Chanteuse rock

Melissa Auf der Maur

Quel est le point commun entre Hole et les Smashing Pumpkins? La légendaire mégalomanie de leurs leaders ? Une intimité jadis partagée pour Courtney (Love) et Billy (Corgan), un temps amants ? Pas seulement. Les fans avertis auront trouvé un autre dénominateur commun : Melissa Auf Der Maur. Ou comment cette bassiste a marqué l’histoire des deux groupes pour devenir l’une des musiciennes les plus prometteuses de sa génération. Son dernier album solo, Out of Our Minds sorti en mars dernier, en est l’évidence même. Prêts pour un voyage en dehors de votre esprit ? C’est parti !

Itinéraire d’une enfant gâtée

C’est du côté germanophone de la Suisse qu’il faut aller chercher les racines des Auf Der Maur (littéralement « sur le mur » en suisse allemand). Son nom, Melissa en est d’autant plus fière qu’il est en voie d’extinction. Née le 17 mars 1972 à Montréal, son père n’est autre que Nick Auf Der Maur, célèbre journaliste et politicien québécois tandis que sa mère, Linda Gaboriau, américaine d’origine, est à la fois traductrice littéraire, journaliste et dramaturge à ses heures et surtout la première femme DJ à s’illustrer au Québec ! Avec la double nationalité canadienne et américaine, Melissa évolue en toute logique dans une culture bilingue français-anglais.

Elève brillante, on la sait ancienne élève de la prestigieuse F.A.C.E school (ndlr : collège montréalais bilingue français/anglais orienté vers l’enseignement artistique) et férue de photographie (ndlr : celle-ci a d’ailleurs suivi une spécialisation en autoportrait à la Concordia University de Montréal). Melissa a également le nez fin en matière de musique. A la fin d’un des premiers concerts canadiens d’un groupe appelé Smashing Pumpkins, celle-ci vient s’excuser après qu’un de ses amis ait jeté une bouteille de bière à leur encontre. La jeune femme est bien loin de se douter que l’amitié qui va naître entre elle et Corgan va lancer sa carrière artistique.

Un trou et de formidables citrouilles

L’histoire de Auf der Maur se lit à travers cette expression sibylline. Un groupe, Melissa en a déjà un : Tinker et quand Billy leur propose d’assurer la première partie des Smashing en 1993 à Montréal, celle-ci saute sur l’occasion. L’année suivante, lorsque Hole cherche une nouvelle bassiste suite au décès de Kristen Pfaff, son prénom apparaît naturellement dans les conversations échangées entre les deux leaders. Un temps d’hésitation et la bassiste met son groupe entre parenthèses pour rejoindre l’aventure Hole avec qui elle enregistrera l’album Celebrity Skin (1996). Après cinq ans de bons et loyaux services et son contrat fini avec un groupe dont les activités semblent au point mort, celle-ci intègre fin 1999 le line-up des Smashing après le départ de D’Arcy Wrestky.

Expérience tout aussi fructueuse pour la jeune femme qui ne tarit pas d’éloges sur la technicité toute particulière qu’elle va apprendre avec ceux-ci. Ni la légendaire tyrannie de Corgan, ni même le perfectionnisme poussé à l’extrême des répétitions ne refroidissent la musicienne toujours prête à apprendre. Fan du groupe depuis ses débuts, celle-ci reconnaît ainsi à ce sujet : « […] C’est surtout mon éducation numéro un en musique. Beaucoup de mes capacités techniques ont été apprises avec les Smashing Pumpkins » (www.musicwaves.fr). L’apport de Melissa est pourtant limité : bouclé avant son arrivée, l’album Machina/The Machines of God vient à peine de sortir que déjà le groupe annonce sa séparation et entame sa tournée d’adieu fin 2000.

Deux groupes de légende se séparant presque simultanément : Auf der Maur porterait-elle la guigne ? Que nenni ! Car entre temps l’artiste a tissé le début d’une carrière indépendante : ses collaborations avec les artistes Ric Ocasek, Rufus Wainwright (ndlr : son ami d’enfance) mais aussi et surtout avec Indochine en chantant avec Nicola Sirkis « Le grand secret » contribueront à la populariser son nom auprès du public français, notamment. Détachée du giron de ses anciens groupes, Melissa continue sur la voie de l’émancipation en montant des groupes éphémères comme Hand of Doom, en hommage à Black Sabbath ou The Chelsea, qui seront autant l’occasion de se produire sur scène et en studio pour livrer des reprises comme des morceaux originaux.

Sobrement intitulé Auf Der Maur, le premier album tant attendu sort le 1er juin 2004 et parachève son indépendance artistique. La longiligne rousse se met au premier plan d’un recueil de chansons orientées rock alternatif qu’elle a co-produit avec Chris Goss et sur lesquelles elle entend démontrer ses qualités d’auteure-compositrice-interprète. Des titres écrits sur une décennie certes mais qui se payent de luxe de voir figurer des guests comme Josh Homme (Queens of the Stone Age) ou Jeordie White (Marilyn Manson) ainsi que ses anciens collègues Eric Erlandson (Hole) et James Iha (Smashing Pumpkins). Le paysage rock peut désormais compter sur Melissa et ses tubes accrocheurs « Followed the Waves », « Real a Lie », « Taste You » à l’éclectisme certain.

En dehors de nos esprits

Résultat plutôt encourageant pour cette artiste en soif de légitimité. Si la presse spécialisée salue l’effort, tout en reconnaissant les influences héritées de ses précédentes formations, celle-ci a bien compris que l’objectif de Melissa est maintenant de construire sa propre carrière. Du punk rock de Hole au heavy metal à tendance psychédélique des Smashing Pumpkins, l’artiste a su faire la synthèse des deux pour créer un univers personnel empreint de « féminité et de furie » (www.ew.com). Il faut dire qu’avec Love, Auf Der Maur est allée à bonne école, celle-ci admettant en toute honnêteté que […]« l’histoire des femmes en musique est très, très forte et importante avec Hole […] » (www.musicwaves.fr).

Deux groupes pour lesquels Melissa reste admirative et qu’elle réintégrerait bien volontiers si l’occasion se présentait. Sauf que voilà, quand ses anciens pygmalions décident en effet de refonder leurs groupes respectifs, la jolie rousse ne fait pas partie des plans (ni les autres membres historiques des deux formations d’ailleurs, si ça peut la consoler). Transition certes radicale mais qui lui permettra de tourner la page d’un chapitre appartenant désormais au passé. Débarrassée de ses fantômes, Auf Der Maur peut enfin se consacrer à sa carrière solo et donner libre cours à ses deux passions : la photographie et la musique.

On l’oublierait presque mais Melissa est une photographe douée dont les travaux ont été publiés dans des magazines de renom et qui a également fait l’objet d’une exposition, intitulée « Channels ». Sans doute cet aspect de l’art visuel s’est imposé de lui-même à l’heure de concevoir son deuxième opus : Out of Our Minds (ou OOMS en abrégé). Car à en juger par le contenu de cet album concept sorti le 30 mars dernier, la vue est autant mobilisée que l’écoute avec un CD, court-métrage et BD invitant à un véritable voyage sensoriel. MADM, car c’est dorénavant comme ceci qu’on doit l’appeler, entraîne ses fans dans une transe artistique où les frontières s’abaissent entre l’intellect et les sentiments.

« Le concept, le vrai message littéral est « voyager hors de ton esprit avec ton cœur » , comme tente de le définir l’artiste multi-conceptuelle. « Peut-être que c’est un voyage abstrait mais avec des mélodies qu’on peut comprendre » (www.musicwaves.fr). Succombez à cette invitation : ce n’est pas souvent qu’on vous propose pareille expérience !

(Les photos proviennent du site http://www.myspace.com/xmadmx)

Sources

Sites internet :
–    http://xmadmx.com
–    http://www.myspace.com/xmadmx
–    http://www.evene.fr
–    http://fr.wikipedia.org
–    http://en.wikipedia.org

Articles :
Interview Melissa Auf Der Maur (1er Mars 2010) : http://www.musicwaves.fr/frmarticle.aspx?ID=295
Music Review : Auf der Maur (2004) by Melissa Auf der Maur : http://www.ew.com/ew/article/0,,643190,00.html
The former Hole & Smashing Pumkins bassist goes it alone… : http://www.bbc.co.uk/music/reviews/mqzf
Questionnaire Melissa Auf Der Maur : http://exclaim.ca/articles/questionaire.aspx?csid1=142

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2 Comments

  • Reply
    Sekhmet
    8 octobre 2010 at 14:38

    C’est dingue je suis suisse et c’est toi qui m’apprend qu’elle est originaire de mon pays… Beuh merci beaucoup !!

  • Reply
    Luxe and Vintage
    8 octobre 2010 at 11:47

    J’aime beaucoup ce qu’elle fait : je suis contente de voir qu’un article lui est enfin consacré ;)
    J’ai son premier album et à vrai dire je ne savais même pas que le deuxième était sorti ! *what a shame !*

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