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On n’est pas là pour se faire engueuler – hommage à Boris Vian

Cela va bientôt faire cinquante ans que Boris Vian est mort. Pour l’occasion, un double album fait son apparition. Trente-huit titres et un casting de rêve pour rendre hommage au célèbre auteur.

J’ai toujours considéré les anniversaires de mort comme ridicules. Se rappeler la mort de quelqu’un comme la chose la plus importante de sa vie me semble un non-sens. Et puis qu’est-ce que ça signifie, la mort ? Certains artistes sont morts bien avant leur mort réelle… Pascal Obispo, par exemple. Bref, choisir comme repère la date à laquelle le corps d’une personne va faire connaissance avec quelques asticots farceurs, c’est bien moins judicieux que de retenir la date de parution d’un ouvrage important, par exemple. M’enfin la vie est ainsi faite, avec les conventions, les usages, les traditions, la routines, les services marketing, etc.. Toujours est-il que ce projet a lieu cinquante ans après la mort de Boris Vian, donc.

Ce double album réunit des artistes de tous horizons, acteurs ou chanteurs. Il réussit même l’exploit de réunir Carla Bruni et Arielle Dombasle sur le même disque… Bref, une tâche ardue que de s’atteler à des textes et chansons souvent magistralement interprétées par le passé. Chacun a arrangé son texte à sa sauce, y mêlant son style, sa voix et les mots de Vian, avec plus ou moins de bonheur. Dans la catégorie « moins de bonheur », on peut citer la déplorable interprétation de « Le déserteur » par Juliette Gréco, qui semble avoir confondu chichis et émotions. Dur, dur, de passer après un Reggiani si intemporel.

Par contre, il y a d’excellentes surprises. Et même pour ceux qui passent après Reggiani. C’est le cas d’Olivia Ruiz, qui arrive à apporter son univers sans trahir l’esprit de « La Java des Bombes atomiques » ou de la décapante version de « Quand j’aurais du vent dans mon crâne » par Mademoiselle K. La rockeuse appuie à merveille le texte par une frénésie de rythmes s’accélérant. Mais ce projet, ce ne sont pas que des reprises. Par exemple, il y a de simples récitations. C’est à ça que servent les acteurs. Mention spéciale à l’extraordinaire « Cantate des boîtes » par Antoine de Caunes. Le secret est dans le rythme, allant graduellement vers une folie qui suit l’absurdité surréaliste du texte. Quant à Claire Diterzi, sa composition sur « Elle serait là si lourde » transporte dans un autre monde, qui n’est pas sans rappeler le Fantasia de Disney.

Vous l’aurez compris, il y a à boire et à manger sur cet album mais le niveau est tout de même assez relevé. Et les textes extras en grande majorité car bien choisis. J’aurai juste préféré que cet album commémore la perte de la première dent de lait de Boris Vian.

A écouter : La complainte du progrès (les arts ménagers) par Juliette, Les joyeux bouchers par Christian Olivier, Cinématographe par – M –, Quand j’aurai du vent dans mon crâne par Mademoiselle K, Faux frère par Dick Annegarn & Mathieu Boogaerts, Casserole Sérénade par Artur H, Elle serait là si lourde par Claire Diterzi, Cantate des boîtes par Antoine de Caunes.

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1 Comment

  • Reply
    laurence
    23 juillet 2009 at 20:40

    il y a des années… je m’étais offert l’album chanté par… Boris Vian en personne !…cet homme était génial, mort trop tôt, mais quelle époque, une vie trop courte mais un beau parcours, une BD est sortie sur sa vie.

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