« Oh ! Bonne année ! Bonne santé ! Allez, j’te fais la bise ». Hmpf.
Aux collègues
Vous avez de la chance, vos collègues sentent bon, à une ou deux exceptions près. C’était le 3 janvier, vos pores ne suintaient plus la tequila et Dukan réintégraient les assiettes. D’accord, oui oui, bonne année à toi aussi, tes vacances, ah, l’année a du bien commencer, moi, non non, rien, la famille, la pluie, la bretagne et le kouign amann.
A midi, vos joues vous faisaient mal. Les bisous de vos collègues ne sont pas exactement désagréables, mais le simple fait de sourire autant, à tant de monde en si peu de temps, a suffit à ce que vous éleviez vos muscles buccinateurs au rang de découverte de la journée.
On se souhaite quoi dans ces cas-là ?
La santé ? La blague ! Voilà deux semaines que tout ce petit monde se baffre, un « je souhaite bien du courage à tes petites artères » serait plus judicieux.
L’amour ? Blague bis. Vous connaissez le principe de la relation éthyliquement modifiée ? Un bon ami, de l’alcool, l’euphorie de changer d’année comme si c’était exceptionnel… Non, merci, pas de dessin. En attendant de retrouver un nouvel ami, l’amour, vous ne préférez pas y penser. Et pourquoi on parle d’amour au boulot, hein ? (Cf Chapitre bonnes résolutions)
De l’argent ? Y’a vraiment pas de quoi se marrer. Après ces dernières semaines où toute velléité ascétique fut considérée comme blasphème, le ticket resto à valeur de lingot d’or dans ce bas monde.
Ne vous embêtez pas, souhaitez le meilleur à défaut du moins pire, et contentez vous de sourire. Pas besoin de s’éterniser sur la question, il y aura forcément un dossier à boucler dans la journée, et le CA n’a pas encore voté « bonané » comme nouvel embrayeur social.
Aux amis
« Bonne année ! » envoyé 42 fois, reçus en 239 exemplaires pour peu que vous soyez chez Orange.
On ne s’étend pas trop, il y en a bien un qui aura trouvé la métaphore bidon type « L’embarquement du vol 2011 est annoncé, destination le pays du bonheur » et qui fera tourner sa joyeuse trouvaille.
A la famille
Celle que vous voyez peu, mais qui a quand même du poids sur les questions fondamentales telle que l’héritage. Il faut donc écrire une jolie carte, la mettre dans une enveloppe et l’envoyer par la Poste.
La quoi ?
Oui, laissons les eCards de vœux à Sephora et à ceux qui n’ont pas encore compris que c’était au moins aussi has been que d’avoir une adresse @caramail.fr. Vous allez donc devoir témoigner en 30 mots de toute la tendresse et la bienveillance qui vous animent quand vous pensez à vos oncles, tantes, cousins et divers aïeux. Le tout, accompagné d’une image supposée trouver sa place sur le frigo du destinataire et qui ne fera pas tâche à côté du calendrier-chatons acheté il y a peu aux PTT.
Voilà une raison de faire des enfants. Les allocs, la carte famille nombreuse, les places assises dans le métro… ça vous motivait mais sans plus. Dans ce contexte épistolaire, mettre une photo de Lola 9 mois « qui commence à marcher et vous souhaite une bonne année », aux côtés de ses adorables parents qui transpirent le bonheur et ne demandent qu’à le partager, ça en jette. Ne nous embêtons pas plus longtemps, mettons simplement nos utérus à contribution.
Pardonnez cet égarement gynécologique, voyez-vous, j’ai ouïe dire que cette année se devait d’être «utile», j’essaie de me projeter.
Allons bon, vous avez, comme le veut la tradition, jusqu’à la fin du mois pour émettre vos pensées les plus gracieuses et courtoises à quiconque se trouvera sur votre chemin. Et si possible, de façon un peu plus originale que le tiercé usuel amour, gloire et beauté amour, argent et santé. Hmm. Vous pouvez remettre votre sourire.
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