Expositions

La Confusion des Sens à l’Espace Vuitton

Chaque entrée à l’Espace Vuitton se fait par le fameux ascenseur obscur d’Olafur Eliasson, qui vous plonge dans le noir pour mieux déconnecter vos sens de la réalité et vous préparer au voyage qui vous attend tout en haut. Il n’a jamais aussi bien trouvé sa place que dans cette exposition intitulée La Confusion des Sens.

Contrairement aux expositions précédentes, qui avaient pour thème le voyage physique (ancré dans la tradition du malletier), La Confusion des Sens joue sur le voyage intérieur, par la perte de repère due à brouillage des sens.

Collant parfaitement au thème, Ecriture Nocturne, de Renaud Aguste-Dormeuil est sans doute la plus déroutante. A première vue, cette salle blanche violemment éclairée rappelle les photos d’Yves Klein au musée de Krefeld. En fait, la perte des sens créée par l’aveuglement des néons est là pour mieux rendre invisible les légers reliefs des murs blancs, qui sont autant d’inscriptions en braille, évoquant le nom d’opérations militaires. Cette salle éclairée et chaleureuse vue de l’extérieur se transforme donc en symbole de violence lorsqu’on en franchit le seuil.

La Traumathèque de Berdaguer & Pejus explore la perte des sens en tant qu’objet de manipulation. Le principe est de s’asseoir dans un fauteuil bulle, de se coiffer d’un casque qui distille les paroles d’un hypnotiseur et « d’enregistrer » sur une cassette vidéo un traumatisme ancré au plus profond de son être pour s’en délester. A condition d’y croire, bien entendu ! En effet, aucun lien ne relie le spectateur/acteur au magnétoscope. Et pourtant, la neige qui apparaît sur l’écran laisse de temps à autres apparaître une image subliminale pour lui faire croire qu’il agit réellement. Métaphore de l’effet placebo, des medias qui diffusent avec justesse l’information de manière à la laisser interpréter dans un sens donné…

Laurent Grasso est aussi de la partie. Cinq tableaux exposent des phénomènes naturels mathématiquement probables mais jamais vérifiés en réalité (comme une éclipse de soleil à son coucher, par exemple). Ceux-ci sont peints d’une manière très académique, par un expert travaillant pour le musée du Louvre, de manière à les faire croire ancien. Ceux-ci représentent les fameux événements impossibles déjà vus dans une vidéo de Laurent Grasso. L’artiste n’apparaît donc ici que comme chef d’orchestre autour d’une idée qu’il a conçue.

On retrouve également dans cette exposition la fameuse rotonde, cette fois enfumée d’un brouillard artificiel épais, une peinture orange avec laquelle il faut interagir, une projection du ciel sur le sol… Le tout dans une mise en scène qui me rappelle un peu la Cité de l’architecture investie par Martin Margiela. La Confusion des Sens est visible jusqu’au 10 janvier 2010 à l’espace Louis Vuitton (entrée par la rue de Bassano).

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