Créateur de mode

British Attitude : Burberry & Paul Smith

Paul Smith est une des griffes les plus typiquement britanniques qui soient. Burberry aussi. Bien entendu, les deux marques jouent de cette image, jeune pour l’une et classique pour l’autre. Avec pour chacune d’entre elle un motif très reconnaissable : le Check chez Burberry et les rayures multicolores pour Paul Smith.

L’histoire.

Deux maisons d’âge bien différents mais qui ont toutes deux pour origine un problème de santé de leur fondateur.

Pour Thomas Burberry, ça s’est passé en 1856. Apprenti drapier, il souffre de rhumatismes précoces. Son médecin voit en l’imperméable en caoutchouc la source de ces problèmes : il protège certes de la pluie mais empêche la transpiration de s’évaporer. Thomas Burberry décide alors de se spécialiser les vêtements chauds et manteaux de pluie. Au fil des ans, la maison gagne en renom, notamment avec l’arrivée de la gabardine en 1880. En 1981 s’ouvre la première boutique à Londres. Par la suite, Burberry fonde sa réputation sur ses imperméables. Au tournant du XXème siècle, il se voit confier la réalisation des uniformes des officiers par le ministère de la défense britannique. En même temps naît le cavalier emblème de la maison, accolé à la devise « Prorsum », aller de l’avant en latin. Au début des années 1910, Burberry habille les grandes expéditions polaires avant de retrouver une activité martiale lorsqu’arrive la Grande Guerre. Burberry fournit bien entendu l’armée britannique mais le fameux imper est également disponible dans le bleu horizon qui a causé tant de déboires aux poilus face au Feldgrau allemand… C’est dans cet épisode historique que nait l’appellation de « trench coat », soit le manteau des tranchées, qui reste encore et toujours le produit le plus connu de Burberry.

Paul Smith est dès son plus jeune âge passionné par le cyclisme. Rien n’a plus d’importance pour lui que la petite reine et il se destine à une carrière de coureur professionnel. A l’âge de 17 ans, un grave accident de vélo brise ses espoirs et il se retrouve pendant six mois à l’hôpital. L’influence de son père qui le faisait travailler dans son entrepôt de vêtements, de même que celle de ses amis artistes utilisant de nombreuses couleurs l’ont finalement décidé à se lancer dans la création et il ouvre sa première boutique en 1970, à l’âge de 24ans. Six ans plus tard, son premier défilé a lieu à Paris, pour une collection de prêt-à-porter hommes. Quant à la première boutique londonienne, elle ouvre en 1979. C’est la première boutique de mode à s’installer sur Floral Street (qui en est aujourd’hui très riche), près de Covent Garden.

Des domaines variés.

En 1924 apparaît le Check, ce fameux tartan qui est toujours la marque de fabrique de Burberry. Si le trench est toujours la vedette, il n’est pas l’unique raison d’être de la maison. Les écharpes, parapluies, pantalons font en effet leur apparition au catalogue dans les années 1920, en même temps que les tenues conçues pour le sport (chasse et pêche en particulier). En 1926, Thomas Burberry s’éteint et ses deux fils Thomas Newman et Arthur Michael reprennent les rênes. Vient ensuite le succès, que ce soit à l’écran (notamment avec le lieutenant Columbo) ou auprès des grands de ce monde. Mieux : Burberry devient fournisseur officiel de la reine d’Angleterre en 1955. La maison est rachetée la même année par un géant de la distribution. Le manque de renouvellement l’entraîne dans une situation difficile, où elle perd son identité petit à petit. Ce n’est qu’à la fin des années 1990 qu’un vent de fraîcheur apparaît.

Déjà par l’arrivée de nouveaux stylistes, dont Christopher Bailey en 2002. Ensuite, par des campagnes mettant en scène des mannequins aussi célèbres que Kate Moss ou Agyness Deyn. La seule ombre au tableau provient du symbole même de la marque. A l’image de la toile Monogram de Louis Vuitton, le Check est si célèbre que son image est détournée, que ce soit par la contrefaçon ou l’appropriation par une clientèle « indésirable ». Les stylistes réagissent en rendant le Check bien plus discret dans les modèles, afin de regagner le rang chic et classique auquel Burberry a toujours aspiré.

Paul Smith est lui un vrai touche-à-tout. Si Burberry a mis longtemps avant de diversifier ses activités, Paul Smith a été beaucoup plus rapide à créer de tout. Sa curiosité naturelle l’enjoint à s’intéresser à tous les domaines et la maison ne comporte pas moins de douze lignes différentes aujourd’hui. Prêt-à-porter femme, homme, chaussures, etc… Ses boutiques comportent un coin librairie et de nombreux accessoires sont disponibles, tels que crayons et calepins assortis aux sacs, voire même tout un tas d’objets divers dont l’énumération ressemblerait à un inventaire à la Prévert. Tout ce qui se rapporte à l’art de vivre britannique semble avoir sa version chez Paul Smith. Tasses de thé, objets de décoration…

Le tout bien entendu revêtu du traditionnel motif de la marque : des rayures multicolores. Et Paul Smith ne renie pas ses origines, utilisant et renouvelant le motif de l’Union Jack (représenté avec des timbres, pièces de monnaie ou façon peinture dégoulinante) à chaque collection, notamment sur ses sacs. Enfin, si l’artiste niçois Ben signe tout, Paul Smith décore beaucoup de choses avec ses fameuses rayures. Il en est ainsi de la Mini, la célèbre petite voiture anglaise ou, dernière « victime » en date, la traditionnelle série limitée de fin d’année de bouteille d’eau d’Evian.

Le prêt-à-porter aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est donc le Britannique Christopher Bailey qui est à la barre des collections prêt-à-porter de Burberry. Toujours s’inspirer des fondamentaux de la maison (trench, british attitude, look classique, Check…), tout en renouvelant son style, telle est sa mission pour la ligne Burberry Prorsum, vitrine créative de la marque (Burberry London est plus « populaire » et classique). Longtemps présentée à la Fashion Week de Milan, celle-ci a fait un « retour » remarqué à Londres pour les défilés printemps-été 2010. Cette dernière collection semble un peu moins inspirée que d’autres de ces dernières saisons. Voici quatre looks pour nous en convaincre.

Tout d’abord, ce manteau bleu, presque turquoise, issu de la collection printemps-été 2008. Les lignes, issues du trench, se veulent classiques et plutôt strictes en opposition totale avec la couleur vive. Une pièce finalement simple, mais qui offre un look renversant, admirablement porté sur le podium par Freja Beha Erichsen. Nuances automnales pour la saison suivante (automne-hiver 2009) avec des tons chauds et sombres et un podium qui se couvre de feuilles mortes à la fin du défilé. Le chic classique est présent et la collection homogène. Ce trench ample défendu par Lily Donaldson n’est qu’un look réussi parmi tant d’autres dans cette collection. Le printemps-été 2009 semble suivre la saison précédente telle un diptyque, collant aux couleurs naturelles de l’époque. Ainsi, le vert tendre a une part importante dans cette collection, où dégradés sur les trenchs (qui rappellent un peu la lubie de Prada pour l’automne-hiver 2008) se mêlent a des motifs Check hypertrophiés en filigrane. Même homogénéité, même réussite que la saison précédente, dont voici un exemple typique. Pour la dernière collection en date, enfin (printemps-été 2010), Burberry perd un peu de ses classiques. Les étoffes se froissent pour revêtir dans certain cas un aspect « touareg » bien éloigné du climat londonien. Une grosse quarantaine de looks certes séduisant pour la plupart mais dans lesquels on ne retrouve pas vraiment la diversité ou la richesse des saisons passées.

Aujourd’hui, Burberry semble avoir retrouvé son image. S’il reste au catalogue un certain nombre (trop ?) de produits où le Check s’invite juste pour se montrer (tongs, tennis, sacs, gants…), la ligne Prorsum porte assez haut le chic et l’inventivité qui sont les valeurs fondamentales de la marque. La charmante Emma Watson, très certainement appelée à jouer un rôle dans le monde de la mode sous peu, en est l’ambassadrice, rajeunissant la marque plus que centenaire. Dernière nouveauté en date, enfin : le site internet art of the trench, qui tire au profit la mode du street look. Tout un chacun peut en effet envoyer une photo d’un look avec trench (Burberry obligé) pour paraître sur le site, où la communauté commente. Un joli coup de fouet pour une pièce traditionnelle et certains looks sont loin de nous laisser de marbre…

Pour Paul Smith, deux ingrédients sont invariables à la création : de multiples couleurs et un style résolument british, quelle que soit l’inspiration. Preuve en est de la collection printemps-été 2010, où le créateur se pique d’Afrique. Cela donne des looks franchement variés comme le prouvent les quatre que nous vous avons sélectionnés.

L’inspiration africaine peut donner tour à tour chez Paul Smith des motifs animaux style safari, des pièces aux étoffes inspirées du traditionnel boubou, un improbable smoking pour femme ou un look « fusion » mêlant étoffes africaines, un léger parfum de soleil levant, le tout saupoudré de cette British touch qu’on retrouve dans les rayures traditionnelles de la maison. Chez Paul Smith, la diversité s’invite aussi au sein d’une collection !

Mais pas seulement dans les collections. Comme on l’a vu, Paul Smith se passionne pour les beaux livres, il soutient aussi des projets musicaux. Rien ne vaut un petit détour par une de ses boutiques pour s’en convaincre, où la surprise est à chaque pièce. Ou mieux encore, une balade dans Mayfair où les boutiques Paul Smith sont nombreuses. Elles sont petites et toutes dédiées à un thème différent. Il y a même une galerie d’antiquités…

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1 Comment

  • Reply
    mademoiselle-rose
    31 janvier 2010 at 10:57

    j’aime énormément la mode anglaise et l’allure du look anglais, le vintage, retro, et la manière d’acomoder des vêtements qui n’ont pas toujours le même style ou qui sont parfois assez anciens, mais qui font au final un look ravageur!
    vive les anglais!

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