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Tamara, par Zidrou et Christian Darasse

Tamara est une lycéenne comme les autres, à un détail près : elle dispose d’un surpoids considérable. Cela ne lui a pas empêché de trouver l’amour avec Diego. Sorti en juin, le tome 8 de la série Tamara, intitulé Oh, le Salaud ! navigue subtilement entre humour et tendresse. Nous avons rencontré le dessinateur Christian Darasse et le scénariste Zidrou pour parler de cet album.

Save My Brain : Comment est né le personnage de Tamara ?

Zidrou : On voulait un personnage différent des autres adolescents de la BD. On a eu l’idée d’un personnage pas vraiment canon, avec des problèmes de poids. C’est avant tout cela qui nous intéressait, ça aurait très bien pu être un garçon.

SMB : Quelles sont vos inspirations pour les situations relatées dans l’album ?

Zidrou : On discute d’un univers et ça nous inspire les gags. On raconte la vie de Tamara comme on l’imagine, en se laissant des libertés. On ne cherche pas forcément à faire un gag. Ca peut être une tranche de vie, dont la chute n’est pas forcément un rire.

SMB : Comment avez-vous rendu la personnalité de Tamara en dessin ?

Christian Darasse : Assez rapidement, on a défini le principal, l’aspect général du personnage. On voulait une grosse appétissante, séduisante. C’est pour ça que je l’ai dessinée enrobée mais sans bourrelets. Qu’elle puisse être sensuelle. Parce qu’en quelque sorte, c’est une « loveuse », Tamara !

SMB : Comment faites-vous évoluer le personnage de Tamara au fil des albums ?

CD : Ca se fait tout seul. Je dessine Tamara comme ça vient. C’est d’ailleurs incroyable comme ça change !

Z : Pour le scénario, c’est un peu pareil. Ce que je sais, c’est que je ne suis pas encore prêt à l’emmener à l’université. Peut-être dans deux ou trois numéros. Il y a tout de même eu un changement, dès lors qu’elle a couché. On a longtemps hésité. Depuis, Tamara est devenu un personnage sexué.

SMB : Jugez-vous l’univers de Tamara représentatif de celui de la jeunesse ? Quelles sont les différences avec celui de Lou ?

CD et Z : La principale différence avec Lou, c’est que Lou est l’œuvre d’un auteur complet (qui fait dessin et scénario, NDLR). Julien Neel est aussi d’une génération plus jeune et a une sensibilité plus féminine. Nous sommes d’une école plus classique mais notre discours ne l’est pas. Lou et Tamara, ce sont deux sensibilités différentes sur un même sujet. D’autre part, je verrais bien un vingtième album de Tamara mais plus difficilement de Lou (Julien Neel nous a confié vouloir arrêter sa série au tome 8 lors de notre interview, NDLR). Lou évolue beaucoup plus, avec des cassures franches dans les scénarios qu’il n’y a pas avec Tamara. J’ajouterai que c’est tant mieux si Lou marche !

SMB : Pensez-vous qu’on va vers une acceptation des problèmes de poids ?

CD : Avant, dans une classe, il y avait un gros. Soit il était sympa et tout se passait bien, soit il était sujet de raillerie. Maintenant ou bientôt, ça sera un quart de gros dans la classe. L’acceptation dépend vraiment de la personnalité. On a toujours tendance à se moquer de la différence. Le surpoids n’est jamais facile à assumer, c’est toujours mieux d’être mince.

SMB : Comment avez-vous créé les camarades de Tamara ?

Z : Ca s’est fait naturellement. Il nous fallait une méchante. Alors on a créé le personnage de la jalouse mignonne flanquée d’une idiote. Les personnages se sont imposés à nous, on n’a pas eu à réfléchir pendant quinze ans. On n’a pas le temps comme au cinéma !

SMB : Jugez-vous ces personnages cruels ? Cela correspond-il à la réalité ?

CD : Oui, les ados sont cruels. Plus exactement, ils sont capables d’aller de la générosité à la cruauté. C’est un âge où on gagne en grandeur d’âme, petit à petit. Un peu comme on enlève les épines d’une rose.

SMB : Notre magazine s’appelle Save My Brain. Sauver les cerveaux… Comment peut-on le faire ?

Z : Le mien, c’est trop tard ! Il est déjà craquelé, fissuré, rouillé de partout.

CD : Je pense qu’on peut le faire en ne regardant plus la télé. Une certaine télé, en tout cas. Et d’ailleurs, pourquoi sauver les cerveaux ? On pourrait faire une réserve naturelle pour cerveaux. Un parc thématique, même. Les séries TV sont des voleurs de cerveaux.

SMB : Quels ont été vos derniers coups de cœur culturels ?

CD : Musicalement, j’écoute beaucoup Fats Waller en ce moment, un jazzman aux influences d’Armstrong. Sinon, j’aime beucoup la Superbe, le dernier album de Benjamin Biolay ou le groupe Animal Collective. En livre, j’ai été séduit par 2666, un roman d’un auteur chilien, Roberto Bolano. Au cinéma, c’est Le Ruban Blanc que je retiendrai. Sinon, en BD, j’ai beaucoup aimé Animal Lecteur.

Z : Les dernières BD qui m’ont plu, c’est le Retour à la terre, de Larcenet et De Gaulle à la plage, de Ferri.

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