Chanteuse rock

Linda Ronstadt

Ce qui attire l’oeil chez Linda Ronstadt, ce sont ses grands yeux malicieux. A bien y regarder d’ailleurs, on lui trouverait volontiers un faux air à Carrie Fisher, la mythique Princesse Leïa dans Star War de George Lucas. D’autant plus troublant quand on sait que Mlle Ronstadt a partagé un temps la vie du créateur de la saga cinématographique… Mais il serait trompeur de croire que cette auteure-compositrice-interprète immensément populaire chez nos compatriotes américains ait pu se cantonner à la seule gloire d’être une « ex de » : reconnue comme l’une des chanteuses les plus polyvalentes et accomplies aux Etats-Unis, celle-ci a enchaînée les récompenses les plus courues en près de 46 ans de carrière. Récit d’une fantastique épopée musicale !

Quand j’étais petite j’étais un jedi

Derrière cette carrière hors normes, se cache une famille exceptionnelle. Née le 15 juillet 1946 à Tucson en Arizona, Linda Marie Ronstadt a pour parents, Gilbert Ronstadt, PDG d’une usine de pièces de machines et de Ruth Mary Copeman Ronstadt, mère au foyer possédant néanmoins des prédispositions pour les sciences. Sa famille compte d’illustres ancêtres côté paternel et maternel : famille de pionniers d’ascendance mexicaine, allemande et anglaise, les Ronstadt ont grandement influencé le développement économique de l’état tandis que les Copeman, comptent des racines allemande, anglaise et néerlandaise et joue de la renommée du grand-père, Lloyd Groff, prolifique inventeur avec plus de 700 brevets à son actif (le bac à glaçons en plastique par exemple, c’était lui!). C’est dans ce background assez exceptionnel que la petite Linda grandit dans le cossu ranch familial, auprès de ses frères Peter, Michael J et de sa sœur Gretchen, dite « Suzy » (allez comprendre).

Leur éducation musicale va passer, presque naturellement par les airs traditionnels mexicains, les opéras comiques de Gilbert and Sullivan mais également le répertoire traditionnel folk. Linda elle, identifie déjà Lola Beltrán, Édith Piaf, mais aussi et surtout Maria Callas, comme ses idoles. La création d’un trio folk avec Peter et Suzy sous le nom de « The Union City Ramblers » puis « The Three Ronstadts » lui donne un avant-goût d’une carrière professionnelle. Voie qu’elle décide d’embrasser sitôt passé un semestre à la fac, en s’installant à L.A. fin 1964 pour y rejoindre son ami Bobby Kimmel. En compagnie du guitariste Kenny Edwards, ceux-ci forment le groupe folk-rock « The Stone Poneys » aux prolifiques débuts, sortant 3 albums  en 15 mois. Un hit leur collera bien vite à la peau : « Different Drum » (ndlr : écrit et composé par Michael Nesmith, avant son arrivée chez The Monkees). Et déjà Linda décide de faire cavalier seul.

Long longtemps

Guidée par l’éclectisme, Ronstadt sera l’interprète de chansons originales mais aussi de standards réintroduits à toute une nouvelle génération d’auditeurs. Et se joue volontiers des genres, en jonglant habilement avec les ambiguïtés de l’écriture. Rapide chronique de ses albums les plus emblématiques. Premier album sorti en 1969, Hand Sown… Home Grown sera également le premier du genre country alternatif enregistré par une artiste féminine. Enregistré totalement à Nashville, Silk Purse suit l’année suivante et marque la collaboration du producteur Elliot Mazer, qui s’est auparavant illustré avec Janis Joplin. Son premier tube ? « Long Long Time » qui lui vaut une première nomination aux Grammy nomination en tant que « Meilleure Performance Vocale Féminine Contemporaine ».

La clé du succès,  la chanteuse l’obtiendra avec Heart Like a Wheel (1974). Véritable usine à tubes, celui-ci contient plusieurs hits dont « You’re No Good » et « When Will I Be Loved. », réinterprétations rock et country rock de respectivement la chanson de Clint Ballard Jr. et de celle des Everly Brothers. Avec plus d’un million de copies écoulées, cet album platine promet le même sort pour ses successeurs comme Simple Dreams (1977) qui transforme même l’essai grâce notamment aux hits « Blue Bayou » de Roy Orbison song ou « It’s So Easy » à l’origine chantée par Buddy Holly. Parmi ses nombreuses nominations aux Grammy Awards, celle de la « Meilleure Couverture d’Album », signé Kosh.

Après un virage punk rock avec Mad Love, son septième album platine où s’illustrent des pointures comme Elvis Costello, The Cretones ou le musicien Mark Goldenberg, Linda opère un tournant vers la pop/jazz grâce au compositeur Nelson Riddle avec les opus Lush Life (1982), What’s New (1983) et For Sentimental Reasons (1986). Puis c’est vers ses racines mexicaines que l’artiste pousse l’investigation musicale à travers Mas Canciones (1990), Frenesi (1992), faisant la part belle aux airs traditionnels mexicains que son père affectionnait tant.

Ce retour à la musique roots se poursuit en 1993 avec Winter Light qui, en dépit de ses sonorités new age, est un cuisant échec sur le plan commercial. S’ensuivent Feels Like Home qui signe deux ans plus tard un retour au country rock ainsi que Dedicated to the One I Love (1996), un album où les classiques du rock se voient réinventés sous la forme de berceuses) . Sorti en 1998, l’audacieux We Ran détient malheureusement le triste record des ventes les plus catastrophiques avec seulement 60 000 copies écoulées. Malgré ces revers de fortune, l’artiste continue de privilégier l’éclectisme en s’offrant une virée vers la musique cajun dans son dernier album Adieu False Heart (2006) et en ayant participé à l’album hommage We All Love Ella : Celebrating the First Lady of Song, honorant l’une des, si ce n’est la, plus grande(s) artiste(s) jazz.

 

Quand serais-je aimée ? 

Telle était la question que se posait Linda dans l’un de ses plus fameux tubes « When Will I Be Loved »  (ndlr : pour le rappel un des bijoux de Heart Like a Wheel sorti en 1974). Eh bien, on a envie de lui répondre que c’est chose faite à l’inventaire de ses quelques 19 disques d’or, 14 platine et 7 double-disques platine, sans compter ses 27 nominations aux Grammy Awards dont l’obtention de 11 effectifs dans des genres aussi divers que la pop, country, musique tropicale, américano-mexicaine  ou comédie musicale enfantine! L’ex coqueluche des médias a de quoi se rassurer : avec sa voix couvrant plusieurs octaves, tantôt alto, tanto contralto, cette interprète exceptionnelle est à jamais entrée dans la postérité. En atttestent ses innombrables couvertures de magazines, Time et Rolliing Stone en tête et des qualificatifs aussi élogieux que « Doyenne des rockeuses » ou « Reine du rock ».. Rien que ça !

Difficile de se figurer l’irrésistible succès de celle qui fut une superstar adulée : première femme de l’histoire à enchaîner 3 albums platine de suite, premier record, avant d’en aligner 5 autres, portant le tour de force à 8 consécutifs ! Pionnier en la matière, son album Canciones De Mi Padre est ainsi devenu le meilleur album non anglophone de l’histoire musicale américaine, avec une distribution de plus de 2,5 millions d’exemplaires aux Etats-Unis. A l’image de ses origines métissées, la force de Linda a été de savoir fondre ensemble le rythm and blues avec la country et le rock (mais pas que !) pour créer une musique singulière, d’un album à l’autre. Même les standards des légendes que celle-ci a revisité au cours de sa carrière ont acquis un nouveau souffle grâce à elle, permettant d’être introduits à toute une nouvelle génération de fans !

Aucune autre artiste féminine n’ayant aussi massivement remporté l’adhésion collective qu’elle-même, Ronstadt a donc prouvé à la scène musicale rock, à une époque encore largemment dominé par les hommes, qu’une révolution artistique était en marche. Suffit l’omniprésence masculine, il faut désormais compter sur leurs homologues féminines pour remplir des stades entiers et monopoliser les charts. Et ça Lady Gaga l’a bien compris ! Blague à part, l’aura de Ms Ronstadt est tellement important que celle-ci a fait son entrée en 2007 au Arizona Music & Entertainment Hall of Fame avant d’être gratifiée Docteur Honoris Causa au Berklee College of Music au regard de ses réalisations, de ses influences pour la musique ainsi que ses contributions pour la culture américaine et internationale. Ah oui, sans oublier la fabrication en 2009 du modèle « Linda Ronstadt » en édition limitée  par la célèbre marque Martin Guitars !

Particulièrement militante quant à la reconnaissance des droits et du mariage homosexuel ou le traitement des sans papiers, l’artiste est également engagée sur les questions environnementales, en prônant une agriculture biologique et un respect de l’écologie. Si Linda a abandonné l’arène des grands stades pour installer (sporadiquement) sa scène dans des salles à dimension plus humaine, c’est que celle-ci a choisi d’élèver en toute tranquilité ses enfants, ceux qu’elle a adopté, dans sa ville natale de Tucson. A peine sait-on qu’une autobiographie est sensée voir le jour pour 2013. Comme celle-ci le confiait au détour d’une interview : « Chacun peut faire de la musique à son niveau. Il s’est juste trouvé que la mienne a résonné à travers les années, d’une manière ou d’une autre, avec un nombre suffisant de personnes pour que je puisse en faire mon métier ». Ah cette Linda, modeste avec ça ! (http://www.ronstadt-linda.com/gold03.htm).

(Les photos proviennent de http://www.myspace.com/lindaronstadt et http://www.ronstadt-linda.com)

Sources

Sites internet

http://www.ronstadt-linda.com/

http://vanguardrecords.com/vault.html?controller=artists&task=view&id=30

http://fr.wikipedia.org

http://en.wikipedia.org

http://www.myspace.com/lindaronstadt

Articles

    Linda Ronstadt Le rock dictionnaire illustré, Larousse (1997)

Home at Last, The Journey of Linda Ronstadt : http://www.ronstadt-linda.com/gold03.htm

500 Albums Of All Times : Heart Like A Wheel (1974) : http://www.rollingstone.com/music/lists/500-greatest-albums-of-all-time-19691231/heart-like-a-wheel-linda-ronstadt-19691231

Linda Ronstadt Biography : http://www.allmusic.com/artist/linda-ronstadt-p5302

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