Chroniques ordinaires Humeurs

Faire sa valise (pour les nulles)

La vie n’est pas simple. Les anglophones diraient « Life’s a bitch ». Nous faisons face à tellement de contraintes diverses tous les jours, à tellement de restrictions et de douleurs : régimes, talons, crise économique, épilation du maillot, … Oui nous souffrons, oui nous en avons assez de devoir faire attention à tout, pourtant nous n’avons pas le choix ! Nous devons nous plier à beaucoup de règles dans tous les domaines de notre vie, mais je vais essayer de vous faciliter les choses au moins pour une tâche particulièrement ingrate et stressante : faire la valise.

Synonyme de torture, de prise de tête et de catastrophe pour certaines, pour moi ça relève du jeu d’enfant (surdoué certes) lorsque certaines règles de bon sens sont respectées. Je me suis creusée la tête afin de mettre sur pied un plan d’attaque digne des plus grands généraux dans la guerre contre la valise et les limitations de poids (pas le vôtre, celui de la valise). Evidemment, vous pouvez adapter sans problème les mêmes conseils pour un voyage en train, même s’il n’y a aucune limitation de poids, ils vous éviteront tout de même de ressembler à un mulet. Les longues oreilles et les « HIIIIIIIIII-HAAAAAAAAAAAAN » ne vont siéront que très peu, soyons honnête.

Pour les êtres humains normalement équilibrés, ce sont les papiers officiels tels que passeport et carte de séjour qui sont les plus importants à mettre dans le sac. Pour nous les femmes, d’autres choses passent en premier : les vêtements par exemple. Eh oui, soyons réaliste, des escarpins de rêve valent toutes les lois et réglementations… Vous m’avez crue, les garçons, n’est-ce pas ? Je vous ai fait peur, les filles (dont le cerveau a d’ores et déjà été sauvé), n’est-ce pas ? Non mais vous croyez que nous sommes toutes des Maria Carey en puissance ?! Nous sommes parfaitement conscientes des priorités, oui monsieur (ou madame) !

Vous est-il déjà arrivé d’envier un escargot ? Moi oui. Non, je ne rêve pas de baver non-stop, mais d’avoir ma petite maison sur le dos, transportable partout. La nature est en général bien faite, mais elle ne pouvait pas savoir que la femme serait un jour si compliquée (pour ne pas dire chiante). Je me suis donc donnée comme mission de vous donner un coup de main, à vous Mesdames et Mesdemoiselles dont le cœur s’arrache à chaque paire de chaussure qui ne rentre pas dans la valise. Rassurez-vous, pour moi c’est un déchirement aussi mais il faut y passer si vous ne voulez pas payer une bonne centaine d’euros de surpoids (non, pas le vôtre, celui du bagage !). Vous préférez sans le moindre doute dépenser cet argent pour de sympathiques souvenirs, non ? Et non, je vous assure, la dame du guichet ne fermera pas l’œil sur vos 37 kilos en trop… Au bout de 150 euros de surpoids à payer sur deux vols, plusieurs crises de nerfs et un deuil douloureux sur chaque vol (je regrette encore maintenant mes escarpins noirs brillants, 10,5 cm de talon, coupe magnifique, … *soupir et larme à l’œil*), me voilà prête à vous expliquer en long, en large et en travers l’art de faire sa valise !

TRIER : pour la plupart d’entre vous un gros mot, pour moi l’expression d’une nécessité absolue, aussi nécessaire que la pause pipi entre deux cours.

Quelque soit la taille de votre valise, avant d’y mettre vos affaires il s’agit de décider ce dont vous aurez vraiment besoin (et je souligne ce mot en connaissance de cause, car certaines ne connaissent pas la définition du mot « besoin »). Nous sommes encore en hiver, donc un chargement de mini-tops-strass-pour-sortir-avec-mes-copines n’est pas recommandé, un ou deux suffisent, vos préférés tout simplement. Quant au reste, renseignez-vous quel temps il fait et choisissez en conséquence, en général en Europe, il vaut mieux prendre des affaires plutôt chaudes et confortables. Même si je risque d’en choquer quelques unes, à mon avis, deux à trois pulls suffisent, ils sont souvent épais et prennent de la place. Quant aux pantalons, c’est pareil, vous avez passé l’âge de faire pipi dans votre culotte et vous n’allez pas non plus vous rouler dans la boue, donc trois suffisent. Emmenez-en deux plutôt chics et un plutôt confortable puisque vous n’allez pas faire tous les jours un défilé de mode. A propos de défilé de mode, j’ai fait l’erreur de n’emmener que des chaussures à talon en me disant qu’elles étaient suffisamment confortables. Certes, elles le sont, mais pour le travail, pas pour marcher pendant 5 heures à faire du tourisme ! Faites comme les jeunes mamans : pensez pratique et non esthétique ! C’est une leçon pour la vie, ça.

Une autre catégorie de tri : les cosmétiques. Vous avez deux pinceaux à paupière, deux crayons khôl et deux mascaras de la même couleur, deux coupe-ongles, etc. ? Et ça vous sert à quoi d’emmener chaque paire ? A pouvoir vous couper les ongles des deux mains en même temps ? A moins que vous n’alliez au fin fond du désert africain, vous pourrez acheter du rab sur place.

Autre conseil : n’oubliez pas vos sous-vêtements ! C’est quelque chose que vous pouvez emmener sans compter, ça ne pèse presque rien et ne prend presque pas de place et vous dépannera pour le cas où une machine à laver ne serait pas à portée. Ça vous évitera des surnoms tels que munster-fou ou la-française-qui-pue-la-ferme ou encore sœur-crasse. Ils sont à ranger dans le moindre petit interstice de libre dans la valise. Evitez cependant de les ranger dans votre bagage à main, à moins que vous vouliez que tout le monde puisse admirer vos strings léopard et soutien-gorge Hello Kitty.

CHOIX : un verbe souvent inconnu pour les hommes comme pour les femmes, mais savoir faire sa valise, c’est savoir faire des choix, ici le choix de la valise.

Les gens ont en général très peu d’imagination, comme si le noir et le bleu étaient les seules couleurs existantes. Si vous voulez éviter la panique au moment de chercher vos bagages après le vol parce que 150 passagers vont chercher 75 bagages noirs et 75 autres bleus, soyez courageuses et jetez-vous sur une valise rose ou rouge ou verte tachetée jaune. La mienne étant bleu clair avec des coins bariolés, elle est très facile à repérer et même malade et stressée du vol, je peux sans problème la repérer. Pensons pratique !

Quant à la taille, que ce soit du XXL ou du XS, une valise pèse quelque chose (eh oui, dans les 20 ou 15 kg accordés, il faut aussi compter le poids de la valise !) et plus elle est petite, plus il faudra plier les affaires, ce qui peut devenir un problème lorsque vous voulez emmener des vêtements un peu plus fragiles. Plus vous pliez, moins vous aurez de place. Choisissez donc une valise dont la structure est certes ferme mais suffisamment légère pour pouvoir avoir plus de poids disponible pour les affaires. Les valises qui ressemblent à des coffres forts sont à proscrire, n’importe quel cutter peut ouvrir n’importe quelle valise alors laissez-tomber les valises hors de prix très lourdes à cause de leur structure très épaisse.

RANGER : oui je sais, encore un gros mot qui vous rappelle votre mère pendant vos années belle-re.

Très important : correctement repasser ses affaires afin qu’elles soient les plus plates possibles. Après ça il existe deux façon de mettre les habits dans la valise, certains préconisent de les rouler et d’autres préfèrent les poser telles quels. Quelle que soit la solution que vous choisirez, ça marche, mais personnellement, je préfère ne pas rouler mes affaires, je suis partisane du pli parfait. Maniaque vous avez dit ??

Faites des piles : une pour les pantalons, une pour les t-shirt, une pour les pulls et une pour les sous-vêtements. C’est la meilleure façon d’avoir une vue sur tout, à la fois sur ce que vous avez déjà préparé et sur ce qui manque à vos piles. C’est une façon d’organiser qui est simple et pratique.

Pour celles qui auraient des pertes de mémoire façon trou noir interstellaire, faites donc une liste et cochez au fur et à mesure, vous en trouverez une plutôt complète sur http://www.mackoo.com/valise.htm à imprimer et à remplir au fur et à mesure.

ORGANISER : parce que décider ce qui doit aller dans le bagage à main et ce qui doit être impérativement rangé dans la valise n’est pas simple. Rambo s’y est cassé les dents avant d’aller dans la jungle colombienne.

Evitez les sacs à main qui ne peuvent contenir qu’un paquet de mouchoir (ou de Durex pour les insatiables), vous avez droit jusqu’à 5 kilos pour la plupart des compagnies aériennes et même un poids indéfini pour Easyjet, alors profitez-en pour y mettre tout ce qui ne rentre pas dans la grande valise. En pensant toutefois que même s’il n’y a pas toujours de limite de poids, il y a d’une une limite de taille (votre armoire n’est pas compatible, désolée) et vous devez être capable de mettre vous-même votre bagage dans le compartiment du dessus et ce, sans aide. Faites des tests chez vous et si vous faites un salto arrière et écrasez votre bichon frisé, sortez quelques kilos et faites-vous une raison, la Powerplate n’est pas nécessaire.

Que faut-il mettre dans le bagage à main et que faut-il éviter ? Crème Dior ou pas, tout ce qui excède 150 ml sera confisqué et mis à la poubelle par le personnel de l’aéroport. Et rien ne servira de supplier ou d’essayer de faire croire à la dame que c’est votre médicament anti-peste archi vital, elle ne vous croira pas. Allez savoir pourquoi… Evitez également les couteaux ou coupe-ongles et autres objets tranchants du même genre, à moins de vouloir être arrêtée par le sexy policier barbu et bedonnant.

LE JOUR DU DEPART : quelques conseils pour survivre aux passages à la douane et aux contrôles à l’aéroport. Parce que Terminator aussi s’est fait topé par le détecteur de métaux.

Le plus agaçant avant de prendre l’avion, c’est de devoir passer par tous les contrôles. Toutes les affaires doivent passer au scanner et vous devez vous déshabiller et ôter tous les objets métalliques pour ne pas vous faire repérer par le détecteur. Evitez alors les bling-blings façon sapin de Noël. Oui vous êtes fashion et oui vous êtes stylish, mais voulez-vous vraiment vous torturer à tout devoir enlever et faire un strip show façon Robocop-n’a-qu’à-bien-se-tenir ? Laissez donc votre ceinture et vos bijoux dans la valise, ça vous évitera pas mal de désagréments, surtout si votre avion est à 7 heures du matin.

En ce qui concerne la fouille au corps, vous n’y échapperez pas (je n’y échappe jamais alors pourquoi vous vous y échapperiez ??). La gentille madame qui vous tâtera les miches ne fait que son travail, alors serrez les dents, ça passe vite. Occultez les gens autour de vous qui vous fixent, certains parce que ça les fait baver une femme qui en tripote une autre façon sadomasochisme, d’autres parce qu’ils espèrent assister à l’arrestation d’une terroriste en herbe (le couteau Suisse rose version Paris Hilton offert par Chéri à l’aéroport caché dans le soutien-gorge peut prêter à confusion).

Il ne nous reste maintenant plus qu’à attendre qu’un autre chroniqueur prodigue ses conseils pour ne plus trembler de peur et penser non-stop « Je vais mourir ! Ils vont mourir ! On va tous mourir ! » pendant le vol. Au moins je (oui, parce que je parlais de moi, là) m’exerce à la conjugaison, autre façon de sauver mon cerveau de la mort subite du bon français. La prochaine fois je prends le Bescherelle dans l’avion et je conjugue tout ça au passé du subjonctif. Quelqu’un a une idée pour arrêter de se triturer le bras à la moindre secousse ? Non ? Bon, tant pis.

Trêve de pensées sombres, je vous souhaite un bon voyage et bonne chance avec votre valise !

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2 Comments

  • Reply
    Lou
    3 juillet 2012 at 16:37

    J’adore, là le plan de bataille est dressé et entre deux fous-rires j’avoue je me suis plusieurs fois reconnue surtout sur le coup de « évaluer ses besoins ». En fait moi je trouve que ce qu’il me faudrait plutôt qu’une maison sur le dos c’est le pouvoir de me téléporter avec tout le « strict nécessaire ». Et dans l’avion si vous voulez conserver vos avant-bras mieux vaut ne pas être assis à côté de moi!

  • Reply
    Cam
    12 mars 2009 at 10:12

    Pas mal la conjugaison dans l’avion, ça peut s’avèrer utile.
    Perso je révise le vocabulaire de base du pays (étranger, bah oui!) dans lequel je vais atterrir, ça peut servir aussi.
    Sinon j’en profite pour établir un plan/programme de visites, si ça n’a pas déjà été fait! :D
    En tout cas, article très sympa et agréable à lire :)

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