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Amélie

Amélie est une chanteuse atypique dans le paysage musical français, déjà elle n’est pas une simple chanteuse mais une véritable artiste. De plus Amélie trouve son inspiration dans l’imagination de son enfance qu’elle a su préserver, et dans la musique rock et folk anglo-saxonne. Loin des stéréotypes du genre, Amélie nous propose une musique folk décomplexée qui j’en suis sûr va vous transporter et vous émerveiller.
A l’occasion de la sortie de son deuxième album (Dina Dinah), votre magazine préféré s’est fait un plaisir d’interviewer cette artiste unique et touchante…

I) Présentation

– Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Hello! Je m’appelle Amélie, petite ambassadrice folk abritée sur un label indé au pays des grosses majors.

– La musique, tu es tombée dedans quand tu étais petite ?

Et bien, non. A vrai dire, petite, mes parents me bassinaient avec du classique et les Pink Floyd. Réaction épidermique, j’ai mis beaucoup de temps avant d’apprécier de nouveau ces disques… Mais dès l’adolescence, je sentais une énergie lorsque je sortais en concert, je ressentais des choses à l’écoute de disques, qui me prenaient vraiment aux tripes. Je me suis donc lancée dans des études de communication culturelle, qui m’ont menée jusqu’à Bordeaux. Là, j’ai rendu service à un ami (Kim, qui officie avec brio sur le label Vicious Circle) en organisant la communication de son concert. Il a voulu me renvoyer l’ascenseur, et m’a donné en échange quelques cours de guitare. Tout est parti de là, on était en août 2005. Premier concert en octobre 2005, premier enregistrement dans un coin d’appart en décembre pour un maxi (From the burning tree to the monster mountain), maxi tombé entre les mains d’un label en mars 2006, qui m’a signé dans la foulée. Premier album sorti en juillet 2007, « The real nature of the fantastic ice cream car« , et me voilà, mai 2009, avec « Dina Dinah« .

Sweet Protection :

– Comment décrirais-tu ta musique ?

Ma musique est constituée de comptines menaçantes ou des textes doux-amer, peuplés d’animaux et d’êtres uniques, posés sur des mélodies assez simplistes où s’entremêlent quantités de petits instruments, comme s’ils tissaient une toile autour de ces mots. Mais; s’il vous faut une étiquette plus terre-à-terre, parlons alors de pop-folk.

– Quels sont les instruments dont tu joues ?

Je joue de la guitare, de l’autoharpe et du ukulélé. Et puis, les aventures de studio te font toujours toucher à des instruments que tu ne maitrises pas forcement, mais l’accident est parfois joli! C’est comme ça que je me suis retrouvée devant un piano sur le premier disque, ou avec un balafon pour Dina Dinah!

II) La discographie

– Ton premier album s’intitule « The real nature of the fantastique ice cream car », peux-tu nous expliquer pourquoi ce nom ?

Quant j’écris les paroles de mes morceaux, je parle en général d’évènements qui me touchent, ou de films ou de livres qui m’ont évoqués des images, ou des situations qui me marquent. Mais je fais passer tout ça à travers un filtre qui les transforme, un peu comme quand tu fais passer de la lumière à travers un prisme, et que derrière un arc en ciel apparait. C’est un peu l’idée que j’ai voulu évoquer à travers ce titre: voir ce qu’il y a derrière la façade, que ça soit plus sombre ou plus lumineux. Quand on est petit, on s’imagine que la vie d’un marchand de glaces est toute simple et joyeuse, dans son camion. Et ça n’est pas forcement le cas… c’est le Coté Obscur de la Force, en quelque sorte. Tu m’as suivie ?

– On a beaucoup comparé ta musique avec celle de Joanna Newson ou des Cocorosie, quelles sont tes autres influences / inspirations ?

Joanna Newsom et Cocorosie étaient évidemment des références, qu’on ressentait beaucoup sur le premier disque. Cat Power et Shannon Wright aussi. Sur le second, je me suis nourrie de choses plus corsées, de lives plus énervés. Si sur le premier disque, c’était des disques qui m’avaient guidés, cette fois j’avais surtout en mémoire des émotions ressenties en concert. Les chœurs des French Cowboy. La complémentarité et la puissance de Battles. La folie de Why. L’émotion à fleur de peau de Scout Niblett. Finalement c’était davantage des images et des réactions physiques qui m’ont marquées pour ce deuxième disque, que des émotions auditives suite à la découverte de disques.

Someday we’ll turn to dust :

– Ta musique regorge d’univers fantastiques, comment as-tu réussi à grandir tout en conservant cette imagination caractéristique de l’enfance ?

Alors là, bonne question… je crois que le secret est de toujours chercher à s’amuser. A percevoir l’inattendu, à chercher le ludique dans toute situation. A oser laisser s’exprimer la petite voix un peu barge au fond de la tête. Et puis, je reste très sensible à des émotions enfantines, j’aime les films d’animation, j’aime la BD, je me laisse émouvoir par des situations toutes simples, un peu en quête d’émerveillement perpétuel.

– Question inévitable, pourquoi l’anglais ? N’as-tu pas envie d’écrire/chanter en français ?

Si tu relis les références citées précédemment, il n’y a que des artistes anglophones… je ne suis pas très sensible à la musique en français, très peu d’artistes me touchent, très peu de morceaux me parlent. Alors spontanément, en écrivant des morceaux pour moi, sans m’attendre à plaire à un label ou à un public, j’ai écrit des morceaux en anglais. Et il se trouve que ça a marché ainsi… J’admire les artistes qui savent se débattre avec le français, ce n’est pas une langue facile à manipuler, à faire sonner. Dominique A est un de très rares à vraiment me plaire, à savoir utiliser les mots, à jongler avec eux pour qu’ils soient bien sentis, bien dosés.

– Tu as reçu le prix ADAMI Bruno Coquatrix pour ton premier album, quel effet cela fait ?

Alors ça, une surprise incroyable. Quand Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides et président du jury, m’a téléphoné, j’ai cru que c’était pour m’annoncer que j’avais perdu!! Tant je ne m’attendais pas à recevoir telle récompense. J’étais la seule à chanter en anglais dans la sélection, pour un prix récompensant la jeune chanson française… Je pensais être la caution anglophone de la sélection, avec l’émergence de groupes comme Cocoon, Moriarty, The Do… ça a été un beau moment lors de la remise du prix, lorsque j’ai rencontré Mme Coquatrix. Elle était si touchante, semblait si sincère, elle m’a pris dans ses bras en me disant « c’est compliqué de me plaire, je suis la plus difficile de tout Paris, et vous, vous avez réussi. Vous êtes parfaite! ». Je n’en revenais vraiment pas. La récompense de ces professionnels étaient aussi très importante pour moi, jusque là le parcours avait paru plutôt facile, je mettais beaucoup ça sur le dos de la chance. Et leur approbation me fait dire maintenant que la chance n’est peut être pas la seule à voir son mot à dire!

– Un second album, c’est à la fois important et difficile, comment as-tu abordé le tien, y avait-il quelque chose de particulier que tu tenais à y mettre, un message à faire passer ?

En effet, le deuxième disque n’est pas un cap facile à passer. Mais je savais ce que j’attendais du mien. Je voulais être plus présente dans la production que je ne l’avais été sur le premier disque. Je souhaitais aussi que les instruments soient plus complémentaires les uns des autres: sur le premier, la guitare était l’instrument principal, et beaucoup d’arrangements venaient autour. Là, tous s’entremêlent. Et puis, je voulais rester maître de mon bateau. Alors le mot d’ordre était « liberté »: une indépendance d’esprit, faire confiance à son instinct, et assumer des choix musicaux personnels. Tout cela se reflète dans les textes, mais aussi dans les arrangements, certains morceaux deviennent de petites épopées, je pense notamment à Sweet Protection ou Big Wolf. Se laisser guider par l’instinct, par l’inspiration du moment. C’est ainsi qu’est apparu Kids en cours d’enregistrement, ou que Horses prend cette forme définitive avec clavier basse et balafon, alors qu’il était composé à la guitare.

Kids :

– Tu utilises beaucoup d’instruments originaux (autoharpe, mellotron…), viennent-ils naturellement, ou cela fait-il partie d’une recherche pour trouver le bon son ?

Tout cela participe à une perpétuelle recherche sonore. En studio, la maison est devenue un laboratoire sonore avec des instruments partout, parfois très bizarres, bricolés ou improbables, et des micros partout pour pouvoir enregistrer dès qu’une idée nous vient. C’est ainsi que l’ingé son Miguel Constantino a mis la main sur un mellotron, sur un balafon, j’avais pour ma part quelques instruments balinais et mon autoharpe… C’est de la rencontre avec ces instruments un peu hors du commun que naissent des mélodies: c’est l’instinct qui parle, qui guide les doigts naturellement sur l’instrument. et qui provoque de jolis accidents, de belles découvertes, des surprises sonores, qui nourrissent le disque.

– Le titre de ton nouvel album Dina Dinah, vient du Livre de Dina (Herbjorg Wassmo) et de la petite chatte d’Alice dans Alice au pays des merveilles. Il y aurait beaucoup à dire, comment ces deux personnages sont-ils entré dans ton monde ?

Alice était déjà là depuis longtemps. C’est à elle que fait référence l’artwork du premier disque, avec le labyrinthe végétal. Son parcours initiatique où elle évolue entre panique et émerveillement, allant de rencontres improbables en situations surprenantes, me plait beaucoup. Donc je souhaitais la garder encore avec moi sur ce nouveau disque. Et puis, pendant l’écriture de ce disque, j’ai lu le livre de Dina, effectivement. Et ce livre m’a bouleversé. L’histoire de Dina est celle d’une femme du XIXème, en Norvège, qui va hériter d’un domaine et qui va devoir gérer tout son petit monde. Une Dina à la fois libre et sauvage, intelligente mais incontrôlable comme un animal et inquiétante. Et ce livre faisait parfaitement écho à cette envie de liberté que j’avais pour ce disque. Alors le titre s’est doucement imposé à moi: Dina pour le livre de Dina, et Dinah pour le chat d’Alice au pays des merveilles.

– La sortie de ton nouvel album approche (25 mai), comment te sens-tu ?

A l’heure actuelle, une sortie de disques est surtout très symbolique: le disque n’est plus qu’un argument pour une tournée, une façon de découvrir un artiste qui passe bien après myspace, youtube, les blogs et les lives… alors même si cette date du 25 mai est officiellement celle à partir de laquelle Dina Dinah ne m’appartient plus, et qu’il doit se débrouiller seul désormais, cette date est surtout importante pour le live qu’on donne le soir même à l’Aéronef de Lille, pour le premier concert avec mon tout nouveau groupe. Il marque le début d’une nouvelle aventure sonore sur scène.

III) La scène

– La première fois que tu es montée sur scène, qu’as-tu ressenti ?

C’était dans un tout petit lieu, le bokal à Bordeaux, qui est fermé depuis je crois… c’était lors d’une soirée littéraire, j’ai fait deux morceaux ! Ça doit paraitre un peu étrange vu (lu) de l’extérieur, mais je ressentais l’urgence et le besoin de dire ces textes, de chanter ces morceaux, et aussi une forme d’évidence, comme si c’était la seule et unique façon à ma disposition pour réussir à me libérer de certaines choses donc ces textes étaient porteurs.

– Quel est ton meilleur souvenir de concert ?

Ohlala, difficile de choisir… Peut être qu’une ville m’a marquée plus qu’une autre: Rennes. Les lives là bas ont toujours reçu un formidable accueil, que ça soit au festival Mythos ou lors des Bars en Trans, ou au Sablier. Et puis, j’ai une pensée toute particulière aussi pour la ville de Niort, où j’ai rencontré là bas des gens incroyablement généreux, accueillants, attentifs, curieux, motivés, qui m’ont déjà accueillie 4 fois !! Des rencontres rares et fortes.

– Comment se passe la scène maintenant, es-tu seule ou accompagnée d’un groupe ?

Sur scène maintenant, 2 musiciens m’accompagnent: le guitariste Philippe Eveno et le batteur Eric Pifeteau, qui ont accompagné Katerine sur scène, Les Vedettes, plus récemment Arielle Dombasle, et Eric est également le batteur des French Cowboy et des ex-Little Rabbits.

Horses :

IV) SMB

– Notre magazine s’appelle Save My Brain, peux-tu nous donner ta sélection culturelle (disques, films, livres et autres coups de cœur) pour sauver nos cerveaux ?

Alors… je suis accro aux séries TV! Et je ne peux que vous recommander fortement la série Skins, l’histoire d’ado anglais des classes moyennes, qui découvrent le sexe, la drogue, les relations sociales, les jeux de pouvoir, etc… (mais je suis sure de vous filer ce bon plan un peu trop tard, tout le monde est déjà au courant!) Dernière bonne claque scénique avec Anathallo, combo américain entre folk et rock, aux prestations live ébouriffantes , et comble du chic, ils adorent les petits instruments bizarres et les chœurs angéliques. Ma came en quelque sorte. (www.myspace.com/anathallo). Enfin, dernier choix avec une BD parue chez l’éditeur WARUM : Dérapage Comix, des auteurs Dampremy Jack et Marshall Joe. C’est sombre, c’est méchant, c’est absurde, et c’est même parfois stupide, et moi ça me fait beaucoup rire!

N’hésitez pas à aller la voir en concert si elle passe près de chez vous et surtout jetez-vous sur cet album album qui fait partie des disques les plus intéressants de ce premier semestre 2009.

Son site : http://www.fantasticicecreamcar.com/
Son MySpace : http://www.myspace.com/ameleia

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