Fred Dewilde était au Bataclan le 13 novembre 2015. S’il en est sorti vivant, après deux heures d’enfer, le traumatisme est toujours là, psychologiquement et physiquement même s’il n’a pas été blessé par les terroristes. Pour affronter le souvenir de cette nuit sanglante, Fred, graphiste en illustration médicale, a utilisé son crayon pour exprimer ce sur quoi ses mots butaient.
Dans Mon Bataclan, il dessine en noir et blanc, le déroulé de sa soirée. Le trait est brut, sans fioriture. C’est aussi sans pincettes, mais avec une sorte de détachement, qu’il évoque la barbarie des corps mutilés, les cadavres, et lui qui fait semblant d’être mort pour rester en vie… Et au milieu de toute cette atrocité, un sursaut d’humanité lorsqu’il évoque la bulle qui les a maintenus en vie, lui et Elise, une jeune rescapée, blessée qu’il ne connaissait pas…
Si la première moitié du livre est dédiée aux dessins noircis de Fred Dewilde, le reste de l’ouvrage vient compléter par des mots son cheminement de survivant. Il y met en lumière les émotions qui font défaut à sa BD. Il précise son histoire, son ressenti mais surtout comment l’attentat du Bataclan a bouleversé son quotidien. Le son, la peur, l’incapacité à se concentrer comme à se projeter dans le futur, même le plus proche, voilà désormais avec quoi il doit composer chaque jour qui passe…
Il est quasiment impossible de juger la forme de ce livre quand le fond est aussi grave. Pourtant, c’est avec une vraie force de caractère que Fred Dewilde parvient à donner forme à l’impensable, au drame humain qui s’est joué au Bataclan. Ce n’est pas un hommage, c’est simplement le témoignage d’un survivant qui a vu le pire et qui veut vivre. Poignant et terriblement humain.
Note de Save My Brain pour l’opération « La BD fait son festival » : 16/20
No Comments