Culture et confiture

Comment élit-on un pape ?

Cette semaine (non je n’écris pas mes articles à la dernière minute !!!), j’ai appris en mangeant mes biscottes que le pape allait démissionner. Etant aussi féru de ce genre d’infos que de la viande de cheval dans les lasagnes surgelées, j’avoue ne pas avoir prêté plus d’attention que ça à la nouvelle. Mais étant un chroniqueur toujours aux aguets d’un sujet intéressant (parfois, juste d’un sujet), je me suis décidé à chercher comment on élit on un pape. Eh bien figurez vous qu’il y a des anecdotes assez cocasses qui vont me permettre de vous expliquer le pourquoi du comment de l’élection d’un pape. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir.

COMMENT ELIT-ON UN PAPE ?

L’adaptation au cinéma du livre Anges et Démons de Dan Brown a permit d’ouvrir aux communs des mortels les secrets d’une élection pontificale : on y retrouve l’assemblée des cardinaux (les vieux messieurs en rouge), les procédures des votes, la fumée, la chapelle Sixtine, les portes fermées à clefs (d’où vient le mot conclave, « à clef » en latin),…

Pour être plus détaillé, l’élection du pape est régie par une bulle pontificale (une sorte de décret), la constitution apostolique Universi Dominici Gregis (Tout le troupeau du Seigneur) proclamée par Jean Paul II en 1996. On y retrouve de nombreuses règles déjà existantes.

Tout d’abord, l’organisation de l’élection. Sont convoqués à Rome tous les cardinaux. Le pape étant l’évêque de Rome, il s’agit donc d’une élection d’évêque, mais une élection attendue par plus d’un milliard de catholiques dans le monde. L’élection doit débuter au plus tôt 2 semaines après la mort ou la démission du pape, au plus tard dans les 20 jours qui suivent. Cette période est appelée le « sede vacante », le siège vide, en référence au trône de Saint Pierre qui n’a plus de propriétaire. C’est le collège des cardinaux qui gèrent l’Eglise en attendant l’élection d’un pape.

Les cardinaux sont à l’origine enfermés dans la Chapelle Sixtine, célèbre pour ses plafonds peints par Michel Ange. Cette tradition remonte à l’élection du pape Grégoire X. L’élection dura 3 ans. Au bout de 33 mois d’attente, les autorités décidèrent de fermer la salle de réunion (qui n’était pas encore la Chapelle Sixtine) en murant les issues et en retirant le toit. Ils songèrent même à les priver de vivres, mais les premières mesures semblèrent suffire. Ce même pape Grégoire X décréta qu’au bout de 5 jours, les cardinaux étaient réduits au pain, au vin et à l’eau. Cette mesure, fort heureusement, fut supprimée peu après.

Le collège des cardinaux est composé au maximum de 120 cardinaux. Pour être élu, il faut avoir moins de 80 ans et être un homme. Avec la nouvelle constitution apostolique, n’importe quel homme baptisé de moins de 80 ans peut être élu. Ca, c’est la théorie. L’élu est généralement présent parmi les cardinaux électeurs.

L’élection nécessite l’accord des deux tiers des suffrages exprimés, en sachant qu’il n’y a pas de campagne électorale. On élit le candidat qui semble le mieux armé pour diriger l’Eglise catholique. A chaque tour de scrutin, les cardinaux remplissent un papier sur lequel est mentionné en latin « Je choisis pour Souverain Pontife … » (« Eligo in Summum Pontificem« ) avec le nom du candidat qu’ils soutiennent. Il y a un tour de scrutin le matin et un autre l’après midi. Parfois, il peut y avoir jusqu’à 4 scrutins par jour. Le dépouillement se fait à haute voix, les bulletins sont perforés avec une aiguille reliée à une aiguille à l’endroit du bulletin où est mentionné le mot « Eligo ». Ensuite, on fait un nœud et on revérifie le nombre de bulletins. Si le nombre correspond, on brûle le tout.

Une fois le tour de scrutin achevé, s’il n’y a toujours pas d’élu, les bulletins sont brûlés avec de la mousse humide, afin de donner cette teinte noire (même si désormais on utilise des fumigènes colorants pour éviter les méprises). On recommence jusqu’à ce qu’un nouveau pape soit élu. Jean Paul II avait édicté le fait qu’au bout de 30 tours de scrutins, l’élection se faisait à la majorité absolue, c’est-à-dire la moitié des voix plus une. Benoît XVI l’a annulé en 2007 pour revenir à la majorité des deux-tiers des votants.

Si un pape est élu, le cardinal doyen (qui ne peut être candidat lui-même, même si il a moins de 80 ans) pose deux questions au nouveau souverain pontife : « Acceptez vous votre élection au titre de souverain pontife ? » et « Sous quel nom souhaitez vous être appelé ? ». L’élu a la possibilité de refuser l’élection. S’il accepte, les bulletins sont brûlés sans artifices pour délivrer une fumée blanche. Ses prérogatives prennent effet sur le champ, et les actes qui suivront seront titrés de son nouveau nom, il revêt la tiare et va prononcer la bénédiction Urbi et Orbi au balcon de la place Saint Pierre devant la foule des fidèles. Ad majorem dei gloriam !

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