Expositions

1,618 Sustainable Luxury Fair

D’habitude, l’expo du mois consacre une rétrospective d’art contemporain ou de mode (même d’architecture, je crois que c’est arrivé, non ?). Changeons d’horizon cette fois-ci avec un salon. Un salon un peu particulier puisqu’il se déroule en un lieu inattendu : le Palais de Tokyo, centre d’art contemporain lieu régulier d’installations et expos d’art contemporain des plus déjantées. Bien évidemment, ce n’est pas un salon comme les autres. Il s’agit du premier salon du luxe écolo.

Je vais être franc avec vous, ce salon, je ne l’ai pas découvert tout seul. Ecrivant également pour un site sur l’automobile, il m’arrive de voir d’autres horizons que les expos que je visite pour Save My Brain (et pour mon plaisir, accessoirement). Aussi, lorsque mon ami de chez Tesla (constructeur de la seule voiture de sport électrique actuellement en vente, NDLA) m’a dit « je suis à Paris ce week-end », je me demandais où il pouvait bien exposer… Quelques clics plus tard, je découvrais un événement totalement inconnu (et pour cause, c’est la première édition) sur le thème du développement durable et du luxe. Son nom ? 1,618 Sustainable Luxury Fair. Pourquoi 1,618 ? Parce que c’est le nombre d’or, pardi ! Suffisait d’y penser… Et à propos d’or, il semblerait que ce soit un des centres de la manifestation. A 25€ l’entrée, il faut vraiment être motivé (bon, OK, une partie est reversée au WWF).

Mais le luxe écolo, c’est vague… Qu’y a-t-il donc à admirer dans ce salon ? Les thèmes se veulent plutôt variés : mode, mobilité, tourisme, design… Et on trouve du bon et du moins bon dans chacun des domaines.

Prenons la mode par exemple. Les créations de Valentine Gauthier, faites à partir d’étoffes recyclées (rappelant un peu dans le principe les dernières collections de Vivienne Westwood) sont intéressantes, l’or « écolo » de Jel soulève un peu plus d’interrogations. Qu’est-ce que cette extraction selon la charte Oro Verde ? N’y a-t-il pas confusion entre écologie et commerce équitable ?

Question mobilité, le Roadster Tesla électrique présente une alternative bien évidemment plus respectueuse de l’environnement (sauf si l’électricité est faite dans une centrale à charbon…) qu’une Corvette équivalente et gloutonne en essence (mais quel bruit !). Mais qu’apportent les suppositoires à pédales d’Ultra Light, chers, mal finis et sans marche arrière par rapport à un bête vélo ?

Puisqu’on en est au vélo… En voici un magnifique, tout en bois, aux lignes innovantes… Est-il confortable ? Je ne sais pas. Efficace ? Je n’ai pas testé non plus. Mais ses matériaux ont l’air naturels… Et il a vraiment un look d’enfer. Et si c’était ça le luxe écolo ? Simplement de la poudre aux yeux. En effet, on voit beaucoup de gadgets dans ce salon. Certains d’entre eux sont totalement inutiles mais tous ont une certaine démarche de conception, qui vise à tout au moins les faire paraître proches de la nature. Le green washing comme une nouvelle forme de bling-bling ? On remplace le chrome, l’or et l’argent, par le bois naturel et la fibre de raphia ? Ce pourrait être un point de vue, étant donné que bien peu des objets présentés dans ce salon conduisent à réellement mieux protéger la planète.

Mais tout de même, rappelons que ce n’est que la première édition de ce salon et que Rome ne s’est pas faite en un jour. L’important, c’est l’idée. Ce salon montre que dans tous les domaines, une nouvelle forme de luxe apparaît, où l’homme n’est plus l’unique centre de l’univers. L’hédonisme est toujours présent (corollaire de la notion de luxe), mais on essaie de se faire plaisir en respectant son entourage. Alors, si ce n’est qu’un début, c’est au moins le signe qu’il y a une prise de conscience. Et comme les riches ont bon goût (c’est bien connu, les riches ne peuvent avoir mauvais goût, ce sont eux qui achètent le luxe et font les tendances), il semble logique de penser que cette tendance va se répandre largement, dans tous les domaines et à tous les niveaux. Mais dans combien de temps ? Telle est la question. Y aura-t-il encore des ours polaires ? Et surtout, comment définir si quelque chose est vraiment respectueux de l’environnement ?

Un élément de réponse est peut-être ecoluxury. Un nom qui se pose comme un label et qui a pour ambition, à terme, de prendre en compte tous les domaines de l’industrie et du commerce. Reste à trouver les bons critères et une crédibilité internationale. C’est pas gagné, si on considère le magnifique catalogue de tourisme généreusement donné aux visiteurs de leurs stands : 240 pages couverture cartonnée et le papier n’a pas l’air d’être recyclé. Quant aux destinations décrites, nombreuses sont celles éloignées nécessitant un trajet préalable en avion. Un label à l’image du salon et, plus généralement, de tout ce secteur économique : balbutiant mais fourmillant d’idées. L’avenir fera le tri…

Finissons par une petite expo sympa au sein du salon, de Nabaz redécorés par des créateurs. J’ai bien évidemment été attiré par ceux de Eymeric François et Marithé & François Girbaud. Désolé, Swanny, il n’y avait ni Cheika ni Ken Okada !

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