Expositions

Pourquoi tout le monde est venu voir Dali…

L’exposition Dali au Centre Georges Pompidou vient de fermer ses portes, avec un succès sans précédent. Ainsi, le musée parisien a ouvert ses portes 24h/24 pendant les derniers jours de l’exposition, pour faire face à l’affluence. Pourquoi un tel succès ? Le public a ses raisons…

Dali - Centre Pompidou (2)

Tout au long de son ouverture, l’exposition Dali au Centre Pompidou a accueilli plus de 800.000 visiteurs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est encore trop tôt pour savoir si le record de visites d’une exposition de ce célèbre musée a été battu. La barre était jusqu’ici placée à 840.600 visiteurs… Pour l’expo Dali en 1979 ! En moyenne, 7.000 visiteurs on chaque jour parcouru les allées, chiffre qui s’est porté à 13.000 lors des derniers jours de l’exposition (du vendredi matin au lundi minuit), ouverts 24h/24 ! Pourquoi un tel succès ? Les expositions ne manquent pourtant pas au Centre Pompidou et deux fois, Dali fut un triomphe.

Dali - Centre Pompidou

Une première raison tient au sujet même de l’expo. Ceci peut ressembler à une lapalissade, certes. Mais lorsque l’on connaît les habitudes du Centre Pompidou, on peut se dire que la simplicité n’est pas forcément toujours au menu. On se rappelle ainsi, par exemple, celle consacré au Futurisme à Paris. Futurisme qui, rappelons-le à toutes fins utiles, est un mouvement italien. La vision parcellaire du thème n’avait alors pas aidé à en faire une rétrospective de référence. Les diverses expositions thématiques, comme Airs de Paris ou Africa Remix, certes passionnantes (elles comptaient parmi les plus réussies présentées au sixième étages) se montraient moins fédératrices. Cette fois, la simplicité a payé : un artiste célèbre, une simple rétrospective sans thème réducteur et capillotracté, un intitulé simple (Dali, tout simplement) et voilà la recette qui fonctionne !

Autre raison, l’exposition se voulait exhaustive mais pas rébarbative. Le Centre Pompidou nous a parfois pondus des scénographies plus qu’absconses. On se rappellera de celle consacrée au designer Philippe Starck, uniquement composée de vidéos (qui nécessitaient une présence d’environ vingt heures dans la salle pour arriver à bout de tout), sans aucun objet exposé. Ou encore celle consacrée à Dada, avec un plan qui faisait apparaître un nombre incalculable de petites salles carrées, pour soi-disant répondre à l’absurde du mouvement artistique… Tellement absurde que le visiteur avait envie d’en sortir à peine était-il rentré ! En jouant la simplicité et le classicisme, le Centre Pompidou a cette fois réussi une exposition linéaire, sans mécontenter personne. L’innovation y a perdu ce que le bouche à oreille a gagné.

Dali - Centre Pompidou (3)

Bien entendu, il n’y a pas de fumée sans feu. Ou plutôt d’exposition sans œuvre. Et c’est bien là la principale raison de l’affluence de l’exposition Dali. A part dans le mouvement du surréalisme (il réfutait la composition automatique au profit d’un onirisme construit), Dali a développé une esthétique singulière et lisible par le grand public. Les chevaux, sexes, montres molles et autres mantes religieuses émerveillent et effraient, alors que les couleurs masquent le côté psychanalytique des toiles. Sans en chercher le sens, il est ainsi possible de se sentir touché par l’originalité et la finesse du trait. Il est possible d’apprécier le flacon sans l’ivresse, contrairement à d’autres grands artistes à l’image d’Yves Klein ou Jasper Johns, dont les rétrospectives au même endroit n’ont jamais provoqué d’émeutes. Aussi et surtout, Dali a su mieux que tout autre se vendre. Il compte ainsi parmi les rares artistes médiatisés, peut-être à égalité avec Andy Warhol. Aujourd’hui, les pop stars ont pris le dessus (jamais on ne verra une émission consacre à Christian Boltanski ou Xavier Veilhan aux heures de grande écoute) mais Dali a su profiter de la médiatisation de son époque. Son créneau d’écoute était le bon, il n’aurait pas eu droit de cité aujourd’hui. Pour preuve, Stéphane Bern l’a remplacé dans la pub des chocolats Lanvin. Nul autre artiste ne s’est ainsi vendu de son vivant. Et voilà sans doute la part principale du succès de Dali et, partant, de sa rétrospective au Centre Pompidou. Nous souhaitons bonne chance au musée pour rééditer l’exploit avec Daniel Spoerry, Annette Messager ou même Daniel Buren.

En marge de l’exposition

Dali par Baudoin

A chaque exposition, son ou même ses catalogues. Dali a bien entendu eu droit aux siens. Cette fois, nous avons eu envie de souligner l’initiative commune des éditions Dupuis et du Centre Pompidou. Sous la plume de Baudoin, la vie de l’artiste a été mise bande dessinée. Rencontres, œuvres et paranoïas y sont décrites avec un style graphique flamboyant. Les tableaux y sont parfois reproduits en noir et blanc, faisant ressortir leur côté gore. Sans complaisance, Dali par Baudoin décrit l’esprit particulier du maître espagnol. A ne pas manquer !

Dali par Baudoin, éditions Dupuis, 30 €

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