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Hindi Zahra : le voyage musical

« L’enfance est marquante à vie, c’est ce qui nous porte. Les odeurs, les couleurs, les gens, les parfums, le rapport des femmes à la musique, m’ont énormément marquée. » Hindi Zahra nait et grandit au Maroc au sein d’un entourage familial très musical. À la maison, ses oncles musiciens, chanteurs ou compositeurs sont une grande source d’inspiration. Au sein de sa tribu, il est très rare que le silence règne ; sa mère allume la radio dès le matin dans la cuisine, ses cousines écoutent de la musique orientale, ses oncles jouent, et la télévision diffuse de la musique égyptienne et des films indiens ou américains. « Cela faisait une sacrée ambiance ! » confie-t-elle. Pour Hindi Zahra, le Maroc est comparable à un bouquet de fleurs, et si sa culture a une identité forte, elle est également plurielle. De son pays d’origine, cette femme berbère en retire une grande force. Suivant son père dans ses déplacements, elle a la chance de découvrir de nombreuses facettes du pays. Des dialectes aux saveurs, en passant par les gens qu’elle rencontre, tout l’émerveille et lui inspire un goût du voyage impérissable.


À 16 ans, Hindi Zahra monte pour la première fois sur scène. Cette étape est importante dans sa carrière car cela lui donne l’occasion de se confronter à elle-même. Dans sa conception de la musique, la scène est en effet, un endroit à apprivoiser, un lieu où projeter ce qu’elle renferme à l’intérieur d’elle, un plongeon vers l’inconnu. À la manière d’un voyage au cœur de son identité, elle exprime toute son énergie et sa passion au public. Elle et ses musiciens enchainent les concerts à Paris, en Province puis à l’étranger pendant cinq ans.

En 2005, sa chanson Beautiful Tango est publiée sur le site Myspace et contribue à développer la curiosité et l’intérêt du public pour sa musique. Les retours étant positifs, l’envie d’enregistrer un album se développe. Elle accepte de se lancer dans l’aventure malgré sa crainte de figer des chansons qui évoluent sans cesse. Pendant trois mois, elle loue un appartement, y installe tout son matériel et se plonge dans la musique sans pouvoir s’en détacher. Obnubilée par le projet, elle dort sur le canapé à côté des instruments plutôt que dans le lit.

Dans son cocon musical, elle puise en elle-même pour découvrir ce qui s’y trouve, savoir ce dont elle est capable et révéler un tourbillon d’émotions. « La création est pour moi un élan doux, il faut se sentir en soi très à l’aise ». Elle ne s’impose pas de contraintes, fait les choses à l’instinct, apprend à réaliser des prises de voix pour enregistrer seule la nuit et travailler à sa façon. « En Afrique on dit souvent que ce n’est pas la montre qui décide. C’est l’envie ».


L’album de cette talentueuse autodidacte sort en janvier 2010. Intitulé Handmade, cet écrin musical contient onze chansons dans lesquelles Hindi Zahra ondule entre jazz, blues, folk, soul et musique Marocaine. « J’aime parler de ma musique, de comment je l’ai découverte, et de l’influence qu’elle a eu sur ma vie mais je n’arrive pas à parler de moi ».

Si Hindi Zahra ne sait trop comment se définir, ses chansons en revanche révèlent une myriade de choses à son sujet. En les écoutant, on découvre ses origines, son envie de liberté, son goût pour la découverte, ainsi que la passion et la joie qui l’animent. Elle joue avec les émotions et les couleurs de la musique. Pour Hindi Zahra, tandis que les aigüs apportent de la lumière au morceau, les voix graves lui confèrent une couleur terre et du grain. Handmade dévoile ainsi de belles ballades tantôt nocturnes, tantôt ensoleillées,de douces rencontres sensuelles ou des rêves perdus.

Les chansons charment le public, le succès est au rendez-vous. Le magazine américain The Wire la considère même comme fille spirituelle de Billie Holiday et de Django Reinhardt. En novembre 2010, elle remporte le prix Constantin qui récompense chaque année les nouveaux artistes pour leur talent, leur originalité et leur potentiel. Heureuse, la chanteuse se sent tout de même quelque peu étrangère à l’événement, comme de passage entre deux concerts. La musique ne la quitte pas, elle enchaine les dates en France pendant un an.

En février 2011, nouvelle consécration : avec émotion, elle reçoit des mains de Rachid Taha, qu’elle admire, une victoire de la musique, qui vient solidifier à nouveau la reconnaissance de sa créativité musicale. Elle en profite pour voyager partout dans le monde, en montant sur scène au Liban, en Scandinavie, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, au Portugal, en Espagne, au Maroc, en Slovénie, aux Emirats Arabes Unis, ou encore au Canada. « Je voulais saisir cette chance, aller sur les routes. Je me suis rendue compte de ça après, j’ai fait la même chose au Maroc dans mon enfance, j’ai voyagé de ville en ville, je n’ai jamais été fixée. C’est ma vie maintenant ».

Pour les lecteurs de Save My Brain qui veulent sauver leur cerveau, Hindi Zahra n’a qu’un seul mot d’ordre : curiosité !

A écouter :

  • Fascination
  • Imik Si Mik
  • Kiss & Thrills
  • Oursoul
  • Beautiful Tango

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