Le mercredi 7 janvier 2015, cinq dessinateurs du journal satirique « Charlie Hebdo » ont été tués par des terroristes. Avec leurs crayons, ces cinq dessinateurs exprimaient leurs idées avec humour sur notre société au travers de caricatures. Avec leur assassinat, c’est la liberté de la presse qui est attaquée, c’est aussi la liberté d’expression qui est bafouée. De Wolinski, Cabu, Charb, Tignous, Honoré était celui qui était le moins connu mais qui était une figure du journal satirique, j’ai donc voulu faire la chronique littéraire sur lui et ainsi lui rendre hommage.
« un bon dessin vaut mieux qu’un long discours » Honoré
Dessinateur de presse et illustrateur français, Philippe Honoré dit Honoré est né le 25 novembre 1941 à Vichy. Il vit à Pau, quitte l’école très tôt, et apprend le dessin en autodidacte. Son premier dessin sera publié dans le journal Sud Ouest en 1957. Puis il est employé comme dessinateur industriel par la société nationale des gaz du Sud Ouest. Il collabore aux quotidiens, revues et magazines « le Monde », « Libération », « l’Evènement du Jeudi » « les Inrokuptibles », « Globe », Lire », « le Magazine littéraire », « la Vie ouvrière », « Hara Kiri »… Il illustre des ouvrages, réalise des couvertures et entre en 1992 chez Charlie Hebdo, le journal satirique, pour lequel il fait deux à trois dessins chaque semaine. Il se rendait à Charlie Hebdo, uniquement le mercredi pour assister à la conférence de rédaction du journal satirique.
Le mercredi 17 janvier 2015, le dessin d’Honoré parait sur le compte twitter de l’hebdomadaire satirique dans lequel est représenté le chef de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghadi présentant ses voeux et déclarant « et surtout la santé », quelques minutes plus tard un attentat a lieu dans les locaux du journal satirique faisant douze morts dont cinq dessinateurs du journal.
Outre les illustrations pour divers guides, ouvrages de 1984 à 2012, Honoré a illustré et participé à des ouvrages, albums… en voici quelques uns :
Il a participé à l’illustration de nombres de couvertures des petits classiques Larousse dont notamment l’édition anniversaire du « Petit Larousse 2010 » avec Cabu, Wolinski, Willem etc..
Il a illustré la bande dessinée de Rufus « Ouvert le jour et la nuit » en 1995 aux éditions Glénat.
Une de ses spécialités était d’avoir inventé des rébus illustrés pour le magazine « Lire ». Ses rébus littéraires étaient des représentations picturales dont le graphisme agencé librement par le dessinateur permettait de deviner une oeuvre littéraire, ou le nom d’un écrivain, avec des questions devinettes et solutions. Le recueil des rébus publiés dans le magazine « Lire » ont été édités en 2001, 2003 et 2006 aux éditions Arléa.
En 2011, « je hais les petites phrases » aux éditions Charlie Hebdo-les Echappés, est un recueil réunissant les citations et phrases marquantes -et illustrées- du quinquennat Sarkozy.
Style
Honoré a un style différent de ses camarades de Charlie Hebdo, un style bien à lui privilégiant les ambiances sombres, avec un trait épais et le noir et blanc. Sa signature particulière et reconnaissable était représentée dans un carré emprisonnant les six lettres de son nom.
Honoré était un illustrateur talentueux et modeste. Cet homme cultivé était un intellectuel engagé du côté du plus faible, qui livrait sa lecture du monde en s’exprimant à travers le dessin politique, dénonçant la politique d’austérité ou l’emprise de la religion, alertant sur l’écologie etc…
Discret et perfectionniste, sa façon de dessiner était un engagement car il était soucieux de vérité. Il travaillait chez lui, n’avait ni internet, ni téléphone portable, prenant de la distance avec l’immédiateté de la communication émotionnelle, de l’urgence obligatoire et de la pensée, prenant son temps pour réfléchir à son dessin pour exécuter un dessin parfait. Il dessinait entouré d’archives nécessaires à sa manière très documentée de travailler et caricaturait en mettant en scène l’homme politique, en le costumant, et en le mettant dans un décor subtil. Il aimait le contact avec ses lecteurs et répondre aux demandes de conseils des jeunes.
Cet artiste attachant et délicat avait aussi un intérêt pour la langue et sa politique. Son trait noir et blanc ne laissait aucune fantaisie à l’interprétation, il allait droit à l’essentiel avec un coup de crayon rigoureux, marqué par la puissance et la force de ses noirs et blancs. Plantu dit de lui « c’était un enragé très poli et doux. Tout ce qu’il disait de violent passait par le trait ».
« Mon grand bonheur, c’est de provoquer un plaisir intellectuel
aux gens qui cherchent les solutions.
Et un plaisir visuel, car j’essaie au maximum de réaliser
une vraie image qui tienne toute seule, sans texte »
Honoré
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delco
28 janvier 2015 at 12:51chronique nécessaire pour aviver les mémoires…et les consciences