Littérature Livres

Jean-Louis Fournier, une plume de tendresse et d’ironie

Ecrivain, humoriste, réalisateur pour la télévision, un père médecin et une mère rédactrice, Jean-Louis Fournier est né à Calais le 19 décembre 1938.

Entre 1971 et 1974, il réalise l’émission « Italiques » de Marc Gilbert.

Créateur et scénariste de « la Noiraude », célèbre dessin animé illustré par Gilles Gay, est l’histoire d’une vache, héroine triste et pas sûre d’elle, qui raconte ses états d’âme à travers un dialogue burlesque.

Jean-Louis Fournier a été le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de « la Minute nécessaire de M. Cyclopède », on lui doit également la dépêche AFP annonçant le décès de l’humoriste « Pierre Desproges est mort d’un cancer. Etonnant, non ? »

Réalisateur de télévision, auteur de 26 bouquins, Jean-Louis Fournier a reçu le Prix Fémina en 2008 et le prix des Lecteurs en 2010 pour son livre « Où on va Papa? ».

En février 2012, Jean-Louis Fournier jouera au Théatre du Rond-Point son spectacle « Tout enfant abandonné sera détruit », satyre féroce du règne de l’enfant-roi, dans lequel Jean-Louis Fournier donne des cours d’insolence et reprend son essai « Mouchons nos morveux ».

Ecriture :

Jean-Louis Fournier est un auteur prolifique et facétieux. Ses livres sont drôles et bourrés d’ironie où se mêlent tendresse, humour et sincérité. Homme d’esprit, cet écrivain populaire et sarcastique use et abuse de la dérision et de l’absurde avec un art du décalage et un talent évident pour raconter la simplicité et la tragédie de la vie.

Jean-Louis Fournier a le goût des autres, cet auteur pour qui l’écriture aide à retrouver le goût de vivre, et qui aime la beauté des choses, est un vorace de l’existence, qui a le bonheur d’être utile et compris avec le succès de ses livres. Jean-Louis Fournier, bouleversant de tendresse dans ses livres, est en équilibre instable entre rires et larmes, ce virtuose de la plume manie avec talent, humour et tendresse, le tout dans un style vivace et incisif.

Bibliographie :

Essais :

« la Grammaire française et impertinente », une grammaire impertinente qui réunit l’ensemble des règles à suivre pour dire et écrire correctement bêtises et grossièretés, 1992.

« l’Arithmétique appliquée et impertinente », l’arithmétique impertinente où comment l’arithmétique devient moins fastidieuse, 1993.

« Peinture à l’huile et au vinaigre », Jean-Louis Fournier raconte des tableaux… pour rire, avec des fiches très sérieuses pour connaître les grands peintres ;  « le Pense-Bêtes de St François d’Assises », 1994.

« le Curriculum vitae de Dieu », Dieu a tout créé, il s’ennuie et rédige son cv et postule pour un job dans une grande entreprise, 1995.

« le Pain des français » dénonce la bêtise de certaines vérités à la peau dure dans l’inconscient collectif ; « Sciences naturelles et impertinentes » conjugue pédagogie et plaisir, sorte de mini-encyclopédie à travers divers thèmes avec des réponses scientifiques et un brin d’humour, 1996.

« Je vais t’apprendre la politesse, p’tit con », manuel de savoir-vivre pour les jeunes, 1998.

« Roulez jeunesse », code de la route pour les jeunes, 2000.

« Mouchons nos morveux », conseils aux parents qui ne veulent pas se laisser marcher sur les pieds, 2002.

« les Mots des riches, les mots des pauvres », ouvrage de sociologie légère dans lequel Jean-Louis Fournier rappelle fort à propos qu’il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade, 2004.

« à ma dernière cigarette », écrit par un « petit » fumeur qui souhaite déculpabiliser les petits fumeurs et dissuader les gros fumeurs et rire d’une campagne anti-tabac qui diabolise le tabac et se transforme en campagne anti-fumeurs, 2007.

Récits :

« Il a jamais tué personne, mon papa », récit vif et amusant en délicatesse et sensibilité sur son père, médecin et alcoolique, mort à 45 ans, Jean-Louis Fournier, au travers de ce livre, montre combien ce père était quelqu’un de formidable, 1999.

« J’irai pas en enfer », récit de Jean-Louis Fournier,enfant, et ses démêlés avec le Père éternel, 2001.

« mon dernier cheveu noir », ironie sur l’âge et la vieillesse, 2006.

« Où on va Papa? », le quotidien avec ses deux enfants handicapés, 2008.

« Veuf », chronique d’un veuvage, 2011.

Romans :

« le Petit Meaulnes » raconte les relations entre deux frères, 2003.

« Satané Dieu », Dieu avec St Pierre, est cynique, moqueur et méchant. Il en a assez des hommes. Jean-Louis Fournier apporte un regard amusé et amusant sur la vie et le quotidien, 2005.

« Poète et paysan », le narrateur, originaire d’Arras, citadin tombe amoureux d’une fille d’agriculteurs, et décide de reprendre la ferme, abandonnant ainsi son projet de devenir metteur en scène. Jean-Louis Fournier revisite sa vie de couple avec un humour corrosif, c’est aussi une réflexion sur l’existence et le bonheur, 2010.

Albums de jeunesse : « la Noiraude », 1999 ; « Pas folle la Noiraude », 2001 ; « Antivol, l’oiseau qui avait le vertige », 2006.

Recueil de nouvelles : « Histoires pour distraire ma psy », 2007.

Ses deux derniers récits :

« Où on va Papa ? » :

Jean-Louis Fournier raconte son vécu et son ressenti avec Mathieu et Thomas, ses deux enfants handicapés, atteints d’une maladie génétique, l’arthrogrypose, qui  a engendré une déficience mentale et une fragilité du squelette. Mathieu meurt à 13 ans d’une artrhodèse, opération de la colonne vertébrale pour soigner sa scoliose.

Dans ce livre affectueux, Jean-Louis Fournier met son coeur à nu, sa rage et parfois son désespoir, il décrit son besoin de rire d’eux, pour dédramatiser, il dit sa jalousie vis-à-vis des parents qui ont des enfants valides. Jean-Louis Fournier a écrit ce que beaucoup de parents d’enfants handicapés pensent tout bas, et en écrivant ce quotidien, ce livre lui a permis d’établir un dialogue avec Mathieu et Thomas.

« Où on va Papa », seule phrase que répétait sans cesse Thomas, lui a inspiré le titre de ce livre tendre et qui s’avère être une déclaration d’amour à ses enfants touchés par l’handicap. Au travers de cette confession oscillant entre rire et gravité, et où bannir le pathos a permis à l’écrivain de survivre et de résister au drame d’avoir deux enfants handicapés, c’est avec un regard lucide et sans concessions, d’un papa qui souffre, que Jean-Louis Fournier nous offre un bouquin rempli d’une infinie tendresse où l’humour caustique est une façon de surmonter l’handicap, mais surtout de montrer l’amour de ce papa pour ses enfants.

« Veuf« 

Sylvie, la dernière femme de Jean-Louis Fournier, vient de mourir d’une crise cardiaque, elle avait 63 ans. Le livre débuet par cette phrase « Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste. Cette année, on n’ ira pas faire les soldes ensemble. » Jean-Louis Fournier a rencontré Sylvie, script de cinéma, chez Claude Lévy-Strauss, ils ne se sont plus quittés pendant quarante ans.

Avec une écriture laconique et un humour froid, Jean-Louis Fournier raconte l’histoire d’amour avec Sylvie, sa dernière femme, une histoire simple, banale, évidente dont il a rassemblé les souvenirs dans 150 pages remplies d’amour, de tendresse et d’humour, écrit de suite après son décès.

Jean-Louis Fournier raconte de façon émouvante et pleine d’ironie la chronique au jour le jour de son deuil, il raconte l’absente, sa solitude. Avec talent et élégance, justesse et dérision, inconsolable et gai, malgré son immense chagrin, l’écrivain fait là une belle déclaration d’amour à Sylvie, qu’il réanime dans ce livre avec ses mots touchants. C’est un hommage à sa femme, tout en délicatesse et sensibilité.

Ecrire avec humour n’empêche pas les sentiments, car Sylvie lui manque terriblement, mais rire pour que la vie soit supportable et pour supporter le drame : son seul médicament, c’est l’humour, et l’auteur a un credo : ne pas sombrer dans le mélo et rappelle à l’envi cette phrase de Voltaire « il est poli d’être gai ».

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2 Comments

  • Reply
    Scotto Maryvonne
    15 janvier 2014 at 16:10

    quel amour ! quel humour dans ce livre. Ils se sont aimés et la vie sépare ceux qui s’aiment.
    merci à vous. « La servante du Seigneur » encore un livre pas très gai mais une situation qui peut arriver à n’importe quel parent.

  • Reply
    camus catherine
    29 avril 2013 at 17:57

    je rentre dans une librairie et je découvre ce livre « veuf ». Quelques lignes suffisent à me bouleverser après avoir vécu ce drame. Un merveilleux hommage à l’être aimée,Sylvie. d’une grande tendresse et d’une grande sincérité au travers de ces mots peint de bleu, de rose puis de blanc et de noir. Tout y est vrai dans ce livre où un jour… tout bascule. Que d’émotions pages après pages. Merci Monsieur J.Louis FOURNIER.

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