Curiosités

Le Prince Miiaou

A la veille de sa première tête d’affiche parisienne, nous avons rencontré le Prince Miiaou, une rockeuse aux mélodies complexes et distinguées.

La théorie du millefeuille. Le millefeuille est un paradoxe à lui tout seul. Nombre de feuilles : (p + 1)n, où p est le nombre de plis de la pâte et n le nombre de fois où l’on répète l’opération. Soit 729 couches de beurre et 730 couches de pâte pour la recette standard. Un estomac normalement constitué ne pourrait résister à telle débauche si chacune de ces couches était de l’épaisseur la plus fine qu’on puisse obtenir avec un rouleau à pâtisserie. Oui mais voilà, il y a un truc : plus la pâte comporte de feuilles, plus celles-ci deviennent fines, plus le gâteau devient léger.

Il en est pareil des arrangements du Prince Miiaou, alias Maud-Elisa Mandeau. Chaque titre de notre rockeuse charentaise est constitué d’une incroyable accumulation de bandes. Et plus ces bandes s’accumulent au fil des secondes qui s’égrènent, plus la musique paraît légère. Une élégante complexité qui fait toute la patte du Prince Miiaou. Au point que les textes apparaissent presque secondaires, cédant le pas à un instrumental coloré. D’ailleurs, nombre d’entre eux abordent le thème du manque d’inspiration. Pas vraiment un hasard…

Mais au fait, pourquoi Le Prince Miiaou ? C’est un nom tiré d’un livre de contes indonésien. Son album intitulé Fill the Blank with your own emptiness (en français : remplissez les trous avec votre propre vide) est sorti en mars. Quelques jours avant son concert au Café de la Danse (le 3 juin), le Prince Miiaou a répondu à nos questions. De quoi éclaircir quelques mystères concernant une musique si singulière.

Si tu devais te présenter en quelques mots… ?

Je ferais ça très mal ! Je dirais : Je m’appelle Maud-Elisa, j’ai 26 ans. J’ai fait trois albums de rock-pop indé.

Peux-tu nous parler de tes débuts, ce qui t’a fait composer et monter sur scène ?

Mon premier groupe, ça a été avec mon grand frère quand j’avais 16 ans. C’était un groupe de métal où je chantais enfin, plutôt, je hurlais. Avant, la musique ne m’intéressait pas. Je me suis vite prise de passion pour le chant, puis pour la guitare. Ensuite, j’ai fait partie d’un groupe post rock, où je faisais chant et guitare. J’ai beaucoup appris, par mimétisme, et je m’y suis améliorée. C’est là que je suis devenue une vraie passionnée de musique. Puis j’en ai eu marre de faire des compromis. Alors du coup, j’ai commencé à faire mes premiers meccano, toute seule avec mon ordi et ma souris.

Pour la scène, ce n’est pas une idée que j’avais en tête dès le départ. C’est quand les labels m’ont dit « bon, l’album est prêt, il faut le défendre sur scène » que j’ai commencé à me poser la question.

Que voulais-tu mettre dans cet album ? Qu’est-ce qui te tenait à cœur ?

Je n’ai pas réfléchi dans ces termes. Je voulais faire quelque chose de plus concis, de plus épuré qu’auparavant. Moins me perdre en plein d’idées. Et cette fois, j’ai pensé à la scène. Faire des chansons que je puisse m’amuser à interpréter en concert. Un rock sympa à la John & Jen. Et le thème du vide et du manque d’inspiration est récurrent dans cet album aussi. D’où le titre « Fill the blank with your own emptiness ».

Tes arrangements sont très complexes. Comment les mets-tu en œuvre ?

Je ne sais pas ! Je prends un instrument au pif puis une note me vient, qui en appelle une autre. Et la suite vient en batterie, en basse… Je travaille avec des bouts d’une dizaine de secondes. Je commence toujours par créer des thèmes, dont beaucoup sont joués en lead. C’est assez dur à mettre en place. Ensuite, c’est le travail de l’ingénieur du son. Mes démos sont un vrai bazar quasiment inaudible et bien différent du produit fini. Ca m’arrive d’avoir plus de cent pistes par projet. Certaines sont triplées, quadruplées, etc.. J’ai une approche personnelle peut être un peu naïve, où j’avance à tâtons en apprenant au fur et à mesure.

Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?

Je n’ai pas vraiment choisi. D’ailleurs, j’ai toujours une chanson en français sur l’album. Ca dépend de ce qui me vient. En général, ce qui me vient en français, c’est du texte parlé triste. Pour cet album, je ne voulais pas de morceau glauque.

Quels sont les albums qui traînent sur tes étagères et qui t’ont bercé ?

Pêle mêle il y a Foals, Arcade Fire, Mogwai, Radiohead ou PJ Harvey. Dans les moins connus, il y a Xiu Xiu (ça se prononce « chouchou »), Chokebore ou Bon Iver. C’est un groupe américain qui fait de la folk. Ils voulaient s’appeler Bon Hiver mais ils ne savaient pas que hiver prenait un ‘h’.

Plutôt scène ou studio ?

Pour moi, la scène, c’est quelque chose de compliqué. Déjà, je suis autodidacte donc je ne m’y sens pas forcément à l’aise. Ensuite, je mets beaucoup de couches dans mes arrangements. Ca veut dire que sur scène, il faut gérer ça avec des loop stations et c’est juste un enfer : ça demande une rigueur extrême. Il faut dompter la machine. Je me sens en danger sur scène. Il y a encore un mois, je t’aurais dit que je détestais ça.

Notre magazine s’appelle Save My Brain. Sauver les cerveaux… Comment peut-on le faire ?

En éteignant la télé… En changeant de président… En ayant de meilleurs profs…

Quels sont tes derniers coups de cœur culturels (musique, cinéma…) ?

Je regarde assez peu de films. Récemment, j’ai vu Black Swan et j’ai trouvé ça très beau. Par contre, je lis beaucoup mais pas que du bien. En musique, je n’écoute pas beaucoup de choses. J’ai une consommation un peu monomaniaque. J’ai besoin de repères. Il faut que j’écoute cinq fois un album avant de me l’approprier. Je suis effrayée par l’inconnu et je découvre peu de choses. Mais ce que je connais, je le connais à fond.

Comment appréhendes-tu ton concert à venir le 3 mai au Café de la Danse ?

C’est ma première tête d’affiche à Paris donc j’appréhende un peu. J’ai peur que le public attende quelque chose d’extraordinaire, une pluie de confettis, un éléphant qui traverse la scène… alors que je n’ai que ma musique à offrir. En même temps, vu que je suis en tête d’affiche, je me dis que le gens sont venus pour me voir. Mais je suis timide sur scène, je parle peu. Et l’avis des gens m’importe beaucoup.

Son myspace

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1 Comment

  • Reply
    misschocoreve
    30 avril 2011 at 8:55

    j’ai justement lu un article sur elle dans un magasine et je comptais écouter !

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