Enfin, vous l’aurez compris, les paillettes du disco n’ont rien à envier au futile du « bling-bling » qui évolue… vers une autre tendance. Oui, nombre de journalistes et autres analystes ou chroniqueurs ont fortement critiqué notre Président sur sa manière de s’exhiber dans les médias avec Carla, de « faire péter » la Rolex et le reste… Ils lui reprochent de ne pas mener de véritable politique culturelle (en même temps il faudrait peut-être remonter à Malraux pour trouver un ministre qui ait mené une bonne politique culturelle…) et montrer le mauvais exemple avec son style « nouveau riche ». Sans remonter jusqu’à Napoléon, Mitterrand a laissé la pyramide du Louvre, Jacques Chirac a réussi son petit caprice avec Branly, et bien Sarko, lui, il a touché la société française au plus profond en implantant le « bling-bling » comme phénomène. Telle une catharsis, l’adepte du « bling-bling » s’en trouve décomplexé. Les implications socio-psychologiques sont donc immenses, et ça, on ne le rappelle pas assez souvent !
Il reste que comme le rappelle l’adage bien connu, « tout ce qui brille n’est pas or »… Je vous laisse donc ainsi méditer sur les signes ostentatoires de richesse qui, en plus d’être des insultes à l’esthétique cachent souvent bien d’autres choses !
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