Chanteuse rock

Cyndi Lauper

Impossible de penser à Cyndi Lauper sans se souvenir de ses coiffures extravagantes et ses tenues improbables… “Ah l’âge d’or des années 80 avec ses corsages à épaulettes surdimensionnées et choucroutes capillaires”, vous allez me dire? Eh bien j’ajouterai, pour ma part, une décennie au formidable bouillonnement musical où le rock se mâtine de pop synthé, tout en frayant avec le punk, la dance et le ska. Avec dans le rôle de la grande sœur un brin fêlée, Cyndi et sa rebellitude accompagnant les souvenirs enfantins de (futurs) trentrenaires comme moi, qui ont tous rêvé un jour d’être un Goonies. C’est bien cette époque, entre rire et nostalgie, qui nous vient à l’esprit aux premières notes de”Girls Just Want To Have Fun” ou “Time After Time” !

Cendrillon moderne

L’histoire de Cyndi commence un peu comme celle de l’héroïne de Perrault. Fille de Fred et de Catrine Lauper, Cynthia Ann Stephanie naît le 22 juin 1953 dans le quartier du Queens à New York. Ses parents se séparent rapidement après sa naissance et c’est auprès de sa mère que la fillette grandit. Baignée par les chansons de Judy Garland, Billie Holiday, Ella Fitzgerald et des Beatles, celle-ci l’encourage très tôt à devenir indépendante et développer ses talents artistiques, comme en entamant dès ses 12 ans l’apprentissage de la guitare acoustique. Inscrite dans un collège orienté vers l’art, Cynthia défie déjà l’autorité en abandonnant en cours d’année et quitte le cocon familial à l’âge de 17 ans pour atterrir au Johnson State College (ndlr : dans l’état du Vermont) où elle suit des cours d’art, après une virée de deux semaines dans les bois avec son chien Sparkle !

Au milieu des années 70, la jeune femme rejoint plusieurs groupes de reprises en tant que choriste mais se lasse bien vite de ne travailler sur des chansons originales. En 1977, celle-ci est contrainte de prendre une année sabbatique après s’être abîmé les cordes vocales… Tous les médecins qu’elle consulte s’accordent sur le fait qu’elle ne pourra jamais rechanter. C’est en effet bien mal connaître Cyndi qui, avec l’aide d’un coach professionnel, arrive à retrouver ses quatre octaves. Lauper reprend le chemin de la scène en y rencontrant au passage le saxophoniste John Turi avec qui elle décide de fonder le groupe Blue Angel. Reconnu a posteriori par Rolling Stone comme l’un des 100 meilleurs albums new wave, leur premier album éponyme sorti en 1980 peine cependant à s’écouler et le groupe splite après avoir été mis sur la paille par le procès qu’ils perdent face à leur ancien manager, pour rupture de contrat…

Ange Bleu

Ces malheureuses expériences auraient eu de quoi décourager les plus tenaces mais pas Cyndi qui enchaîne petits boulots le jour et écume les scènes la nuit tombée. Cette détermination sans faille lui vaut de piquer la curiosité de Portrait Records, filiale d’Epic, qui lui signe son premier contrat en 1983. Son premier disque, She’s so Unusual sort en octobre de la même année et devient la consécration de sa vie : les premiers vidéos clips de « Girls Just Want To Have Fun », « Time After Time », « She Bop », « All Through The Night » tournent en boucle et se placent consécutivement dans les cinq premières places des charts ! Les adolescentes sont les premières fans de Lauper dont elles copient bien vite le look excentrique tignasse rousse coiffée en pétard et tenues chamarrées. Et suivent l’exemple de cette forte tête qui n’hésite pas à bousculer l’ordre établi, en faisant entre autres l’apologie du féminisme (« Girls Just Want To Have Fun ») comme de la masturbation (« She Bop ») !

Avec des couvertures de magazines, sa participation au titre caritatif « We Are The World », son choix comme directrice musicale pour le film d’aventures jeunesse Les Goonies pour qui elle signera « The Goonies Are Good Enough », une période faste s’ouvre pour cette star montante. Attendu avec impatience, son deuxième album True Colors est lancé en septembre 1986 et contient 3 hits en puissance : l’éponyme « True Colors », « Change of Heart » et la reprise de Marvin Gaye « What’s Going On ». Quoiqu’un peu moins bankable que son prédécesseur, le nouvel opus offre cependant l’avantage de voir une implication grandissante de la chanteuse dans la production et l’écriture de ses réalisations.

Chanté à l’origine par Roy Orbinson, « I Drove All Night » sera le seul véritable tube de A Night to Remember distribué au printemps 1989, un troisième album au final peu vendu malgré la présence de guests comme Eric Clapton. Refroidie par cet échec,, Cyndi se réfugie vers des projets musicaux transverses en rejoignant par exemple en 1990 le line up du concert de Roger Waters « The Wall » ou celui de la version anglophone de Starmania en interprétant entre autres « The World Is Stone ». Il faudra attendre juin 1993 pour que son œuvre musicale prenne un tournant politique avec Hat Full of Stars où homophobie, violence conjugale, racisme et avortement seront évoqués pêle-mêle. Suivi l’année suivante par son premier best-of intitulé Twelve Deadly Cyns…and Then Some, qui avec plus de 4 millions de copies écoulées la voit renouer avec le succès.

Lauper continue sur cette tendance avec Sisters of Avalon lancé en 1997, l’année même de la naissance de son fils Declyn Wallace Thornton Lauper. Malgré un ranking peu prometteur, l’album est rapidement récupéré par la communauté gay qui plébiscite aussi bien le rythme clubbing que les thèmes abordés, allant de la double-vie d’un drag queen (« Ballad of Cleo and Joe ») au portrait d’une relation lesbienne (« Brimstone and Fire »), avec en toile de fond la menace planante du sida (« Say a Prayer »). Dernier album pour Epic, Merry Christmas…Have A Nice Life sort à point nommé pour la fin d’année 1998 avec des chansons originales et des classiques comme « Silent Night » revus au goût du jour.

Retour annoncé aux sources pop/rock avec Shine prévu pour septembre 2001, avec notamment la participation de la superstar de la pop japonaise Ryuichi Sakamoto. Quelques semaines avant sa sortie officielle, une fuite provenant de sa nouvelle maison de disques Edel America Records vient cependant saper tout le travail et transforme celui-ci en maxi et album de remixes. La vraie maquette d’origine se voit seulement distribuée au Japon trois ans plus tard, devenant de ce fait un objet particulièrement recherché pour les collectionneurs. Suite à l’édition d’une nouveau best-of par Sony (The Essential Cyndi Lauper), Cyndi resigne avec son ancien label pour At Last (novembre 2003), une compilation reprenant de grands standards américains qui lui fait obtenir en 2005 une nomination aux Grammy Awards.

Ré-interprétation acoustique de son catalogue musical, The Body Acoustic s’insère dans les bacs en novembre 2005. Avec en prime deux nouveaux morceaux dont « Above the Clouds » et une liste assez éclectique d’invités de marque dont Shaggy, Ani DiFranco, Jeff Beck ou Sarah McLachlan. Présenté comme un album dance, Bring Ya to the Brink pointe le bout de son nez en mai 2008 et ne démérite pas la description que l’on lui a faite avec des titres comme « Set Your Heart » ou un remix approprié de « Girls Just Want to Have Fun ». Il faut dire que la chanteuse s’est employé les services de références du genre telles que Axwell, Dragonette ou Basement Jaxx. Rien de tel pour suivre les nouvelles tendances tout en s’attirant les faveurs d’un nouveau public plus jeune. Et d’une nouvelle nomination au Grammy « Meilleur Album Electronique/Dance ».

Et plus encore

La carrière de Cyndi ne se borne pas à un Grammy obtenu sur un total de 11 nominations. C’est aussi tout une somme d’activités annexes que la chanteuse a pris le soin de constituer au fil du temps. Actrice dans la loufouque comédie Vibes (1988) ou Life With Mikey (1993), celle-ci a également fait quelques apparitions dans les séries « Queer As Folk », ou plus remarquées comme son rôle de médium dans « Bones » ou plus anciennement dans « Dingue de Toi », qui lui vaudra un Emmy Awards. En y ajoutant ses premiers pas au théâtre dans l’Opéra de Quat’ Sous en 2006, la réalisation d’un spot publicitaire pour l’édition spéciale années 80 du Trivial Pursuit ou sa participation aux albums de Billy Joel (The Bridge) ou Wyclef Jean (From the Hut, To the Projects, To the Mansion), on arrive à la conclusion que l’artiste n’a pas chômé !

Surtout lorsqu’il s’agit de thèmes qui lui tiennent à cœur. Qu’il s’agisse de sa contribution au « Give Peace A Chance » réorchestré par Sean Lennon, pour sa grande amie Yoko Ono, ou sa dénonciation de la toxicomanie dans la chanson « Paper Heart » en duo avec Jane Wiedlin des Go-Go. Ou encore en faveur de la cause homosexuelle, dont elle entend briser les tabous et les incompréhensions à travers ses albums, la constitution de sa fondation True Colors Fund ainsi que par l’organisation des True Colors Tours dont elle déclare, dès la page d’accueil du site : « Si l’un d’entre nous n’est égal aux autres, alors personne ne l’est ».

Après avoir fait les belles heures de la pop, l’ex punkette a troqué sa tignasse rousse pour un carré platine vaporeux sur son dernier album Memphis Blues, sorti le 22 juin dernier aux Etats-Unis. Comme son nom le laisse supposer, c’est un album de reprises blues dont il s’agit ici. Un blues historique à en juger par les pointures présentes (BB. King, Jonny Lang, Allen Toussaint, Ann Peebles ou encore Charlie Musselwhite) réunis à l’occasion dans les studios Electraphonic de Memphis.

« C’est l’album dont je rêve depuis des années. Les chansons et les fabuleux artistes qui figurent sur l’album ont été minutieusement choisis, je leur voue une admiration depuis toujours. Dès l’instant où Allen Toussaint a plaqué les premières notes de ‘Shattered Dream’, j’ai su que nous étions en train de créer quelque chose de vraiment spécial.» révèle Cyndi sur la page Naive consacrée à l’album. Et pour être spécial, cet opus l’est : tout simplement parce qu’il a été enregistré en analogique, dans des conditions live et que la chanteuse a pris elle-même part aux arrangements.

Produit par Scott Bomar, Memphis Blues s’est placé en pole position des charts US dès le début et y resté des semaines durant, lui valant une nouvelle nomination aux Grammy en tant que « Meilleur Album Traditionnel de Blues ». Un démarrage en douceur avec les titres « Just Your Fool » ou « Don’t Cry No More » qui se précipite (« Rollin’ and Tumblin’ ») à raison que l’on progresse dans le disque… Constatez-le par vous-même en prêtant une oreille attentive à cette  magistrale leçon de blues !

(Les photos proviennent du site http://www.cyndilaupersite.com)

Sources


Sites internet :
http://cyndilauper.com/
http://www.myspace.com/cyndilauper
http://www.cyndilaupersite.com/
http://fr.wikipedia.org
http://en.wikipedia.org
http://www.rollingstone.com

Articles :
Cindy Lauper Biography : http://cyndilauper.com/bio/
True Colors tour : http://www.truecolorstour.com/
Cindy Lauper Memphis Blues : http://www.naive.fr/#/artist/cyndi-lauper
Interview with Cyndi Lauper : http://gaylife.about.com/od/index/a/cyndilauper.htm

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1 Comment

  • Reply
    alessandra
    22 février 2011 at 9:35

    A bientôt 30 ans moi aussi, le moindre petit air de Lauper me donne envie de partir en quête du trésor de Willy Le Borgne!! Girls just want to have fun!!

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