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Droit à la vie privée : l’Europe versus Facebook ?

La nouvelle est toute fraîchement sortie dans les dernières dépêches : Facebook s’est imposé en tant que réseau dont l’ampleur est incommensurable ! Surprise ou stupeur, qui aurait pu ne serait-ce que le soupçonner ! Trêve d’ironie. En dépit du statut de «réseautage» tel qu’il est sans prétention décrit sur la page wikipédia de son jeune papa Mark Zuckerberg, milliardaire qui pourrait être notre «ami» mais qui est également le super patron de la génération Y, comment  appréhender le gros monstre ?

Il a l’air sympa Mark, avec son sourire un peu nigaud, premier de la classe et il est bel et bien le premier. Mais faut-il être son copain ? Plus sérieusement, le problème sur Facebook se pose de la façon suivante (attention si vous vous attendiez à un algorithme de mathématiciens vous n’êtes pas à la bonne adresse http ) : comment reconstruire décemment le concept de droit à la vie privée, en évitant la privation de l’intime ? Comment gagner le droit à l’oubli ou simplement contrôler mon anonymat ? Et oui, chers amis ! Si les grands enfants classés génération Y,  sont reconnus à leur particularité de considérer les transformations morales des années 60/70 comme acquises, par les spécialistes de la spéculation en population active, laissons au moins cinq minutes de côté notre esprit pop, facile et décontracté pour nous apercevoir que ces dernières années une chose est loin d’être acquise : le droit à l’intime.

Le philosophe Mickael Foessel, dans son livre La privation de l’intime, paru en 2008, nous explique à quel point la sphère privée est une conquête moderne, alors même que l’on nous fait croire à l’individualisme. Une conquête qui est donc loin de faire l’objet des aspirations de chacun, hormis lorsque l’un de nous se trouve lésé. Mais très franchement qui souffre vraiment de cette privation de l’intime ? Tout le monde n’est-il pas dans le fond un peu exhibitionniste ? Adoptons une posture résolument pragmatique et voyons ce qui est en notre pouvoir.

Si l’on s’autorise à voir les choses schématiquement, la guerre a été déclarée : Mark Zuckerberg (USA), Versus, Max Schrems Autrichien, autre petit génie de son état et fondateur du site europe-v-facebook.org dont le fichier PDF Facebook, de données personnelles conservées par l’entreprise comporte plus 1120 pages. Combien de pages en tout en multipliant ce chiffre par tous les «likers» ? Votre imagination saura mesurer approximativement le résultat qui fricote de façon outrancière avec l’infini.

Faut-il espérer que les réseaux de ripoux suspectés au sein de l’entreprise elle-même ne soient pas suffisamment bien organisés pour tout contrôler en cas d’abus de pouvoir, manipulations et autres commerces peu éthiques ? Toute naïveté bien gardée, imaginer l’ampleur d’un tel phénomène c’est bien beau, mais c’est  toujours suspect de passer son temps à  insister sur sa propre impuissance, comme si elle nous confortait. Que pouvons-nous faire ? Et bien lire, chers amis, lire. Voici tout d’abord quelques liens utiles :

– Le CNIL Commission nationale de l’informatique et des libertés : www.cnil.fr

– L’ONG fédération informatique et libertés : www.vieprivee.org

– Le site de Max Schrem : http://www.europe-v-facebook.org/FR/fr.html

Dans How I met your Mother, qui préférez-vous : Barney ou Marshall ? Les lois européennes peuvent paraître risibles, mais relativement à qui veut l’entendre. Il y a bien  les stars de la protection de la vie privée, c’est un gagne pain, comme l’écologie, mais il peut être intéressant de suivre la commission européenne. En février 2010, Viviane Reding, Vice présidente de la commission, s’était exprimée lors de la Safer internet Day, sur les droits fondamentaux de la protection des données personnelles sur internet, spécialement prévue pour les enfants et les adolescents; le slogan «Tu publies ? Tu réfléchis !» (Save my brain se fait donc un honneur de passer le message). Facebook avait signé pour ces principes de défense, avec Arto, Bebo, Dailymotion, Facebook, Giovani.it, Google, Hyves, Microsoft Europe, Myspace, Nasza-klaza.pl, Netlog, One.lt, Piczo, Skyrock, VZnet Netzwerk Ltd., Sulake etYahoo!. Mais il ressort du rapport de la commission que les programmes d’aides aux utilisateurs restent encore a développer : «dix-neuf sites sur 25 comportent un lien permanent pour signaler des problèmes, mais 9 seulement (sur 22) ont répondu aux plaintes reçues pendant l’évaluation: Arto, Dailymotion, YouTube, Habbo Hotel, Hyves, IRC Galleria, MySpace, Rate et Windows Live.» (EU-logos.org). Étrangement la liste est plus  exclusive alors qu’il est encore seulement question des usagers mineurs.

Devant ce manque de vigilance, consenti ou non, par les réseaux sociaux et plus particulièrement Facebook qui ne figure pas dans la liste des signataires pour la protection des mineurs, il est difficile d’accorder du crédit aux justifications d’une censure par Facebook, du célèbre tableau de Courbet «L’origine du monde», partagé librement par des adultes.

Pour conclure, sachons que c’est seulement depuis la récente implantation du siège de l’entreprise mondiale en Irlande, qu’elle se heurte plus frontalement aux lois européennes et qu’il paraît envisageable de réfléchir à des réglementations et donc de procéder à des recours. Affaire à suivre donc…Et vous,qu’en pensez vous ?

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