Femme de légende

Marlène Dietrich

Marlène Dietrich fait partie de ces légendes universelles dont tout le monde connaît le nom et saurait reconnaître la photo ou la voix, même des décennies après sa mort. Elle a été tour à tour admirée, adulée, huée, mais jamais oubliée. Son regard est légendaire, ses films et ses chansons font partie du patrimoine culturel mondial, l’American Film Institute l’a nommée neuvième meilleure actrice de légende du cinéma. Elle a été la seule actrice d’origine allemande devenue une star aux Etats-Unis. Devenue un mythe de son vivant, elle a cependant été controversée en Allemagne pendant très longtemps.

Marlène Dietrich

Enfance et début de carrière cinématographique

Marlène Dietrich est née le 27 décembre 1901 à Berlin-Schöneberg. Son prénom, Marlène, est en fait une contraction de MARie MagdaLENE, son vrai prénom. C’est à l’âge de 11 ans qu’elle choisi ce nom de scène. C’est dans sa petite enfance que Marlène découvre un talent indiscutable pour la musique et le chant, mais suite à un accident, elle doit arrêter le violon. Marlène poursuit ses études à Weimar jusqu’en 1921. Elle se marie le 17 mai 1923 avec Rudolf Sieber avec lequel elle aura une fille, qui restera son seul enfant, Maria Elisabeth Sieber, née le 13 décembre 1924.

Elle fera ses premiers pas au théâtre auprès de Max Reinhardt en 1921, après la fin de ses études. Elle joue ses premiers rôles au Grosses Schauspielhaus et au Kurfürstendamm de Berlin. C’est également à cette époque qu’elle obtient ses premiers rôles au cinéma, comme celui dans la Tragédie de l’Amour de Joe May. Elle tourne son premier rôle important dans L’Enigme, c’est là qu’elle sera remarquée par Josef von Sternberg, qui la prendra comme muse et participera au mythe Marlène Dietrich. Josef von Sternberg (photo ci-dessous) permettra le grand bond dans la carrière de Marlène en la recommandant à la Paramount.

Le rôle qui la rend vraiment célèbre est celui dans le film L’Ange Bleu (Der Blaue Engel) de Josef von Sternberg, premier film allemand parlant et notamment la chanson Ich bin von Kopf bis Fus sauf Liebe eingestellt.

Ich bin von Kopf… : vidéo Youtube

Elle tourne ensuite Morocco (Marokko) aux côtés de Gary Cooper, film qui lui apportera une nomination aux Oscars. La presse dit d’elle qu’elle est la « nouvelle déesse » de l’Amérique, Ernest Hemingway disait que même si elle n’avait qu’une voix, celle-ci suffirait à briser les cœurs. Elle devient également une figure de l’émancipation féminine des années 30 avec ses costumes pour homme qu’elle portait. Elle est également connue pour avoir eu de nombreuses histoires d’amour avec autant d’hommes que de femmes. Cependant, sa personnalité scénique était bien différente de sa personnalité privée. La Marlène Dietrich de la scène ne mangeait pendant des jours que du concombre pour rester mince, il existe également la légende (mais en est-ce bien une ?) qu’elle se serait fait retirer des molaires pour que ses joues aient cet air creux si célèbre. La Marlene privée s’occupait de ses amis malades et disait d’elle-même qu’elle était « la reine de l’Ajax ».

Nazisme

Marlène Dietrich est également connue pour avoir été une fervente opposante du régime nazie lors de l’accession au pouvoir d’Hitler en Allemagne. Elle reste proche de Josef von Sternberg qui était juif. Ses relations avec le régime nazi deviennent de plus en plus tendues, c’est alors qu’elle décide de se faire naturaliser américaine le 6 mars 1937. Goebbels lui demande plusieurs fois de rentrer au pays, mais elle refuse catégoriquement d’obéir à « cet affreux nain ». Elle montrera son soutien aux Alliés en chantant pour les troupes américaines et britanniques stationnées au Royaume-Uni, puis elle les suit en France pendant la campagne de libération. Elle a d’ailleurs failli mourir d’une pneumonie à l’époque et a subi comme les soldats l’épreuve des poux. Elle retrouve Jean Gabin (photo ci-dessous) à Paris, son amant de l’époque, qui participe à la campagne en tant que chef de char au 2ème escadron du régiment blindé de fusiliers marins. Elle reçoit en 1947 la plus haute récompense pour les civils de l’armée américaine. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle n’est pas rentrée au pays tout de suite après la guerre, elle répond : « Die Fremde ist nicht Heimat geworden, aber die Heimat Fremde. » (« L’étranger n’est pas devenu patrie, mais la patrie est devenue étrangère »).

Au lendemain de la guerre, sa carrière est au plus bas, elle n’apparaît plus que dans des films mineurs, mais une apparition remarquée à un gala lui permettra de rebondir et de monter son propre spectacle de cabaret à Las Vegas. Elle continuera alors sa carrière internationale dans la chanson avec des chansons mythiques : Sag mir, wo die Blumen sind, sera une chanson de dénonciation de la guerre froide. Elle enregistre plusieurs disques : Dietrich in Rio en 1959, Wiedersehen mit Marlene en 1960 et Marlene Dietrich in London en 1964. Elle connaît un grand succès à Broadway. En Australie en 1975, elle fait une chute dans une fosse d’orchestre. Après cet accident, elle arrête sa carrière et vivra loin de tout à Paris jusqu’à sa mort le 6 mai 1992. Elle a été enterrée selon ses vœux au cimetière de Berlin-Schöneberg, aux côtés de sa mère.

Retour au pays

En 1960, soit 30 ans après son dernier concert, elle retournera sur scène en Allemagne, mais le peuple lui donnera un accueil plutôt mitigé. Ses salles de concert ne sont plus pleines et elle dit plus tard qu’elle avait eu peur que quelqu’un puisse poser une bombe. Une partie de la presse était toujours de son côté : « Un chef d’œuvre fait de voix et de lumière, habits et corps, perles et fourrure. » Elle est plusieurs fois agressée avec des œufs pourris lancés sur sa voiture et des affiches dans les rues qui disent « Marlene go home ». Elle est également agressée à Wiesbaden, insultée par la presse qui la traite de déserteur, elle annonce alors à la presse qu’elle ne reviendra plus dans son pays et que désormais, elle « et les Allemands ne parlent plus la même langue ». Berlin lui fait des excuses posthumes et lui dédie la place Marlene Dietrich dans le quartier de la Potsdamer Platz, près du Musée du Film. Aujourd’hui elle est pour tous un mythe, une légende, une figure incontournable de la scène allemande, mais à l’époque beaucoup disaient d’elle qu’elle n’était qu’une traitresse. Elle aurait voulu rentrer en Allemagne avant sa mort, mais elle ne voulait pas qu’on puisse la voir « vieille, laide et en fauteuil roulant », c’est pourquoi elle ne revint à Berlin qu’après sa mort.

Sa fille, Marie Elisabeth Sieber, aujourd’hui Marie Elisabeth Riva (photo ci-dessous), a écrit une biographie très remarquée sur sa mère l’année de sa mort, en 1992 : Meine Mutter Marlene (Ma mère Marlène).

 

Bibliographie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marl%C3%A8ne_Dietrich

Guido Knopp, Peter Arens, Unsere Besten : Die 100 grössten Deutschen. Econ Verlag, München, 2003.

http://www.marlenedietrich-filme.de/html/deutschland-konzert.html

Crédits Photos

http://ednapurviance.blogspot.com/2008/04/josef-von-sternberg-at-il-cinema.html

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