Musicalement vôtre

I Wanna Be Your Dog

Non, Rihanna n’a pas le monopole du sadomasochisme exubérant ! En 1968, Iggy Pop du groupe The Stooges, clamait déjà haut et fort: « Je veux être ton chien ! » Je vous imagine déjà sous la douche vociférant comme un putois en rut, mimant la basse crasseuse et exaltante d’Asheton, le guitariste du groupe !

I wanna be your dog, c’est une introduction féroce, brouillon, bruyante, un riff de guitare saturé répété à un rythme régulier proche de la transe, la voix charismatique d’Iggy, des paroles réduites au strict minimum lourdes de sens, évoquant la soumission sexuelle du narrateur qui souhaite se retrouver face à une fille dans sa chambre et endosser le rôle humiliant d’un chien, jusqu’à en perdre son cœur… Amateurs de romantisme, passez votre chemin !

Lorsque ce morceau sort, l’iguane de la pop et son groupe sont loin de faire l’unanimité. Ils comptent quelques fans bien sûr mais leur musique leur vaut surtout d’être le sujet de moqueries et d’incompréhensions. C’est un concert des Who, où Pete Townshend avait entrepris de démolir méthodiquement sa guitare, qui leur a donné envie de faire une musique primitive, féroce, presque menaçante: « Toute la salle s’était mise dans un état vraiment primitif. J’étais terrorisé, mais j’étais fasciné. Cette musique pouvait pousser les gens à des extrêmes hyper dangereux. C’est là que j’ai compris que c’était ce que je voulais faire, coûte que coûte ».

Leur show outrageant où Iggy se fait fouetter par Asheton, se taillade avec des tessons de bouteille, exhibe sa b***, se tartine de beurre de cacahuètes et de viande à hamburger sur fond de rock sauvage, horrifient les critiques, exaltent les amateurs. Leur disque éponyme se vend pourtant très très mal, une rumeur (éhontée) prétend que la moitié de l’album aurait été écrit la nuit précédant la première session d’enregistrement. Jugez plutôt:

Psychédélique n’est-ce pas ? On n’en voit pas la fin. N’essayez pas de mettre le morceau en accéléré pour voir, j’ai déjà essayé, ça ne donne rien !

Les excès en tout genre, de drogues notamment (Quoi ? Comment ? Iggy Pop se drogue ?), mettront à mal la carrière du groupe. En 1971, David Bowie, alors à l’apogée du succès en tant que Ziggy Stardust, décide pourtant de ressusciter les Stooges. Je vous laisse deviner la suite… c’est un échec commercial. Bowie parvient tout de même à hisser Iggy au rang de figure pop mondialement connue. La preuve, vous le connaissez non ?

Malgré ces ventes désastreuses, le groupe Iggy & The Stooges est qualifié de « parrains du punk ». Leur influence sur le rock au sens large ne fait aucun doute. Un nombre incalculable de groupes ont repris leurs standards, des Sex Pistols en passant par les Red Hot Chili Peppers et les Rage Against The Machine, pour le meilleur et pour le pire… Dans son numéro de novembre 2004, le magazine américain Rolling Stones a classé I wanna be your dog à la 438ème place des 500 plus grandes chansons de tous les temps.

La légende veut que ce titre ait été repris plus de 27 000 fois. Parmi les versions les plus intéressantes, on peut citer celle de David Bowie, ami et protecteur d’Iggy Pop, en 1987. Que l’on aime ou pas le style années 1980, il faut admettre que ce morceau ne manque pas d’intérêt. Admirez au passage l’excentricité capillaire, la guitare lilliputienne et la chatoyante veste dorée de Davy (pour les intimes).

Dans la catégorie O.V.N.I., Emilie Simon, nous offre en 2003 un petit bijou de sensualité, dont l’apparente tranquillité exacerbe les sous-entendus. Vous l’avez probablement déjà entendu à la télévision dans une publicité pour une marque dont je tairais le nom.

Cette invitation à la domination, est davantage provocante que la reprise stridente et criarde, à la limite de l’audible, de Sonic Youth, dont l’interprétation sur scène me fait craindre pour la santé de mes tympans et des cervicales de la chanteuse Kim Gordon.

Pour terminer ce petit tour d’horizon, on appréciera la qualité du jeu de mot approximatif de Slayer pour I gonna be your god, dont l’obscénité des paroles frise les limites de la pornographie.

En guide de bonus tracks, je vous laisse découvrir ce spot subversif sur l’univers de la mode et les modalités de casting, pour lequel le réalisateur Georgie Greville a reçu un prix lors du festival « A Shaded View on Fashion Film ».

Le saviez-vous ?! Le thème du dessin animé Les Zinzins de l’espace a été écrit, composé et enregistré par Iggy Pop sous le titre Monster men. Le morceau original dure bien plus longtemps que le générique et nous présente chacun des cinq personnages de la série: “Poor old Stereo he ain’t sure just what he knows / Etno is intelligent he’s quite a super-head / Gorgious is a great big guy but he’s fat from too much pie / Bud is cool of course it’s true but he’s a tv fool / Candy is the sweetest one cleans and cooks and acts like mom”.

Vous l’aurez compris ce morceau représentatif du style protopunk inventif des Stooges est un monument incontournable du rock, c’est un cap, un pic, un rock, que dis-je ?!… que l’on se doit de connaître si l’on veut se vanter d’une culture musicale digne de ce nom !

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