Chanteuse rock

Kate Bush

Quand, en ce mois de janvier 1978, la jeune Kate Bush fait irruption sur la scène musicale avec son premier single « Wuthering Heigths », son entrée est remarquable et plus que remarquée. Car il en faut de l’audace pour oser chanter une ballade classico-folk-rock en pleine gloire du disco et du new wave / punk rock, pour son pendant moins mainstream ! En ajoutant à cela que le thème de la chanson fait directement référence au célèbre et tragique roman d’Emily Brontë (ndlr : Les Hauts de Hurlevents) paru près de 131 ans auparavant, on frise l’indécence. Géniale illuminée ou mystique hermétique, la diva britannique est avant tout une femme d’ambition et d’émotion, à l’univers immensément riche et d’une particularité rare.

Les falaises blanches du Kent

A talent précoce, éducation non conventionnelle. De son vrai nom Catherine Bush, Kate naît le 30 juillet 1958 à Bexleyheath, en Angleterre, dans le comté du Kent. Dans la famille, on a la musique dans la peau : Robert, le père est médecin et pianiste accompli, la mère Hannah, ancienne danseuse traditionnelle irlandaise, aime entonner des chants de son pays natal dès que l’occasion le permet, tandis que ses deux frères aînés, Paddy et John, sont impliqués dans la scène folk locale. C’est dans cette atmosphère artistique que la jeune Kate va grandir, en développant une grande sensibilité artistique : piano, orgue, violon, deviendront ses instruments de prédilection pour lesquels elle ne tardera pas à écrire ses premières compositions, pas plus tard qu’à l’âge de 11 ans !

C’est par l’intermédiaire d’un ami commun à sa famille et à David Gilmour que celle-ci est présentée à la voix de Pink Floyd. Bluffé par le talent de cette lycéenne de 16 ans, Gilmour lui propose de l’aider à ré-enregistrer la maquette présentant ses morceaux dans des conditions plus professionnelles. Produite par Andrew Powell, qui poursuivra cette fonction sur les deux premiers albums de la chanteuse, la démo arrive enfin dans les mains du directeur d’EMI, qui décide aussitôt de la signer. Jugée cependant pas encore assez mûre pour se lancer dans l’arène musicale, Kate finit ses années lycée et prend des cours de danse « interprétative » avec l’ancien prof de David Bowie, Lindsay Kemp, tout en s’exerçant au mime avec Adam Darius. L’année 1977 est pour elle l’occasion de faire ses premières scènes en compagnie du Kate Bush Band et également d’enregistrer son premier album.

Les Hauts de Hurlevent

Difficile de passer à côté de The Kick Inside en février 1978. Précédé par le single « Wuthering Heights » un mois plus tôt, le public prend connaissance de l’extrême maturité des titres de Kate qui questionnent l’amour sous ses aspects littéraires, physiques et psychiques… Un véritable tour de force quand on sait que certains ont été écrits alors que celle-ci avait à peine 13 ans ! L’irrésistible succès de sa version chantée des Hauts de Hurlevent devient bien sûr un hit international, permettant la sortie des singles suivants : « The Man With The Child In His Eyes », « Them Heavy People », « Moving », « Strange Phenomena ». Beau départ pour la jeune chanteuse qui, la même année, fête ses vingt ans et sort un deuxième album.

Quelques neuf mois après, le très attendu Lionheart est ainsi livré dans l’espoir de faire aussi bien que son prédécesseur. Succès en demi-teinte car à part « Wow », aucun hit en puissance, au grand regret de Kate qui voulait se donner un peu plus de temps pour fignoler son œuvre. Les fans se consolent en s’immergeant dans son univers atypique, largement baigné par la littérature et le cinéma, avec pêle-mêle des références aux films d’horreur de la Hammer, à l’humour noir de la pièce « Arsenic et Vieille dentelle » ainsi qu’au romancier J.M Barrie et son fameux Peter Pan ! Une tournée (ndlr : « The Tour of Life ») et un maxi (ndlr : On Stage) plus tard, Never For Ever est lancé en septembre 1980 et devient bientôt l’album des superlatifs, d’aucuns s’accordant sur son extrême diversité et son utilisation du synthétiseur et de la boîte à rythmes. Son hit le plus emblématique ? Babooshka !

Désormais en position de force vis-à-vis de sa major, Bush peut maintenant s’occuper de la production de ses albums, de A à Z. Ambitieux projet que The Dreaming qui fait son apparition deux ans plus tard : l’artiste a beau s’y être investie à 200%, celui-ci prendra en prendra plus d’un au dépourvu… Le disque de la mise en danger, en somme. Mais qui aura le mérite de passer les frontières de l’Atlantique, côté USA. 3 années s’écouleront avant que lui soit proposé un digne successeur : Hounds of Love, reconnu à l’unanimité comme son oeuvre majeure. Retirée dans son studio d’enregistrement privé, celle-ci a bénéficié de la toute dernière technologie, comme le synthétiseur sampleur Fairlight CMI pour ficeler les hits « Running Up That Hill », « Cloudbusting », »Hounds of Love » et « The Big Sky » ainsi que des titres expérimentaux en face B.

3 millions de copies vendues plus loin, The Whole Story devient en 1986 son premier, et d’ailleurs jusqu’ici son seul, best-of mais également sa plus grosse vente à ce jour. Distribué en octobre 1989, The Sensual World n’est pas en reste en se nichant dès sa sortie à la deuxième place des charts britanniques. Précédé par le coffret This Woman’s Work : Anthology 1978-1990, The Red Shoes (novembre 1993) s’affirme à bien des égards comme le disque du tournant. Endeuillée par le décès de son guitariste préféré Alan Murphy, puis de sa mère, lesquels sont commémorés par le vibrant « Moments of Pleasure », Kate décidera en effet de mettre temporairement sa carrière entre parenthèses.

Aérienne

12 ans, c’est en effet le temps qu’aura duré la gestation d’Aerial, lancé dans les bacs le 7 novembre 2005. L’attente vis-à-vis de son dernier disque en date était palpable, avec des chroniques écrites des mois voire des années avant sa sortie effective ! Présenté en double-album, Aerial dresse le portrait, dans son premier disque, de différentes icônes réelles, fictives ou indénombrables : Elvis, Jeanne d’Arc, Citizen Kane, le nombre Pi… Mais également de son jeune fils. Car oui, si Bush est resté tout ce temps si loin de la scène, c’est qu’elle a également pris son temps pour mettre au monde et élever Albert dit « Bertie » en toute tranquillité. Quant au fil conducteur du deuxième disque, on pourra reconnaître avec un certain sourire que c’est en fait la présence d’un chant d’oiseau qui lie les morceaux entre eux. Acclamé comme l’une de ses meilleures réalisations, Aerial est un joyeux mélange de musique folk, Renaissance, classique, reggae, flamenco et pop, ovationné en Europe comme ailleurs, grâce au succès notamment du single « King of the Mountain ».

« Je me sens réellement privilégiée de savoir que les gens m’ont attendue »
(www.katebush.co.uk) Comme Kate l’indique sur son site officiel, celle-ci peut être certaine de la fidélité inébranlable de ses fans qui la suivent depuis ses 33 ans de carrière. Certes, certains donneraient cher pour la voir de nouveau sur scène ou de manière générale un peu plus présente médiatiquement parlant, mais ce serait trahir l’essence même de l’artiste un brin protectrice lorsqu’il s’agit de sa vie privée  : « Je ne me prends pas pour une vedette, et depuis longtemps j’ai pris la décision de ne pas faire de publicité sur mon travail. Donner une interview alors que je n’ai pas sorti un album n’a aucun sens. » (Q Magazine 7/12/2001 in www.katebush-france.com/interviews.html) Cela a le mérite d’être dit !

Communiquer visuellement avec son public à travers ses clips et manier des musiques qui n’étaient jamais sensées se rencontrer, voilà peut-être la recette magique de cette sorcière des sons, qu’on tente de rapprocher de l’« art rock » ou du « rock progressif/ alternatif » dans un effort de catégorisation, mais dont le style si original reste au final impossible à définir en un mot !

Pour l’anecdote et on finira par ceci, c’est Kate qui a démocratisé l’utilisation du micro-casque sans fil lors de sa tournée « Tour Of Life » en 1979. Elle qui voulait chanter tout en dansant, ne se doutait sûrement pas de toute la portée de cette révolution technologique!

(Les photos proviennent des sites www.myspace.com/katebush2 et www.katebush-france.com/gallery.html)

Sources

Sites internet :

http://www.katebush.co.uk/
http://www.myspace.com/katebush2
http://www.katebush-france.com/
http://fr.wikipedia.org
http://en.wikipedia.org
http://www.rollingstone.com

Articles :
Kate Bush Biography : http://www.katebush.co.uk/katebush_html/biography.html
Interviews Kate Bush : http://www.katebush-france.com/interviews.html
Aerial, l’album ovni de Kate Bush : http://www.linternaute.com/musique/disques/05/kate-bush/kate-bush-aerial.shtml

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