CD

Bryan Ferry – Olympia

Sale temps pour les légendes. On n’a pas vu Bowie depuis sept ans, les Beatles font l’objet de rééditions commerciales incessantes au point qu’on ne sait plus quel anniversaire tout cela célèbre, les Stones lavent leur linge sale en famille en se traitant de petites bites… Si on cherche encore, on trouve Rod Stewart, dont les reprises de standards américains pourraient lui ouvrir grand les portes de la tournée « Age tendre et têtes de bois ». Au milieu de tout ça, Bryan Ferry nous sort un nouvel album studio, intitulé Olympia.

Forcément l’actualité (ou plutôt son absence) des petits camarades de l’ancien chanteur de Roxy Music nous a fait aborder l’album avec circonspection. Il faut dire que la couverture laisse dubitatif. La lumière crue d’un projecteur nous montre une femme alanguie sur un lit. On dirait une mauvais shooting pour une pub de parfum, où le mannequin vedette sort d’un Cadillac Escalade pour se préparer à une autre activité du même nom. Bref, j’ouvre le livret et tombe sur une autre photo de la donzelle, plus raffinée, plus artistique. Et là, le cri du cœur : « Mais c’est Kate Moss ! ». En effet, la top britannique a prêté son minois à la réalisation de ce livret. L’utilité ? On en doute. On regrette simplement que la photo de couverture soit la plus vulgaire d’entre toutes. Enfin, à la dernière page du livret apparaît une photo de Bryan Ferry. L’unique photo de Bryan Ferry. Bien sûr, avec les ans, les traits se sont légèrement affaissés, les coins des yeux se sont plissés. Mais l’homme a conservé la prestance qui a fait sa célébrité.

Personnellement, l’enregistrement le plus récent que j’ai entendu de Bryan Ferry date de 2004. C’était un duo avec Jane Birkin sur l’album Rendez-Vous de la muse de Gainsbourg. La voix s’y faisait légèrement plus caverneuse que sur le célèbre More Than this de Roxy Music. Sur Olympia, le timbre de Bryan Ferry apparaît légèrement chevrotant mais garde toute sa légèreté et son velouté.

La bonne nouvelle vient des compositions. Bryan Ferry n’a plus l’âge auquel on opère les révolutions mais les titres sont bons. Très bons même. Les huit inédits et les quatre reprises d’Olympia réjouissent l’oreille avec des sonorités douces et bien ancrées dans leur époque. Alphaville, le deuxième de l’album, en est l’exemple le plus flagrant : un arrangement sophistiqué, une mélodie efficace, une interprétation tout en retenue… Quant à Shameless, il surprend par son modernisme presque électro. En fait, il ne semble pas y a voir de mauvais titre dans Olympia. Certains ont même le potentiel de devenir des tubes, si les radios veulent se donner la peine de les diffuser.

Il faut dire que Bryan Ferry a su s’entourer, rameutant pour l’occasion ses petits copains de Roxy Music, le guitariste des Pink Floyd David Gilmour, les Scissor Sisters sur le titre Heartache by Numbers et j’en passe… Toutefois, ce melting pot ne se décèle pas plus que ça à l’écoute. Olympia, c’est avant tout du Bryan Ferry. Du vrai Bryan Ferry dans la lignée de Roxy Music. A preuve, One night, interprété tout en force par Elvis, est ici repris avec la désinvolture élégante typique d’Avalon. Tout cela n’est guère révolutionnaire mais on s’en fiche ! On est ravis d’enfin entendre un artiste de légende autrement que sur le déclin.

A écouter : Alphaville, Heartache by Numbers, Shameless, No face no name no number, One night (édition de luxe)

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2 Comments

  • Reply
    toto
    19 novembre 2010 at 23:27

    pour info, les photos couvertures des albums Roxy music des années 70 représentaient presque toutes des filles plus ou moins mal maquillées et mal habillées, voire sales, dans des positions équivoques, bref esthétique putes, ç’était assez trash, sans doute Ferry a voulu rester dans la continuité. Faut dire qu’à mon avis plus la pochette était trash, plus la musique était bonne, et pour finir on a eu Avallon, pochette très propre plus rien de trash et musique commerciale et passepartout. Ferry a peut-être envie de revenir aux origines …

  • Reply
    Alix
    10 novembre 2010 at 2:21

    Bon, je sais, ce commentaire n’a pas grand chose à voir avec la musique mais je voulais juste ajouter deux trois petites infos au premier paragraphe qui est peut être le moins important de la review je suppose, mais whatever, ça fait jamais de mal de savoir plus de choses (ou pas)…

    Kate Moss a participé au livret de l’album parce qu’elle et Bryan Ferry sont apparemment amis, et la couverture (qui est particulièrement laide au niveau luminosité je suis d’accord) est sensée, tout comme le titre de l’album, être un hommage à Manet, et son célèbre tableau homonyme. ( w w w.birmania-and-co.com/images/Mo-corrige-olympia-manet.jpg )

    D’ailleurs, l’Olympia de Manet était une courtisane (ou plutôt prostituée), « muse » de déjà pas mal d’artistes à l’époque. Belle image pour la Kate ! 8D

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