Culture et confiture

Pourquoi dit-on d’une déroute que c’est la bérézina ?

Vous n’êtes pas sans savoir, chères lectrices de mon cœur, que la coupe du monde de la France fut un véritable fiasco. Certains journalistes, voulant faire les malins, ont même employé le terme de « bérézina » pour qualifier cet échec cinglant. Mais manque de pot (et surtout de culture), ils ont fait une erreur ! Mais rassurez vous, votre Jéjé adoré est toujours là pour vous aider à briller en société !

Pour vous situer correctement, la Bérézina est une rivière, affluent du Dniepr, qui coule dans l’actuelle Biélorussie. L’origine de cette expression remonte à 1812. A cette époque, l’armée française, commandée par Napoléon 1er est en Russie depuis juin avec les plus grands effectifs jamais vus en Europe : 700 000 hommes (dont seulement 300 000 Français, le reste venant des nations alliées). Après avoir remporté quelques victoires et pris Moscou (15 septembre 1812), Napoléon décide de rentrer en France, ses propositions de paix n’ayant reçu aucune réponse de la part du tsar Alexandre. L’armée française quitte Moscou le 18 octobre 1812. Napoléon décide de reprendre le même trajet qu’à l’aller, s’empêchant ainsi de trouver du ravitaillement. Harcelés par les Cosaques (cavalerie légère russe), les Français en viennent à tuer les chevaux pour s’en nourrir.

En novembre, le froid survient en avance. Le 7, lorsque ce qu’il reste de l’armée atteint Smolensk (370 km de Moscou), il fait déjà -22°. Les désertions se multiplient, mais il règne encore une certaine cohésion dans les rangs de certains corps d’armée. Le 25 novembre, l’armée atteint la Bérézina, mais tous les ponts ont été coupés par les Russes. De plus, la Bérézina, normalement gelée à cette époque de l’année, a été victime d’un dégel précoce qui lui fait charrier de grandes quantités de glaçons. Koutouzov, le commandant en chef russe veut piéger ce qu’il reste de l’armée française pour l’anéantir et faire prisonnier l’Empereur, mais les Français se battent avec opiniâtreté. Le général Corbineau découvre un gué à Studianka. Napoléon décide de faire croire aux Russes qu’il va traverser au sud alors qu’il sera plus au Nord. Les troupes du maréchal Oudinot, duc de Reggio, vont se sacrifier pour permettre la construction des ponts. Ceux-ci sont réalisables grâce au général Eblé, commandant les pontonniers, qui a refusé de brûler ses outils comme le lui a ordonné l’Empereur.

2 ponts sont ainsi construits par les hommes d’Eblé, qui n’hésite pas à payer de sa personne en se jetant dans la rivière glaciale pour construire les ponts qui vont se rompre deux fois, mais seront réparés deux fois ! L’armée parvient à traverser pendant que les Russes, comprenant leur erreur, attaquent le corps d’armée du maréchal Victor, duc de Bellune, qui se bat à 1 contre 5 mais parvient à repousser les Russes. Le 29 au matin, la pression russe se faisant trop importante, Eblé fait détruire les ponts.

Cette bataille aura coûté 14 000 hommes aux Français (dont 10 000 prisonniers), contre 18 000 hommes pour les Russes. Sur les 400 pontonniers d’Eblé, seulement 6 survivront, Eblé mourra d’épuisement à Königsberg (auj. Kaliningrad).

La bataille de la Bérézina est une victoire qui figure sur les drapeaux de 11 régiments (manière de rappeler que ce régiment s’est bien comporté durant cette bataille). Face aux 90 000 soldats russes, 40 000 soldats français sont présents. Le sacrifice d’Eblé et de ses hommes a permis de sauver l’armée, qui est littéralement passé sur le ventre des Russes. C’est un chef d’œuvre tactique de Napoléon qui a manipulé les Russes pour leur faire croire qu’il était ailleurs. Cela ne fera que retarder l’inéluctable : le 4 avril 1814, Napoléon abdique après la prise de Paris par les armées russes, autrichiennes et prussiennes.

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