Littérature

Alter Ego

Nouveau thriller des éditions Dupuis, Alter Ego a toutes les cartes en mains pour s’imposer comme la série de l’année. Visite guidée.

Il y a une dizaine d’années, Le Décalogue avait fait grand bruit dans le monde de la BD. Cette série inédite était en effet la première du genre, comportant dix albums autour d’un même thème, tous issus d’un scénario signé Frank Giroud. Le dessin était quant à lui confié à dix dessinateurs différents.

Chacun des albums était rattaché à un des dix commandements de la Bible, le tout retraçant une fresque historique par le biais du passage de mains en mains d’un livre à travers les âges, un manuscrit intitulé Nahik qui remettrait en cause les fondements de l’Islam. Parus entre 2001 et 2003, les dix tomes (plus un hors série relatant les transitions entre les albums) édités par Glénat ont ouvert la voie à d’autres blockbusters de bulles.

C’est ainsi que Dupuis a répliqué avec Pandora Box en 2005. Cette fois, le scénario est signé Alcante. Chaque album relie une technologie moderne à un des sept péchés capitaux et à une légende issue de la mythologie grecque. Comme pour Le Décalogue, un hors-série (sur le thème de l’espérance) vient clore la saga.

Cette année, Dupuis lance une nouvelle série de grande envergure, appelée Alter Ego. Le scénario est l’œuvre Pierre-Paul Renders et Denis Lapière. L’idée est venue avant même le choix de la réalisation. Pour preuve, les auteurs ont un temps imaginé adapter leur scénario en série télévisée.

Contrairement au Décalogue ou à Pandora Box, les auteurs ont voulu une unité de style entre les six albums. Cela pour une raison bien simple : les six histoires qui composent la série se déroulent simultanément et certaines scènes sont communes. On en vient à la particularité du scénario. Les six tomes d’Alter Ego s’assemblent comme les pièces d’un puzzle. Pas de chronologie à respecter pour leur lecture. Chacun d’entre eux apporte sa pierre à l’édifice.

Contrat d’édition oblige, les six albums devaient être prêts en deux ans. Ainsi, quatre dessinateurs se sont mis à l’ouvrage. Deux pour les personnages (Efa et Emil Zuga) et deux pour les décors (Benjamin Bénéteau et Luca Erbetta), le tout chapeauté par Mathieu Reynès, qui a mis en place tout l’univers graphique de la série. Selon le vœu des scénaristes, le style se devait d’être réaliste, tout en présentant son propre caractère. C’est au final plutôt réussi puisque sans révolutionner le genre, Alter Ego évite l’écueil du dessin froid et figé façon IRS.

Répartis aux quatre coins du monde, les dessinateurs et scénaristes ont dû travailler à distance pour la création des planches. Certains lieux étant communs à plusieurs albums, des décors ont été modélisés en 3D pour que tous les dessinateurs partent de la même base de travail.

Trois albums sont d’ores et déjà parus. Tous portent le nom d’un des protagonistes de cette histoire qui tourne autour d’une association qui a pour but d’éradiquer le SIDA de la planète. Mais celle-ci se révèle avoir d’autres buts moins avouables. Derrière ce masque se cache également une découverte scientifique majeure : les bébés nés à la même seconde disposeraient de liens vitaux invisibles.

Le 1er avril dernier sont parus les albums Camille et Fouad. Le premier relate les aventures de la fille d’une éminente scientifique qui travaille pour l’association d’éradication du SIDA. Après la mort suspecte de cette dernière, Camille suit les traces d’une mystérieuse lettre qu’elle lui a laissée.

Fouad est un bénévole pour cette même association. A la faveur d’une campagne en Colombie, il s’aperçoit que les desseins de l’organisation ne sont pas si clairs.

Le troisième tome, Darius, est paru le 3 juin dernier. Celui-ci explique pourquoi cet électricien bedonnant joue les anges gardiens auprès de son jeune imbécile de voisin.

A la lecture de ces trois premiers tomes, les éléments s’assemblent peu à peu. Alter Ego a toutes les cartes en mains pour devenir LE thriller BD de l’année. Le scénario se montre suffisamment tordu pour tenir le lecteur en haleine, sans toutefois se montrer incompréhensible. Une juste dose, donc qui nous fera attendre les prochains tomes (Park, le 26 août, Noah, le 16 septembre et Jonas, le 28 octobre) avec impatience. Nous vous en reparlerons en temps voulu.

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