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Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire d’après Lemony Snicket : investigation sur une littérature jeunesse (très) curieuse

Publiée entre 1999 et 2006, Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire est une série littéraire destinée à la jeunesse, dont sa particularité réside en son ton délibérément pessimiste. Composée de treize tomes tous comptant treize chapitres à leur égard, cette collection de livres aussi étonnants que bien funestes possède un narrateur qui ne cesse de dissuader le lecteur à continuer de poursuivre la lecture du périple périlleux de ces trois enfants extraordinaires.

Justement, qui est réellement l’auteur de ces livres ? Le nom « Lemony Snicket » orne la couverture de chaque tome mais celui-ci est un personnage mystérieux qui revendique l’unique but de relater ces tristes événements. Pourtant, Lemony Snicket n’est pas à proprement parler réel puisque seul Daniel Handler, auteur de romans pour adultes, assiste aux entretiens pour « remplacer » son auteur. Entre jeu sur la fiction, le contraste permanent entre des élans d’espoir attendus par le lecteur et les situations macabres décrites par le narrateur ainsi qu’un univers attirant, ces Désastreuses Aventures renferment un vivier truculent d’aventures insolites, possédant des thématiques crues et empreint d’un vocabulaire soutenu propre à étoffer les connaissances du jeune lecteur.

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  1. Daniel Handler : un homme-à-tout-faire entreprenant

Né le 28 février 1970 à San Francisco, Daniel Handler possède pour l’instant une carrière très hétéroclite. A la fois écrivain, scénariste, activiste et même accordéoniste, cette personne un brin cynique a publié trois de ses romans tous assez lus du mauvais œil par certains éditeurs. Le premier roman publié en 1998, The Basic Eight, intitulé Le Cercle des huit, décrit pour exemple une vision terrible du quotidien des adolescents ; une œuvre qui, selon son auteur, aurait été rejetée 37 fois par des éditeurs. Jouant avec les nerfs de l’édition en voulant aborder homosexualité, violence, passion, amour, amitié et respect sans allègement du propos, Handler se fait connaître comme une sorte de « trublion de la prose » en transformant ses livres en pures expérimentations des sens de la grammaire, comme le montre son recueil de nouvelles Adverbs publié en 2006 qui définit l’amour sous toutes ses formes, le plus souvent grammaticales. Handler dit : « le vrai miracle réside dans l’adverbe : la façon dont se fait la chose. ». C’est la parole d’un véritable amoureux des mots, composant et jouant avec le langage pour défendre sa vision du monde. Daniel Handler peut apparaître étrange et antipathique dans sa manière de parler ; pourtant, son écriture singulière mérite attention tant son approche des sujets graves avec un ton pince-sans-rire apporte une modernité délicieusement captivante à ses œuvres littéraires.

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  1. L’origine d’un conte de fées perverti :

Rien de toute son œuvre littéraire ne conduisait Daniel Handler à rédiger un jour une œuvre pour enfants. Au grand déplaisir des éditeurs, cela est bel et bien arrivé, et ce de manière inattendue ! Sous la recommandation d’un éditeur appréciant son écriture, Handler refusa sans attendre l’idée d’écrire un livre destiné à la jeunesse, puis accepta finalement. Il est revenu sur sa première réaction, en expliquant qu’il haïssait profondément les livres pour enfants, les considérant même à son jeune âge comme des divertissements puérils et sans le moindre intérêt pour la plupart. C’est pourquoi, en composant la série des Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, l’auteur se lance dans le défi en élaborant ce qu’il appelle un « anti-conte de fées ». Cette collection a nourri l’imagination de beaucoup d’enfants lecteurs du début du XXIème siècle, fascinés par son univers insolite et son écriture raffinée et moderne. Traduits en 41 langues, on estime que plus de 55 millions d’exemplaires de ces treize romans ont été vendus à travers le monde. Couronnée d’un succès remarquable et de la mise en vente tardive de multiples hors-séries, la série littéraire sous le nom de « Lemony Snicket » obtient rapidement le statut de best-seller, au même titre que l’aventure d’Harry Potter par J.K. Rowling, sans avoir la même longévité culturelle que le petit sorcier scarifié. Ce qui rend cette série d’autant plus unique !

 

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  1. Les Désastreuses Aventures d’après Lemony Snicket : quand la diablerie pessimiste amuse et intrigue l’enfant qui est en nous

« Cher lecteur, je regrette fort de devoir le dire, mais le livre que voici ne contient rien de plaisant. » annonce Lemony Snicket, traduit par Rose-Marie Vassallo, dans le premier tome intitulé Tout commence mal. C’est une déclaration en phase avec le ton outrageusement saugrenu de cette série : celle-ci s’incarne sous forme de chroniques revendiquées comme authentiques par un « reporter » qui se dit avoir « le triste devoir de les relater », retraçant le destin funèbre de trois orphelins extraordinaires. Ces enfants ont chacun des talents surnaturellement développés : Violette, la grande sœur, est une inventrice d’objets pratiques et de mécaniques utiles, tandis que Klaus est un lecteur exemplaire doté d’une mémoire quasi photographique et la petite Prunille est un nourrisson possédant curieusement une dentition tranchante. Ces trois enfants de la riche famille Baudelaire deviennent orphelins dès le début et ne cessent d’échapper aux manigances d’un scélérat cruel et avide de la fortune Baudelaire, un dénommé Comte Olaf, prétendu membre lointain de leur arbre généalogique. Cet individu malfaisant multiplie enlèvements, meurtres, coup bas et déguisements dans le but de parvenir à ses fins.

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Au cours de ces tomes où les orphelins enchaînent les tuteurs excentriques à la chaîne, le lecteur est plongé dans une atmosphère insolite et décalée, presque cauchemardesque avec cette répétition d’un danger qui s’acharne sur ces trois jeunes héros. Contrairement à des récits pour enfants qui cherchent à rassurer l’enfant, les orphelins Baudelaire ne réussissent pas complètement à se sortir de leurs pétrins, car ils vivent dans un monde d’adultes bornés qui n’arrivent pas et ne veulent pas les comprendre. C’est dans cette perspective que le traitement anti-féérique de l’histoire par l’auteur fait des merveilles : Les Désastreuses Aventures mettent en scène ni plus ni moins qu’un univers absurde régi par des règles inversées, comme les enfants qui se montrent plus habiles et plus fins d’esprits que la panoplie d’adultes essayant de les endoctriner. Ce procédé d’inversion donne comme résultat une valorisation étonnante des qualités de l’enfant : Violette, Klaus et Prunille doivent user de leurs talents, ou même faire l’effort de trouver une solution par une voie inconnue pour eux, afin de persévérer dans cette mécanique de mauvaises chances. C’est une façon pour l’auteur de rafraîchir en quelque sorte le roman de jeunesse afin de leur inculquer les valeurs de courage et de débrouillardise dans des situations inattendues.

L’univers est proprement fascinant grâce à cette ambiance lugubre teintée d’humour noir. Chaque lieu visité, par leur architecture et leurs pièces cachées, renferme des secrets susceptibles à faire avancer une intrigue mystérieuse liée au récit-cadre. Ces endroits incongrus représentent justement les démons qui hantent les orphelins, comme l’appartement des Deschemizerre dans le sixième tome qui représente l’inverse de la grande et belle demeure des Baudelaire ou l’établissement scolaire où sont inscrits les orphelins dans le cinquième tome, le collège Prufrock décrit comme « un cimetière vivant où ils allaient devoir vivre ». D’ailleurs, le sentiment de danger de mort guette les trois enfants Baudelaire à chaque péripétie. C’est un des thèmes importants de la saga, suffisamment développé avec tact pour ne pas traumatiser les jeunes lecteurs. Ce danger est représenté de différentes manières (une maison en décrépit, un cirque effrayant, une mare remplie de sangsues carnivores, etc.) mais il est incarné avant tout par le délicieusement détestable Comte Olaf. Gredin sans vergogne à la tête d’une éclectique troupe de théâtre, ce personnage est fascinant et inquiétant dans sa cruauté sans limites. Affublé d’un mono sourcil, de yeux luisants et d’un œil mauvais tatoué sur la cheville, il est présenté ironiquement par le narrateur, comme en témoigne ce passage du premier tome : « le pire endroit devient acceptable si les gens qu’on y côtoie sont gentils et intéressants. Hélas, le comte Olaf n’était ni intéressant, ni gentil. Il était exigeant, colérique et il sentait mauvais. Son unique qualité, c’était d’être rarement présent. ». Ces mots posent directement le caractère de l’antagoniste avec un humour noir délectable. Abordant le rôle du monstre cupide, le comte Olaf devient au fil de la saga un personnage aux milles visages, à la fois tragique dans ses blessures personnelles et risible dans son statut de comédien raté. Il s’impose ainsi comme la véritable Némésis des orphelins, le seul adulte à les entendre et étrangement à les comprendre. Le Comte Olaf est le maître étalon d’une galerie de personnages tout à fait pittoresques, comme un proviseur schizophrène, ou détestables, comme Mr. Poe le banquier ami des Baudelaire.

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Autour de ces personnages croustillants, la saga déploie un univers intriguant, à la fois nourri de références culturelles et fondé selon sa propre logique. C’est un monde coincé entre différentes époques, le plus identifiable étant le XVIIème siècle. C’est un paysage littéraire extrêmement mouvementé : le nombre de références littéraires liées au merveilleux et au gothique sont légions et la multiplication d’expressions soutenues est mise en avant dans le but d’apporter du vocabulaire au lecteur. Chaque titre, chaque nom de lieux ou de personnages donnent lieu à des allitérations : le titre du huitième tome en anglais est The Hostile Hospital, ce qui est compensé par des sonorités similaires Panique à la clinique, comme les orphelins rencontrent le docteur Montgomery Montgomery, leur second tuteur. L’auteur donne également la définition d’expressions qui pourraient sembler compliqués pour un jeune lecteur. Introduites par la formule « mot / expression qui signifie ici… », ces définitions sont toutefois insolites, car elles ne s’appliquent qu’au contexte en laissant de côté la signification générale. D’ailleurs, le point le plus énigmatique de la série est l’identité de l’auteur. Bien souvent, le narrateur anticipe sur les événements à venir pour jouer avec les sentiments d’espoir du lecteur vis-à-vis des trois orphelins. Il interrompt régulièrement le cours du récit pour parler d’événements antérieurs à sa vie privée, ce qui peut sembler simplement inutile à l’histoire principale. Les dédicaces de chaque livre adressées à une certaine Béatrice sont empreintes d’une mélancolie poétique : dans le sixième tome intitulé Ascenseur pour la peur, la dédicace sonne comme un credo tragique, « Pour Beatrice, ma vie a commencé le jour où je t’ai rencontrée. – Un battement d’ailes plus tard, la tienne s’est achevée. »  (en anglais : « For Beatrice–When we met, my life began. Soon afterwards, yours ended. »). Bien que la trame déterminée par la répétition de situations similaires puisse lasser au bout de quatre tomes, la forme mécanique susdite est entièrement assumée, car elle joue avec un compromis entre l’auteur et l’éditeur. Ainsi, par une invitation à ne pas continuer de lire le livre sous peine d’en être traumatisé, Snicket, ce narrateur se situant entre le réel et la fiction, donne envie au lecteur de poursuivre la lecture. La série littéraire de Lemony Snicket devient progressivement une peinture poétique de la fiction qui crée une enquête sur sa propre véracité.

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Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire est une collection de romans jeunesse profondément moderne dans sa construction narrative mais qui respire un parfum de vieille bibliothèque. Navigant dans un univers que n’aurait pas renié Charles Dickens, cette série littéraire offre une lecture déroutante, même épuisante et en même temps fascinante. Le lecteur est plongé dans un puzzle qui ne sera résolu qu’à travers sa relation avec l’auteur mystérieux de ces infortunes péripéties. Empruntant un aspect serial, l’auteur va jusqu’au bout de son traitement anti-féérique de l’histoire pour rebâtir une nouvelle forme de fable douce-amère. Ces chroniques teintées d’humour cynique ont comme qualité séduisante de faire revivre au lecteur le sentiment d’incertitude qui pousse le lecteur à explorer cet univers de papier moribond, cachant sous sa narration pessimiste une volonté d’apprentissage de morales par une méthode inversée.

 

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  1. Les Désastreuses Aventures d’après Brad Silberling : quand la mélancolie fantasmagorique côtoie maladroitement l’aventure familiale au cinéma

A série littéraire à succès, adaptation à compter ! C’est le studio Paramount Pictures, aidé de la filiale Nickelodeon Movies, qui s’est occupé à récupérer les droits de la saga littéraire en 2000 pour produire une adaptation cinématographique. A la tête de ce long-métrage, Barry Sonnenfield, réalisateur de La Famille Addams et de Men in Black, accessoirement grand fan des livres, devait chapeauter la réalisation du projet, en donnant les rênes du scénario à l’auteur lui-même. Handler a très vite avoué qu’il ne souhaitait pas réellement voir son œuvre adaptée sur un autre support et, si film il y aurait, il exigerait qu’un seul film valait la peine d’être réalisé. Néanmoins, l’auteur fut écarté du projet à cause de ses directives, le studio voulant établir les bases d’une saga cinématographique susceptible de concurrencer Harry Potter.  Scénario réécrit et réalisateur changé en la personne de Brad Silberling, réalisateur de Casper et de La Cité des anges et novice de la série littéraire, le long-métrage est sorti finalement en décembre 2004 et a remporté un « Acamedy Award » pour les décors et maquillages. Doté d’un budget de 125 millions de dollars et assuré d’un casting quatre étoiles, Jim Carrey en Comte Olaf, star de premier ordre, le long-métrage devait contenter tous les publics, ce qui a été un petit succès bien amer en fin de compte.

Adaptant les trois premiers tomes de la saga, le film est avant tout un fort bon divertissement familial dont le but est de retranscrire fidèlement l’ambiance décalée et sordide qui faisait le charme des livres. Sur ce point-là, le long-métrage est effectivement réussi : le spectateur est lancé dans un univers magnifiquement étrange, supplanté par la musique grisante de Thomas Newman et par la relation respectée entre auteur et confident ; en témoigne cette sublime introduction, correspondant parfaitement à la plume ironique de l’écrivain. Le réalisateur crée un monde fantasmagorique, des trucages volontairement artificiels jusqu’aux maquillages souvent grotesques, mais dirige surtout un casting très performant, que ce soit Timothy Spall, Bill Connolly, Jude Law, Catherine O’Hara ou encore Meryl Streep. Le trio d’enfants incarnant les orphelins Baudelaire s’en sort bien également. Truffée de clins d’œil à différents éléments de l’univers original, l’adaptation cinématographique ménage avec efficacité l’aventure et l’humour caustique dans une aventure qui ne manque cependant pas de lacunes pour emporter l’adhésion totale.

Le long-métrage souffre en premier lieu de sa manière d’adapter les trois tomes : les évènements s’enchaînent souvent trop rapidement, ce qui nuit à l’attachement du spectateur à certains personnages. Plus important encore, le film peut paraître déséquilibré, car il mêle maladroitement l’ambiance mélancolique issue des livres avec un ton paradoxalement familial voulu par les producteurs. Jim Carrey est le représentant idéal du goût d’étrangeté légèrement aseptisé laissé par le personnage : étant un choix pertinent pour le rôle de l’odieux mais risible comte Olaf, l’acteur livre cependant une interprétation trop excentrique du personnage, ce qui le rend plus comique que réellement menaçant. A ce stade, l’acteur véhicule derrière son visage méconnaissable une image trop en réminiscence de ses précédents rôles, Ace Ventura en priorité. Par conséquent, le méchant s’impose alors en vedette du long-métrage. Dans cette perspective, le film manque clairement d’émotion car il ne laisse que très peu de place aux orphelins, leurs seuls moments étant individuellement efficaces pour susciter l’empathie mais se révélant trop rares dans le résultat final pour convaincre le public.

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire sur grand écran donne un long-métrage élégant mais maladroit. Abordant une histoire simplifiée, celui-ci confond malheureusement ses intentions de réalisation et ses impératifs. Jouant sur les deux tableaux, c’est-à-dire un petit film gentiment étrange et un long-métrage destiné à la famille, l’adaptation cinématographie perd en émotion, ce qui aurait pu rendre l’univers plus dynamique. Cela dit, il reste un film pour enfants satisfaisant, ayant comme atouts une créativité visuelle plaisante et un casting de haute volée, exceptée peut-être pour la tête d’affiche un peu trop en roue libre. A ce titre, le générique de fin est à lui seul un court-métrage en animation, sublime car réadaptant avec justesse l’esprit saugrenu des livres.

 

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  1. Les Désastreuses Aventures d’après Barry Sonnenfield et Netflix: quand le drame cynique se réincarne…

Dix ans après son passage sur grand écran, la saga littéraire est actuellement adaptée en série télévisée par la plateforme Netflix, reconnue à présent notamment pour la série Daredevil (2015). Scénarisé par Daniel Handler lui-même (encore une fois !), ce projet sera réalisé par Barry Sonnenfield, producteur exécutif du film de 2004, et dirigé par Mark Hudis, « showrunner » de True Blood (2008-2014). A la recherche des acteurs pour les trois orphelins, Netflix n’a donné comme unique information la période de tournage fixée au printemps de l’an prochain pour une diffusion potentielle à la fin 2016.

 

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Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire est un univers littéraire troublant mais fascinant à explorer. Daniel Handler a réussi son pari de mettre en place un « anti-conte de fées » dans la mesure où son œuvre en treize tomes a suscité autant de curiosités à ses publications. « Best seller » pour enfants, cette collection de livres funestes appelle à la soif de lecture et invite le lecteur à s’amuser avec une malice bienveillante et une lucidité sans limite dans cette poétique mélancolique de l’aventure jeunesse.

 

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