Créateur de mode

André Courrèges

Les sixties, voilà une décennie durant laquelle « All you need is love » ; une décennie qui fit « un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité ». Dans les années 60, alors que Charles de Gaulle est réélu président de la République Française, Martin Luther King clame « I have a dream ». Alors que la guerre du Viêtnam fait rage, Marylin Monroe chante « Happy Birthday Mister the President » et Audrey Hepburn est « My Fair Lady ».

C’est dans ce contexte riche culturellement et bouleversé politiquement, qu’une nouvelle mode pointe son nez. La femme est active et la mode s’adapte. Cette époque de Baby Boomers fait bouger les choses. C’est à ce moment là qu’André Courrèges, célèbre importateur en France de la mini-jupe, fait son entrée dans l’univers de la mode. Il fait partie du club incontournable des « enfants terribles de la mode ».

« Les choses n’ont plus jamais été les mêmes après l’explosion provoquée par André Courrèges », déclara Yves St Laurent en 1966.


Bien loin de son parcours professionnel initial, André Courrèges, à l’origine ingénieur des travaux publics, fait ses débuts dans l’univers de la mode. Futuriste et fidèle à ses idées et ses envies, il ne suit pas les mouvements de la haute-couture, mais secoue l’époque encore sage de la femme au foyer et de l’homme au travail.

C’est grâce à sa rencontre avec le célèbre couturier espagnol Balenciaga, qu’André Courrèges s’initie. Il travaillera pendant 10 ans à ses côtés pour se décider en 1961 à créer sa propre maison de haute-couture. Il a 39 ans.

Balenciaga

Il est culotté André Courrèges, et c’est le cas de le dire. Alors que 3 ans plus tôt Mary Quant, jeune styliste anglaise invente la mini-jupe, Courrèges l’importe, lui ajoute un zeste de modernisme futuriste visionnaire et la popularise, et ce en 1965.

Mary Quant

La mini-jupe connaît alors un grand succès en France et dans les pays bénéficiant des Trente Glorieuses. Mais elle n’est pas applaudie partout ; aux Pays-Bas, elle est jugée trop provocante et interdite. Des grandes figures illustrent alors ce petit bout de tissus : Brigitte Bardot, Françoise Hardy et même Twiggy, jeune mannequin anglais, symbole de la nouvelle beauté féminine en mini-jupe et à la coupe garçonne.

Twiggy

André Courrèges soutient la femme dans sa lutte pour l’égalité des sexes. Cette époque voit l’arrivée de la pilule sur le marché, la femme est active, elle conduit une voiture et travaille. Elle souhaite montrer au grand jour qu’elle a des désirs et des pulsions sexuelles. Elle veut montrer son corps.

Pour revenir à la mini-jupe, André Courrèges a eu l’art de rajeunir son image. La presse qualifie alors son œuvre de « collection révolutionnaire ». La mini-jupe est dès à présent le symbole de l’évolution des mœurs. C’est le débarquement du prêt-à-porter, ou de l’élégance accessible pécuniairement.

Mais ne nous leurrons pas, Courrèges n’a pas seulement dessiné la mini-jupe sur son carnet de voyages. C’est avec sa première collection, « Fille de Lune », que le styliste crée son premier coup d’éclat. Ainsi, il illustre la femme du futur aux vêtements composés de formes géométriques. Il propose l’imperméable parachute, les chapeaux plateaux, et les bottes brillantes en PVC. La femme s’habituera à porter des pantalons, des pantacourts, et la combishort ne se fera pas rare. Le talon plat devient commun et il faut alors redessiner la silhouette : pour qu’elle ne soit pas tassée il posera un chapeau sur la tête de ses mannequins, la robe se raccourcira pour découvrir ainsi le genou féminin, et la taille s’effacera. Enfin, futuriste, il créera la combinaison « seconde peau », combinaison qui était alors très appréciée par Emma Peel dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

De plus, André Courrèges a une couleur : le blanc ; ou plutôt une valeur mettant en avant le caractère dépouillé du vêtement. Le blanc pur qui était si difficile à obtenir, était aussi accompagné d’argent, de transparent, et même de couleurs vives. La clarté et la pureté de la nouvelle femme épanouie et active est ainsi représentée par le styliste ingénieur.

Puis il revient, avec ses idées perpétuellement nouvelles pour la femme : la sandale de petite fille s’installe, et se porte obligatoirement avec des chaussettes hautes. Il continue de s’étendre et de se diversifier. En 1972, il crée les vêtements des Jeux Olympiques à Munich. Puis, l’année suivante il se concentre un peu sur l’autre sexe, signant sa première collection homme. Collection dont le spationaute Patrick Baudry deviendra friant.

Durant toute sa carrière de styliste, André Courrèges restera fidèle à lui-même et ne suivra pas les grands mouvements de la mode. Ce qui importait, c’était sa vision, ses idées et ses envies.

C’est ainsi qu’il continua dans les années 80 à innover, se tournant vers le design, et n’hésitant pas à réaliser de véritables décors pour ses défilés. Puis il s’allie à des grands noms de l’automobile pour mettre à profit son don pour les formes et les couleurs, comme Peugeot ou Honda.

Ce n’est que très récemment que le styliste a pris sa retraite laissant le flambeau à sa femme, Coqueline. Femme perpétuant parfaitement la vision contemporaine d’André Courrèges.

Afin de conclure cet article, rien de tel qu’une petite citation comme celle du préfet Jacques Gandouin : « Un discours doit être comme une minijupe, suffisamment long pour couvrir le sujet, mais suffisamment court pour retenir l’attention». En espérant que Courrèges retiendra votre attention.

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