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Misteur Valaire – Bellevue

Le groupe québécois Misteur Valaire vient de sortir son quatrième album, Bellevue. Ils étaient à Paris le 4 octobre pour présenter leur nouvel opus lors d’un concert mémorable au Pan Piper. Save my Brain les a rencontrés à quelques minutes de leur entrée en scène pour un show haut en couleurs et transpirant de bonne humeur. Thomas (clavier, trompette), Luis (percus et chant), Jules (batterie et platines) et Drouin (clavier, saxophone) ont répondu à nos questions, sur un ton détendu et chaleureux.

Misteur Valaire

1. Bonjour Misteur Valaire, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre projet ?

«Et bien c’est très simple, nous cinq petits gars propres de Sherbrooke au Québec (il manquait France, le bassiste, durant l’itw). On se connaît depuis l’époque des bacs à sable. On a un projet electro-jazz à la base mais c’est un peu à la guise du public car il est très difficile de nous classer, on mélange plein d’influences diverses. Notre instrumentation électro-jazz nous permet de ratisser large !

2. Aujourd’hui vous sortez votre quatrième album « Bellevue », d’ou vient ce titre ??

« Nous sommes cinq petits gars propres de la ville de Sherbrooke comme nous le disions précédemment (rires) et au centre de cette ville il y a un mont où l’on peut skier, c’est le mont de Bellevue. On voulait quelque chose qui évoque de grands espaces, la nature à l’image de notre pays et de notre musique.

3. On vous a quitté avec l’album très electro-pop Golden Bombay et on vous retrouve aujourd’hui avec un album toujours très electro mais teinté d’éléments rétro, une ambiance plus «dance». Pouvez-vous nous parler de cette évolution ? Pourquoi ne pas être parti dans une direction toujours plus pop, voire hip-hop ?

« Dans ce nouvel album on a voulu utiliser au maximum nos propres ressources en allant dans la qualité plutôt que la quantité. On a un morceau hip-hop sur l’album mais on ne voulait pas tomber dans une case. Notre défi était de mettre en avant le côté instrumental du projet. Le côté rétro se retrouve surtout dans le traitement des compositions et dans quelques samples. Mais comme le hip-hop, on ne veut pas tomber dans le trop plein de vintage. On essaye de faire en sorte que les français ne puissent pas nous « peinturer dans un coin » (nous mettre dans une case, ndlr)

Misteur Valaire - Bellevue

4. Pourquoi le côté jazz de votre formation initial a presque disparu ?

« Il est vrai que le style jazz, même si on vient de là, a presque disparu. L’album précédent (Golden Bombay) était déjà un tournant. On s’en éloigne car on en écoute beaucoup moins aujourd’hui et on veut pratiquer la musique qu’on aime en ce moment. Bellevue est un album fait pour le studio, même les instrumentations jazzy ont été réalisées de façon plus léchées, plus travaillées. Mais ce qu’il faut noter c’est qu’il y a une grande différence entre l’album Bellevue et le spectacle Bellevue. En studio on se doit d’être efficace, sur scène on se lâche plus et notre côté jazz est toujours sous-jacent. En live, on réinterprète les morceaux de Bellevue qui étaient épurés en studio. Notre désir était de jouer au maximum de nos instruments en live. Notre show est à la fois très carré, même au niveau des costumes on a évolué vers quelque chose de plus sérieux, mais notre grain de folie de la réinterprétation et de l’improvisation est toujours présent. On doit d’ailleurs s’échauffer longuement avant d’entrer en scène, c’est pourquoi Jules, notre batteur, doit se taper sur les cuisses en ce moment même.» (et ce pendant presque toute l’interview!)

5. Parlons à présent de votre projet parallèle Qualité Motel. Est-ce toujours d’actualité et a-t-il influencé l’écriture de ce nouvel album ?
(Qualité Motel est un projet parallèle de nos cinq petits gars, plus electro et dans une configuration plus minimaliste, qui leur permet de jouer dans des lieux insolites et de plus petites salles. )

« Oui, bien sûr c’est toujours d’actualité et même si on a commencé l’écriture de Bellevue avant l’album de Qualité Motel (Motel Califorña), il est clair que ça a influencé son processus créatif. Dans l’album de Qualité Motel on a extériorisé beaucoup de fantasmes et de démons, ce qui a été libérateur pour notre créativité. »

6. Pouvez-vous me parler des collaborations que l’on retrouve dans Bellevue, notamment avec Jamie Lidell et Heems ?

« Nous n’avons jamais rencontré réellement Jamie Lidell, c’est une collaboration qui s’est faite grâce à la toile du Québec. On a créé des liens via le net et il a accepté de participer à notre album. On a bien écouté son dernier album et on a remarqué que sa musique avait des points communs avec la nôtre. Un de nos prochains fantasmes serait de le rencontrer voire de pouvoir tourner avec lui. Ce fut la même chose pour Heems avec qui on a fait le morceau hip-hop, on ne l’a jamais rencontré mais ce fut une très belle association grâce à la magie d’internet »

7. Et en ce qui concerne la participation de C2C à votre album ?

« On a été chercher cette collaboration car cela fait plusieurs années qu’on les côtoies par la scène. On les suit depuis bien longtemps, bien avant qu’il forment C2C. On voulait faire un remix de notre morceau « Dont Get Là » et on a immédiatement pensé à eux. Ça a été un peu difficile niveau timming car ils tournent beaucoup mais 20syl (leader d’Hocus Pocus et fondateur de C2C, ndlr) s’en est chargé personnellement et on est très content du résultat.»

8. Vous sentez-vous proche de l’évolution de ce groupe qui est parti d’une base très hip-hop pour aller vers une l’electro dansante, comme vous êtes partis du jazz ?

« Oui nécessairement. On a la même vision de la création artistique, de l’industrie musicale et de l’implication que l’on doit avoir dans la musique. Notre vision humaine et artistique est très proche. Nous sommes deux groupes voués à cheminer dans la même direction. De plus leur histoire s’apparente beaucoup à la notre, d’un point de vue plus personnel. Ce sont quatre potes qui se connaissent depuis la plus tendre enfance et ont toujours joué ensemble comme nous. L’amitié est aussi un secret de la réussite. »

9. En parlant de votre vision de l’industrie musicale, la vôtre est bien originale car vous avez publié votre musique sous licence libre (creative commons), est-ce toujours le cas? Pouvez-vous nous expliquer votre modèle de réussite grâce à ce système ?

« Oui bien-sûr nous somme toujours en creative commons. Le principe est simple. Tu peux refaire une œuvre à partir des nôtres. Ce sont des licences libres et alternatives aux sociétés de droits d’auteur traditionnelles. Si tu veux remixer un morceau et l’utiliser de façon commerciale tu dois juste nous écrire pour nous avertir. Pour nous le but est d’avoir le moins de chose à gérer. C’est une espèce d’entente généralisée à l’amiable, c’est créer pour se simplifier la vie. Nous on a très peu de chose à gérer au final, ce sont les artistes qui n’utilisent pas encore ce système qui doivent avoir beaucoup de chose à gérer. Nous travaillons avec beaucoup de samples que nous trouvons un peu partout sur internet, et donc quand l’artiste est en creative commons ça nous arrange tellement. C’est un juste retour des choses que nous partagions notre musique librement également, c’est un enrichissement pour tout le monde. »

10. Pour les lecteurs de Save My Brain, pouvez-vous nous dévoiler vos coups de cœurs culturels du moment ??

« Ce n’est pas un secret mais le prochain album d’Arcade Fire soulève beaucoup d’enthousiasme, via le clip interactif du premier single. Moins connu internationalement, Jimmy Hunt (chanteur et compositeur folk-blues de Montréal, ndlr) est en passe de devenir un personnage important de la scène québécoise, et son nouvel album est à surveiller de très près. Pour sortir de la musique, on attend avec impatience les prochains films des réalisateurs québécois Eric Morin et Stéphane Lafleur. A retenir un film prometteur dont on a réalisé la musique, Jean et Béatrice de l’actrice réalisatrice Amélie Glenn, adapté d’une pièce de théâtre. Et sinon, il y a l’éternelle Céline Dion à Las Vegas, à surveiller ! (rires). »

11. Votre solution pour sauver les cerveaux ?

« Ecouter Bellevue, boire du vin rouge et prendre le style. Assume ce que tu es ! »

LE CONCERT :

MV nous a une fois de plus régalé par leur jeu scénique électrisant et un set maîtrisé avec brio (chorégraphie, jeu de lumières, mapping vidéo), qui laisse place à l’improvisation et à ce grain de folie qui ne manque pas d’entraîner le public dans la danse.

Après une poignée de morceau du nouvel album, les cinq acolytes de Sherbrooke revisitent les titres de leur précédent opus Golden Bombay, rodés et renouvelés lors d’une tournée mondiale de plus de deux ans. Leur son a bien évolué depuis leurs débuts électro-jazz, se nappant de plus en plus d’éléments électroniques, exécutés en live par ces musiciens hors-pair, sans faillir à la qualité de leurs compositions. Instruments live et boites à rythme s’entrelacent donc pour former une musique accessible, aux accents pop et funky et à l’énergie festive contagieuse. Les Misteurs sont une valaire sûre !

LIENS :

site internet : mv.mu

musique : soundcloud.com/misteur-valaire

facebook : www.facebook.com/misteurvalaire

Vidéos :

Clip de Don’t Get Là, extrait du nouvel album Bellevue :

La version live au Pan Piper :

Autre extrait live (Ave Mucho, issu de l’album Golden Bombay) :

Liens supplémentaires :

Nouveau clip d’Arcade Fire
Jimmy Hunt
Bande-annonce du premier film d’Eric Morin

Site de Qualité Motel (side project)

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