Chanteuse rock

Rita Coolidge

Pour certains, elle reste la petite amie de Stephen Stills dont la rupture fût une des raisons évoquées pour la séparation du méga groupe Crosby, Stills, Nash (& Young). Pour d’autres, c’est l’ex-femme de Kris Kristofferson (mais si, vous savez, le chanteur rock country, ex-amant de Janis Joplin, décidément, qui s’est fait connaître par le tube « Me and Bobby McGee » et que celle-ci ajoutera, non sans succès, à son propre répertoire), avec qui elle signera trois albums collectifs entre 1973 et 1978. Tentation faite femme pour Leon Russell, apparition angélique pour Willie Nelson, Rita aime se jouer des apparences. Qui peuvent parfois être trompeuses, car si Coolidge reste l’artiste de quelques beaux succès (on se souvient de « (Your Love Keeps Lifting Me) Higher and Higher », « We’re All Alone », « Fever », « All Time High »…), sa carrière n’a pris le tournant qu’avaient amorcé deux Grammy Awards. Chronique d’une success story en demi-teinte.

Fille de pasteur

Née le 1er mai 1944 à Nashville, dans l’état américain du Tennessee, c’est toutefois un peu plus à l’est de la capitale musicale que Rita passe les premières années de sa vie. Pasteur en charge d’une paroisse avoisinant la petite ville de Lafayette, son père Dick n’hésite pas à mêler vies professionnelle et privée en plaçant sa fillette au cœur de sa chorale, celle-ci y apprenant, pour son plus grand bonheur, les ficelles du chant et de la performance artistique. Au moment de former son premier groupe, l’adolescente joue encore la carte familiale en se produisant avec ses sœurs Priscilla et Linda sous le nom The Coolidge Sisters, à l’occasion de foires locales et concours de talents. Un trio qui prend malheureusement fin avec la séparation des jeunes filles au tournant de leurs études : choisissant de poursuivre une cursus artistique, Rita s’inscrit à la Florida State University, tandis que  Linda abandonne le chant et que Priscilla le poursuit.

La coupure musicale sera, on l’imagine, de courte durée puisque la jeune fille retrouve rapidement le chemin des scènes locales avant d’enregistrer des jingles publicitaires à Memphis, afin de financer ses études. C’est là d’ailleurs, grâce à l’entreprise pour laquelle elle travaille, qu’elle y enregistra son premier single « Turn Around and Love You ». Les prochains à tomber sous le charme de cette voix si puissante et délicate ne sont autres que le couple d’artistes blues Delaney and Bonnie qui lui demande derechef de les accompagner sur Accept No Substitutes, album qui participera à leur découverte. Quand elle arrive à L.A., Rita s’étonne de sa popularité : à l’échelle locale, son premier single s’y est quand même classé dans le top ten! Sa carrière de choriste guest peut enfin commencer.


Superstar

Le premier des artistes qui l’approchent est un certain Joe Cocker, pour les besoins de son album Mad Dogs and Englishmen (1969). Bercée par cette vie de bohème, la jeune femme suit l’artiste au gré de sa tournée homonyme, pour y entonner notamment « Superstar » qui deviendra le clou de chacun des spectacles. Une fois revenue à L.A, Coolidge est devenue une choriste très demandée : Stephen Stills, Eric Clapton, Dave Mason ne sont que quelques uns des artistes qui vont s’arracher ses services. Une première étape avant de passer à l’aventure solo en signant avec A&M Records en 1971 : tout simplement intitulé Rita Coolidge, la galette se distingue par son utilisation du gospel, de la pop et du rythm and blues : l’artiste se cherche certes dans son premier album, mais a déjà vite compris qu’avec ses balades entraînantes, celle-ci pouvait remuer les foules autant qu’elle le ferait avec un rock pur et dur !

Si Nice Feeling (1971), The Lady’s Not For Sale (1972), Fall Into Spring (1974) confirment son raffinement sélectif, un autre événement d’importance est en train de se jouer en sous-marin : sa rencontre avec Kris Kristofferson. Un tremblement de terre affectif autant que professionnel puisque en plus de devenir son mari en 1973 et le père de sa fille Casey, l’auteur-compositeur sera aussi son partenaire musical dans le duo Kris + Rita, l’espace de trois albums : Full Moon (1973), Breakaway (1974) et Natural Act (1978). Mais si leur rencontre a tout d’un coup de foudre (ndlr : dans l’avion qui les mènent, pour l’un à Nashville et l’autre à Memphis), leur passion sera tout aussi fugace : ceux-ci divorcent en 1980. Seule note réjouissante, entre temps, la carrière solo de la chanteuse a décollé avec l’album doublement platine We’re All Alone (1977) (ndlr : également sorti sous le nom Anytime… Anywhere) et Love me Again (1978), propulsant quatre titres à la suite au sommet des charts : « (Your Love Keeps Lifting Me) Higher and Higher », « We’re all Alone », sans oublier « The Way You Do The Things You Do » et « You », qui avaient fait la renommée des Temptations.

Lascive « Femme du Pays », selon Leon Russell dans sa chanson « The Delta Lady », chanteuse émérite à la voix angélique pour Willie Nelson dans son « Devil in a Sleeping Bag » (ndlr : qu’on peut retrouver sur l’album Shotgun Willie sorti en 1973), les compliments pleuvent pour Rita qui est alors au faîte de sa gloire. Puis, à mesure que les années passent, le succès se fait un peu plus rare, hormis pour des titres comme « Fever », magistrale réinterprétation du standard de Peggy Lee, « One Fine Day » ou encore « All Time High », le thème principal composé par John Barry pour le James Bond Octopussy (1983), qui permettent à l’artiste de rester en phase avec un public un peu moins présent mais fidèle.


La Femme Delta

Après les décennies rock, pop et country, à tendance disco et funk, 2006 sera l’année du jazz pour Coolidge. Après des années de compromis avec sa maison de disques, celle-ci lui donne les pleins pouvoirs pour And So Is Love, en confiant la direction artistique à Jimmy Haslip, le légendaire bassiste et co-fondateur du groupe de jazz fusion, The Yellow Jackets. Si Rita a déjà pu se frotter au genre musical, de par sa collaboration avec la pianiste Barbara Caroll sur l’album It’s Only Love (1975), c’est en revanche la première fois qu’elle fait appel à tout une frange de jazzmen pour l’enregistrement d’un album. Fan devant l’éternel de la jazzwoman Peggy Lee, (ndlr : Rita Coolidge est la première artiste à avoir réinterprété l’indétrônable « Fever »), des titres tels que « Cry Me A River »(eh oui, Justin n’a pas la paternité de la chanson), « Don »t Smoke In Bed » ou « I Don’t Know Enough About You » s’affichent en bonne place de la setlist aux côtés de « Come Rain Or Come Shine » de Ray Charles ou d’autres airs connus du répertoire jazz tels que « Save Your Love For Me », « More Than You Know » ou « Sentimental Journey ». « We’re all Alone » trouve même ici une relecture inédite, près de 31 ans après sa première interprétation !

« Notre relation avec la musique représente celle que nous avons avec nous-même et avec les autres. L’importance de la famille est entrelacée avec notre chemin spirituel. Dans ma nation, celle des Cherokee, les femmes sont vénérées quand elles vieillissent. Je suis au milieu du processus et j’essaye de l’embrasser avec grâce et dignité. Je m’efforce de restituer tout ce que j’ai appris » déclarait Rita lors de la sortie de son dernier album. Une expérience considérable au vu des 43 albums (ndlr : 37 solos et 6 collectifs) qui ont jalonné ses 33 ans de carrière et qui, d’ailleurs, continue de s’écrire, ne serait-ce qu’en compagnie de Walela, le groupe que Rita a monté avec sa sœur Priscilla et sa nièce Laura Satterfield, célébrant la musique traditionnel amérindienne. Un concert donné aux Jeux Olympiques d’Atlanta, trois albums : Walela (1997), Unbearable Love (2000) et Live in Concert (2004) : quelle suite est réservée à l’avenir du groupe ? To be continued !

(Les photos proviennent du site http://www.fanpix.net/).

Sources

Sites internet
http://www.ritacoolidge.com/
http://www.theuncool.com/journalism/rita-coolidge-biography/
http://www.allmusic.com/artist/rita-coolidge-mn0000208997

Articles
Rita Coolidge in Le rock dictionnaire illustré, Larousse (1997)
Rita Coolidge Biography : http://www.ritacoolidge.com/bio/
Rita Coolidge Interview from Aug 27, 1988 : http://www.wolfgangsvault.com/rita-coolidge/concerts/interview-august-27-1988.html
Rita Coolidge interview : http://rockshowcritique.com/2012/02/rita-coolidge-interview/

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1 Comment

  • Reply
    Sylvain
    26 avril 2014 at 6:22

    C’est un parcours très intéressant. Comme la plus part des stars, elle a réalisé sont rêve américain. Cela prouve que lorsqu’on travaille bien, c’est les autres qui viennent nous chercher et non pas nous qui allons vers eux pour leurs proposer nos services. En plus, elle n’est pas tombée dans les addictions que le succès entraîne avec lui. C’est une fille de pasteur après tout.

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