L'épinglée du mois

Tristane Banon, un peu de discrétion

Chère Tristane,

C’est un épinglage un peu rude que je m’apprête à pratiquer car telle une Vierge médiatique, s’attaquer à toi relève du blasphème et du crime anti féministe. Je ne remettrai pas en doute ta parole, sans doute as-tu vécu l’horreur que tu décris depuis plusieurs années avec une fidélité qui laisse présager que tu dis la vérité. Rassure-toi, je ne te jetterai pas à la figure que tu mens et que tu ne cherches qu’à attirer l’attention sur toi ou profiter du drame d’une autre. Non, là où je suis agacée, c’est de voir que tu en as quand même bien profité pour mettre du beurre dans tes épinards.

Avant cette entrée fracassante sur le devant de la scène orchestré par Ardisson, bien ravi de ressortir ses archives, j’avais entendu ton nom deux fois. La première associée déjà à DSK, on disait que tu avais écrit un livre coup de poing que son équipe de campagne cherchait à faire disparaître à tout prix. Le deuxième pour un article nauséabond sur Atlantico où tu pleurais sur la disparition des vrais hommes. Telle une Zemmour en soutien gorge, tu t’indignais de ces hommes du XXIe siècle qui osaient changer une couche et s’occuper de leurs enfants. Allons donc, où sont les mâles ?


Puis affaire DSK il y a eu. Je me souviens de ce jour où je t’ai vue apparaitre sur France 2, toute fragile et menue, l’air hagard, expliquer que tu ne cherchais pas à profiter de la situation et que tu n’avais rien demandé à personne. Je t’ai crue et pendant longtemps, j’étais émue de voir ta petite tête de moineau perdue au milieu de ce battage médiatique qui te dépassait. Quand je dis tête de moineau, c’est affectueux, tu sais, c’est joli un moineau et tout petit.

Puis y a eu le livre règlement de compte, jolie transformation opportuniste de ta nouvelle notoriété. J’ai tiqué. Tu veux dénoncer, c’est bien mais on ne peut pas dire que tu as manqué de tribunes médiatiques, je t’ai même vue interviewée par Voici. Rien que ça. Une vraie écrivaine en promo qui se permet de dresser un portrait peu flatteur d’Anne Sinclair. Là, je commence un peu à me poser des questions. Quelle que soit ta colère, t’attaquer à une autre femme, certes épouse de ton bourreau, ce n’est pas sport. Elle n’était pas là au moment tragique et on ne sait pas bien ce qu’elle pense de tout cela. Elle a choisi de ne pas s’exprimer, laissons la donc là où elle semble se sentir le mieux : dans son coin.

Puis au détour d’un autre magazine, je découvre ton nom dans un entrefilet : tu vas devenir chroniqueuse pour l’émission de Paris Première « Ca balance à Paris ». Est-ce encore un coup de Thierry Ardisson qui ne rate pas une occasion de faire le buzz ? Peut-être mais là, je trouve que ça sent un peu mauvais. Du jour au lendemain, tu passes de gratte-papier pour un site de piètre facture à la nouvelle chroniqueuse en vue de la TNT et pourquoi ? Car tu as du talent ? Non, ça, personne n’en parle et tout le monde s’en fout on dirait. Non, tu as été victime d’un pervers. C’est triste mais ça ne fait pas naître le talent.

Je suis dure et tu me diras que, toi, à la base, tu n’as rien demandé et que tu n’as fait que saisir les opportunités qui se sont présentées à toi. Je veux bien mais le problème, mon moineau, c’est que tu as grillé la politesse à des personnes peut-être bien plus douées que toi. Tu n’auras pas à faire tes preuves et ceux qui attaqueront ton travail tomberont sous le sceau des infamants osant remettre en cause le labeur d’une victime. Par ailleurs, en te précipitant ainsi sur ces opportunités, tu donnes de l’eau au moulin de tes détracteurs, ceux qui prétendent qu’il ne s’est rien passé et que tu as profité de l’affaire Diallo pour prendre une place sur le devant de la scène.

Je ne serai pas de ceux là. Moi, je te reproche juste de ne pas avoir pris le temps. Celui de te faire oublier un peu, que toute cette histoire se tasse. Et de revenir ensuite, avec un travail que nous pourrions juger en dehors de toute émotion médiatique. De te voir en simple chroniqueuse et pas comme la fille agressée par DSK. Oui, ça, tu le seras toujours, on le sait. Mais avec moins d’acuité au fil des mois.

En tout cas, révise bien tes fiches pour ta chronique, qu’on se dise que, finalement, cette place, tu l’as pas volée.
Bisous chez toi !
Pink Lady

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4 Comments

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    Budelberger
    17 décembre 2011 at 21:41

    « DSK a couché avec une femme de ménage? » scripsit Lucile ? jolie formulation pour qualifier un viol ; mais pas si originale, c’est exactement la ligne défendue par le Göret violeur, dans une seconde mouture de son affaire (après avoir tout d’abord nié tout en bloc, comme tout mafieux qui se respecte). Il y a collusion évidente – en attendant notoire – entre les communicants du Babouin et les mouvements auto-proclamés « féministes » ; les uns fournissant leurs victimes comme recrues aux autres. Que seraient les mouvements anti-tabac sans fumeurs ?…

  • Reply
    Budelberger
    17 décembre 2011 at 21:26

    La prestation de Tristane Banon, aujourd’hui, dans « Ça balance à Paris » : c’est ce que je craignais, appréhendais ; pire que ça, même. (J’envisageais une Tristoune intimidée, anxieuse, mal à l’aise, inquiète, mal préparée ; c’est une Tristane évoluant comme une tanche dans ses eaux favorites.) Tristoune avait la chance (d’avoir failli être violée ? non, ce n’est pas ce que je dis) de pouvoir transformer sa notoriété immense (6e personnalité en France du classement Google 2011 ! c’est pas rien) acquise depuis le 14/15 mai en une construction nouvelle ; au lieu de ça, retour à la frivolité des frivolités, chroniqueuse creuse, plate et bêtasse, parmi d’autres comiques associés (sauf Philippe Tesson, bien entendu ; et Éric Naulleau ne s’exprime pratiquement pas dans son émission : la parole est monopolisée par trois imbéciles totaux ; mais très contents d’eux). Sauf « coup de barre dans le caractère » immédiat, urgent, radical – couper avec les responsables de sa dégradation… un nom qui finit en « -asses » –, Tristoune perdue. (On n’est jamais déçu que par les gens qu’on aime. Je vais renoncer à l’aimer : résolution 2012. monDieu, donnez-moi la force d’être fort dans mes résolutions. C’est promis, je commence l’année prochaine : dernière résolution 2011.)

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    Lucile
    15 décembre 2011 at 17:08

    Moi ce que je n’aime pas, c’est le coté « je déballe ma vie sur la grande place publique, et j’en profite ».
    J’ai toujours trouvé, que c’était trop. Je veux dire c’est triste tout ça. Mais le sujet en lui meme, a grillé la place à la famine en afrique (tien y a eu un miracle? on en parle plus…)
    C’est fou quand meme, toujours un tapage politique quand il y a une crise humanitaire, que se soit un déluge de la nature, la chimie, ou la triste réalité humaine… DSK a couché avec une femme de ménage? Ne parlons plus des millions de personnes qui crèvent en arrière plan.

    C’est ça, qui me gène. Mais tes propos, je les approuves.

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    Budelberger
    6 décembre 2011 at 1:11

    « ne pas avoir pris le temps »… Le temps de quoÿ ?… C’est vous qui lui assurerez les graines, au moineau ? Lisez « Technikart » (p. 29, 30), même eux s’étonnaient que Tristoune n’ait pas plus que ça dans le « métier » (sous-entendu : les paillettes ; c’est certes plus dur que de faire des ménages, n’est-ce pas, Mme Lalanne, ex-Le Pen ?…). Elle a la chance de tomber sur un mec sympa, sincère, qui l’aime – quand on est affligé, volontairement, de la fille Mitran, on ne peut que trouver tous les autres talentueux ! –, qui comprend sa détresse, et qui, pragmatique, se dit qu’une chroniqueuse (prometteuse) de plus doit être dans les moyens de la production ; et puis, ça le changera des gloussements de la fille Mitran… (Comparez Naulleau et la fille Mitran lors de l’entretien avec Tristoune !) Tristoune s’exprime parfaitement, au point que j’en suis toujours interloqué, avec l’idée que je me fais de sa vie.

    J’ignore la situation réelle de Tristoune : j’ai lu absence de revenus, perception du RSa ; je n’ai pas vérifié. (Comment le ferais-je ?) Si c’est le cas – et même… les cumulards, ça ne manque pas sur les plateaux ! seule Tristoune serait condamnable ? –, comment ne peut-elle accepter immédiatement la proposition, après un petit appel du pied. (Tiens ! exactement comme la gaucharde Pulvar qui invitée chez Ruquier menaçait de remplacer Zemmour… Je crois qu’elle est parvenue à ses fins… Et puis c’est bon pour les quotas – quelle autre qualification a-t-elle ? – ; on ne lui demande pas de prendre du temps, à Miss Hublots ?…)

    Ce qui m’inquiète, en revanche – affectionné par Tristoune ; moi, je préfère « par contre », haï par Voltaire –, c’est que pendant le gros mois où ça se sera décidé, cette participation – limitée à un « one shot » ; plus si affinités –, Tristoune n’a pas beaucoup travaillé ; toujours en déplacements – chez Violette, à Perpignan, à Roquebrune, etc. –, ou sur les plateaux – BFM TV, Radio-Canada ( !) –, le week-end prochain encore en librairie ; je crains qu’elle ne se retrouve fort dépourvue le 17 décembre, et ne sorte que de plates généralités. Pour mon bonheur, je n’ai pas le câble.

    Alors oui, qu’elle nous lâche un peu, pendant quinze jours, pour travailler, travailler…

    J’ai beaucoup aimé son texte chez Atlantico ; j’ai eu la même réaction que vous, maChère… : Enfin UNE Zemmour ! Tout n’est donc pas désespéré, avec les femmes de notre temps. Mais je reste pessimiste, et ne vous inquiétez pas, Tristoune est en train de tourner casaque, et cavale à fond vers le camp des gouinasses ! (Des expertes pour circonvenir les âmes en détresse.)

    Au fait ! la fille Mitran… toute une existence, elle et son Arabe d’Ali ben Baddw, aux frais de la République… nommée à 12 ans par Jack « Il n’y a pas mort d’homme. » Lang professeur à l’université d’Aix : le rêve de fin de carrière de tout professeur blanchi sous le harnois… –, les médiats à sa botte à chaque déjection d’un pavé « littéraire », chroniqueuse partout où on raffole de la médiocrité crasse, ça ne vous est jamais venu de lui conseiller de « prendre le temps » ? De ne pas profiter de sa situation, laquelle chez elle n’était pas éphémère ? (On va se la farcir jusques à centenaire…)

    Allez… maintenant, je vous laisse censurer, caviarder, mon commentaire… j’ai l’habitude… c’est ainsi dans 90 % des cas… (De l’extrême-gauche à l’extrême droite, c’est dire si je ratisse large… C’est toutefois l’extrême-droite qui a craqué en dernier…)

    (Dites… c’est la mode ce mois-ci d’écrire à Tristane…)

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