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Babx – Drones Personnels

David Babin, alias Babx, revient avec un troisième album intitulé Drones Personnels. Des ambiances prenantes, des arrangements aux sonorités expérimentales, des thèmes brillants et peu communs… Il devenait urgent que nous allions à sa rencontre.

Babx (2)

Babx en est à son troisième album. Le premier s’intitulait sobrement Babx et le deuxième Cristal Ballroom. Le dernier en date, Drones Personnels, continue avec les titres tordus. Ce n’est pas un hasard, ce genre d’association étrange colle tout à fait à la musique de l’artiste. Celui-ci se débrouille toujours pour que quelque chose n’aille pas dans ses chansons. A Helsinki, il attend sa dulcinée dans un aéroport bloqué par le nuage volcanique. Quant à Naomi, mannequin qui aime les diamants et le luxe, elle n’hésite pas à frayer avec les dictateurs pour assouvir son goût du luxe. Dictateur qui trouve sa place dans Despote Paranoïa, où Babx relate la chute d’un autocrate qui ne veut pas abdiquer, reclus dans son bunker avec ses derniers fidèles.

Si dans les histoires de Babx, il y a toujours quelque chose qui cloche, la musique le lui rend bien. Chaque titre apparaît comme une mini pièce de théâtre mise en musique, où les arrangements soulignent avec force le propos. D’aucuns trouveront les arrangements de Despote Paranoïa stressants… Dissonances, rythmes accélérés… Aucun artifice n’est refusé pour coller à la situation.

Babx

Sur scène, l’ambiance est encore plus prenante. Les batteries y sont amplifiées, scandant la parole avec une force mécanique. On se demande comment certains sons peuvent sortir des instruments présents sur scènes. Hors de ces histoires extraordinaires, ils n’auraient d’ailleurs aucun intérêt. Sans harmonie, certaines guitares électriques se transforment en sirène pour mieux appuyer ces contes déboussolés. La musicalité semble souvent secondaire, le côté expérimental primordial. Plus tard, un poème de Rimbaud déclamé se transforme en un impressionnant instrumental électro pop qui rappellerait presque le vacarme d’une usine. Les corps se mettent en transe dans la salle, portés par un rythme qui ne cherche plus à charmer l’oreille. Babx est là pour raconter, faire ressentir.

Il y a certes la musique mais aussi l’image. Chaque nouveau clip de Babx est le prétexte à un nouveau petit bijou. Le dernier en date est Tchador Woman, hommage à Manal Al-Sharif, femme qui fut jetée en prison pour avoir eu l’outrecuidance de conduire en Arabie Saoudite. L’imagerie mécanique est présentée sous ses plus belles formes vintage, de films publicitaires d’époques en extraits de course-poursuite. Le tout sous le rythme implacable et la voix monocorde d’un Babx qui ne cesse de surprendre. Laissons-lui maintenant la parole.

Si tu devais te présenter en quelques mots… ?

Je suis un musicien qui chante, tout simplement !

Peux-tu nous parler de tes débuts sur scène ?

J’ai commencé très tôt. Enfant, même. J’ai grandi dans une famille de musiciens et j’ai toujours baigné dans le monde du spectacle. Petit, je voulais devenir comédien. J’ai fait du théâtre étant gamin et j’ai commencé à jouer sous le pseudo de Babx vers 18 ans. Et j’ai fait mon premier concert dans une salle sur une péniche !

Plutôt scène ou studio ?

Les deux ! Les deux sont complémentaires et ce n’est pas la même expérience. Et les deux sont extrêmement importants. A l’aise ou mal à l’aise, une fois sur scène, on ne peut plus fuir.

Comment as-tu abordé ce nouvel album, par rapport au précédent ?

Sur Drones Personnels, j’ai travaillé d’autres formes de sonorités, avec plus de synthé et d’électro. Avant, j’avais un son plus boisé, plus chaleureux. J’ai aussi travaillé des formes de chansons plus libres, comme de minis opéras. J’ai travaillé avec une équipe resserrée. L’album n’a été enregistré qu’avec des gens de mon groupe et seulement un ou deux invités.

Babx - Drones Personnels

Certains thèmes te tenaient-ils à cœur ?

Oui, il y avait une idée générale derrière le son de cet album. Cette idée, c’était d’avoir la sensation qu’il était le résultat d’un orchestre villageois, d’une fanfare électrique de village, qui aurait enregistré en orbite dans une station spatiale comme MIR. Je voulais quelque chose de solaire, d’éthéré pas de terrien, poussiéreux et rugueux.

Chacun de tes titres a un aspect très théâtral. Comment mêles-tu à ce point texte et musique ?

Le texte est en général ce qui vient ne premier. Quand une idée vient, je travaille un peu tout en même temps. Le but, c’est que l’ensemble soit indissociable, qu’on puisse comprendre le texte sans la musique et vice et versa. Comme deux jumeaux qui ont une identité propre, les deux marchent sur des rails parallèles.

Tes clips ont une esthétique très particulière. Les as-tu à l’idée dès que tu composes ?

Non, ça vient dans un second temps. Mais quand je compose, je fais toujours une recherche iconographique assez fouillée sur le thème abordé, même si je ne pense pas directement au clip. Après, je fais toujours mes clips avec Armel Hostiou et c’est lui qui les monte et les scénarise.

Quels sont les albums qui traînent sur tes étagères et qui t’ont bercés ?

Pour cet album, ça a été un peu particulier. Habituellement, j’ai toujours des références qui me trottent en tête mais pas cette fois. Il faut dire que je ne renouvelle plus trop le contenu de mon iPod… Mais pendant la création de cet album, quelques influences ont tout de même percé, comme Laurie Anderson, et en particulier son titre O Superman, Sonic Youth et, vers la fin, Conan Mockasin. Mais je suis resté assez concentré sur moi-même, pour ne pas être parasité.

Babx (3)

Quels sont tes projets à venir ?

Il a bien sûr une tournée qui arrive mais également d’autres projets à côté. D’abord un opéra contemporain qui sera joué à New-York, à propos du physicien Nikola Tesla. Et je produis également le prochain album de Camélia Jordana (avec qui il chante en duo Je ne t’ai jamais aimé, NDLR).

Notre magazine s’appelle Save My Brain… Sauver les cerveaux. Comment peut-on le faire ?

Il faut se détacher de Facebook de temps en temps ! Ouvrons nos oreilles, nos yeux, notre cœur, c’est comme on veut !

Peux-tu nous parler de tes derniers coups de cœurs culturels ?

En période de préparation d’album, c’est toujours difficile de découvrir de nouvelles choses. Mais j’ai envie de citer une troupe de théâtre qui s’appelle les Chiens de Navarre, qui est incroyable. Il y a aussi la chanteuse Jeanne Added, qui est magnifique. En poésie, il y a l’Homme Rapaillé de Gaston Miron. Et pour le cinéma, sans surprise, c’est le dernier Tarantino.

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