Musique

Le Prince Miiaou – Safety First

Au masculin et avec deux « i », c’est important, c’est elle qui le dit. Le Prince Miiaou donc, s’appelle en réalité Maud-Élisa Mandeau et est bien une demoiselle. Française, elle chante aussi bien en anglais qu’en français.

Pourquoi « Le Prince Miiaou » ?, parce qu’il fallait un nom de scène, par ce que les filles qui utilisent leur prénom font de la folk, parce qu’elle l’a lu dans la table des matières d’un livre de conte. Elle a juste ajouté un « i » et s’est attribuée la masculinité de ce nom de scène. Peut-être une protection, un masque pour s’immerger dans ce monde trop masculin, le rock, le vrai, sans concession.

Avant Le Prince Miiaou, Maud-Élisa a fait partie d’un groupe de post-rock, pendant quatre ans. Quatre années plus ou moins difficiles où elle a appris qu’elle préfère travailler seule, que ses idées ne verront pas le jour si elle ne les exploite pas elle-même. On est donc en 2006 quand ce bouillonnement d’idées prend forme, celle d’un dossier numérique nommé « le prince miiaou » et d’un sous dossier « nécessité microscopique ! ». Ce dernier se remplit rapidement de textes, compositions, chansons. Et finira par donner un premier album audacieux.

Sa culture musicale et ses influences ne sont pas une liste sans fin de noms qu’il faut citer parce que ça fait bien dans une bio et que c’est ce qu’on attend d’elle. Non, seule une poignée d’artistes qui la touchent profondément a l’honneur d’y figurer.

Mogwai, Higelin, PJ Harvey, Xiu Xiu, Arcade Fire, Animal Collective, The Cinematic Orchestra, Encre, Radiohead et Chokebore.

Intense, décalé, une véritable identité de composition et d’écriture. Ce sont les points communs de ses influences, et aussi une bonne description du Prince Miiaou.

Comme pour son premier album, Safety First est entièrement l’œuvre de Maud-Élisa, chaque mot, chaque note est l’expression de ses émotions. Et à l’image de ses émotions, brutes, difficiles, fortes, bonnes, mauvaises, assumées, intenses.

On sent que Maud-Élisa aime composer, elle cherche la note, elle expérimente les sons et trouve une cohésion, presque étonnante, qui donne l’impression que les morceaux ont été créés en une fois, expulsés de sa tête pour ne plus être retouchés.

Le disque s’ouvre sur Our Tale, en anglais comme la majorité des textes, la musique est enjouée et le texte déclamé, on ressent tout de suite l’urgence dans la composition. Suivi par Football Team, traumatisme de l’enfance qui expliquerait le masculin dans son nom de scène ?

Un leitmotiv en français rythme le texte anglais de Hawaiian Tree, expression de la folie complexe d’une jeune femme qui recherche sa place. Et elle n’a pas finit de se poser des questions (Could You Please Die?). Mais jusque là elle protège ses mots avec l’anglais, elle met une distance. Cette barrière tombe avec la 7ème piste, No Compassion Available un texte bouleversant qui apporte une nouvelle dimension à l’univers complexe de ce Prince Miiaou. Elle crie (He Said « No »), écrit, efface (Everything Must Be Erased) et termine de manière osée son album par Blabla « non, ce ne sont pas des mots bout-à-bout » et il fallait les dire.

Peut-être difficile d’accès, pourtant une fois embarqué le voyage est extraordinaire. Safety First recherche tout sauf la sécurité et nous désarçonne à chaque instant. Un album impensable en passe de devenir indispensable.

Football Team :

Hawaiian Tree :

Maud-Élisa réalise ses clips, ainsi que des autoportraits (dont la pochette de l’album) visibles sur sa page MySpace : http://www.myspace.com/leprincemiiaou

Portrait par Agathe Philbé : http://www.agathephilbe.com/

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