Chroniques ordinaires Humeurs

Le stress

10h30, devant la nouvelle machine à café super high-tech de votre entreprise, vous payez un Latte Machiatto à Caroline de la compta. Vos petits doigts s’approchant délicatement de la bonne touche, celle-ci s’empare de votre main et vous demande « Mais qu’est ce que tu as fait à tes ongles ? ».

A ce moment là, l’idée de lui écraser le gobelet sur le front et de lui répondre que vous en aviez fait don à Action Contre la faim ne vous a pas paru saugrenue. Simplement, cette jeune femme a le pouvoir de se faire des bandes de cire dépilatoires avec le chèque que vous êtes supposée encaisser d’ici quelques jours, alors, comme n’importe quel individu de ce 21ème siècle, qui gobe les comprimés d’Euphytose comme des Smarties, vous avez invoqué le STRESS.

La sonorité du mot elle-même évoque son caractère anxiogène. Allez-y, faites vous du mal et dites STRESS à voix haute. Stress ! Stress ! Stress ! Stress ! Stress ! Toutes ces sifflantes, ça donne des frissons.

Aussi vicelard qu’un moustique qui a décidé de danser la rumba au dessus de votre tympan gauche une nuit de pleine lune, le stress s’est installé dans votre vie et a décidé de vous en faire baver.

Si vous aviez su, vous auriez pris un amant.

Et il est partout ce salopard. Le matin, son ampleur est inversement proportionnelle au temps qu’il vous est imparti pour faire tout ce que vous avez à faire avant de sauter dans le métro. Le midi, à la cantine ou au restaurant, pour peu que vous déjeuniez avec vos collègues, vous parlez boulot et des tâches à effectuer en NUR-GEN-CE dans l’après-midi au rythme des clic-clic des stylos à ressort. Le soir, dans le métro encore, vous écoutez de jeunes adolescentes en parler, du stress, à cause du bac de français tu comprends. Et là, vous vous retenez de rire, parce que vous si vous commencez, vous ferez trembler la rame et vous voyez déjà tout le Ministère de l’Intérieur débarquer armé et activer le plan vigipirate rouge tomate (Mission rime-débile-mais-chargée-de-sens: Ok) sur le champs. Puis, quand vous allumez la télé -après avoir déposé factures ou autres réjouissances postales sur le micro ondes, c’est bien des bombes, des crises et des disparitions qu’on vous propose à dîner. Et si vous vous couchez avec le dernier Harlan Coben, mettez vos moufles ou abonnez-vous à Camomille Magazine.

Consciente des moignons qui poussent de vos doigts (les moufles, ça se retire) et du fait que vous tripotez vos poils de tête dès que des dossiers s’accumulaient sur votre bureau, vous échouez un vendredi soir de la loose au rayon DEVOLOPPEMENT PERSONNEL d’un grand magasin supposé vous apporter richesse culturelle. Et vous apprenez que le sucre, l’alcool, la cigarette et le café sont mauvais pour vos nerfs.

Hmpf. Pas besoin d’être le Dalaï Lama pour savoir ça. En plus, votre vecteur de stress à vous, il s’appelle Caroline et bosse à la compta.

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